Affaire de confiance… de Fr Benoît-Marie Simon.

Confiance en Jésus  Bon Pasteur – Artiste contemporain inconnu

La confiance de la brebi égarée.

Jn 10, 11-18

  « je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. »

 

Homélie dominicale de Fr Benoît-Marie Simon:

Version phonique:

Version écrite:

    Affaire de confiance…

    Nous sommes tellement habitués à cette image du Bon Pasteur, qu’elle nous semble aller de soi. Et pourtant, si on nous poussait dans nos retranchements, nous découvririons peut-être que, finalement, cette comparaison ne nous plaît pas tant que cela !

    Que quelqu’un prenne soin de nous, c’est plutôt agréable ! Être comme la brebis qui suit aveuglément celui qui la guide, c’est tout autre chose !

    Franchement, frères et sœurs, qui d’entre nous vit dans une telle dépendance vis-à-vis du Christ ? Regardez ce qui se passe dès qu’il s’agit d’obéir à un de ses commandements qui nous dérange : on discute !

    Autre difficulté : comment suivre quelqu’un qu’on ne voit pas ?

    Vous voyez bien qu’il faut creuser davantage.

Et, pour commencer, il faut prendre conscience que tout ceci n’a aucun sens tant qu’on ne se met pas dans la perspective de la vie éternelle. En effet, dans les affaires humaines, on n’est pas comme des brebis complètement perdues. Tout au plus, on peut avoir besoin d’un coup de main.

    Par contre, lorsqu’il s’agit du royaume qui n’est pas de ce monde, alors là, oui, nous sommes totalement dépassés. De sorte que, bien malin celui qui pourrait répondre à la question du jeune homme dans l’Évangile . « Maître Bon, que dois-je faire, pour avoir la vie éternelle ? »

    En vérité, comme l’explique la suite du texte, il n’y a qu’une solution.  Suivre le Christ, sans condition et sans savoir exactement où l’on va. Bref, en Lui faisant totalement confiance. Avec cette précision que, dans l’évangile en question, tout cela est terriblement concret puisque Jésus était présent en chair et en os. Et c’est bien ce qui a arrêté ce jeune homme.

    Frères et sœurs, on n’a jamais vu quelqu’un devenir subitement capable d’accomplir des choses difficiles, sans avoir reçu, au préalable, toute une formation.  Souvent très longue… Comment, dans ces conditions, s’imaginer que nous pourrions entrer dans la vie éternelle sans coup férir ! Rappelez-vous l’exclamation des apôtres : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Et le Christ ne les a pas rassurés à bon compte ! Il leur a promis qu’avec son aide cela est possible. A condition, justement, que nous Le suivions, comme les brebis suivent leur pasteur.

    Admettons ! Mais comment faire puisque, le Christ étant invisible, nous ne sommes plus tout à fait dans la situation du jeune homme de l’évangile ?

    La question est difficile ! Mais, une chose est sûre, on ne la résoudra pas en se contentant de nous rappeler que le Christ est présent dans son Église. Tout particulièrement à travers les apôtres et leurs successeurs. C’est incontestable, mais cela ne veut certainement pas dire qu’ils Le remplacent, pas même pour un temps seulement.

    D’abord le Christ n’est pas le premier des Pasteurs, Il est le seul Pasteur véritable. Bref, les évêques ne succèdent pas au Christ, comme un pape à un autre pape, ou comme un vicaire remplace son supérieur le temps de son absence !

    La preuve, le Christ parle personnellement à ses brebis, puisque, nous dit l’évangile, c’est à cela qu’elles le reconnaissent. Or, cette voix on ne peut la confondre avec aucune autre. Et puis, surtout, elle crée, entre le Christ et celui qui l’écoute, l’intimité qu’a connue Marie Madeleine.

    On objectera, de nouveau, que tout ceci est très beau, mais qu’il ne faut pas rêver et oublier que les rencontres avec le Christ, racontées dans l’évangile, appartiennent au passé. Puisqu’Il ne vit plus au milieu de nous comme au temps des apôtres !

    Sauf que, le Christ est ressuscité ! Non pas, bien sûr, comme Lazare, en reprenant le cours normal de son existence antérieure. En même temps, il n’est pas non plus dans la situation des âmes séparées avec lesquelles, actuellement, nous n’avons plus aucun contact.  En vérité, le Christ est toujours présent à ceux qui cherchent, d’abord et avant tout, le Royaume des Cieux et sa justice. D’où ces paroles de saint Paul . « si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant ce n’est plus ainsi que nous le connaissons » (2 Co 5, 16).

    Voilà pourquoi, si, à la suite des disciples d’Emmaüs, nous reconnaissons le Christ avec yeux de la foi, il sera, pour nous, le Bon Pasteur qui nous conduit à la source de la vraie vie.

    Tout ceci pour dire que le Christ n’a pas abandonné sa charge de pasteur aux apôtres et à leurs successeurs, comme on le fait lorsqu’on démissionne ou qu’on s’absente. Il se sert d’eux comme d’intermédiaires pour entrer en contact avec chacun d’entre nous. Bref, les pasteurs visibles ne sont que des ministres, appelés à s’effacer pour laisser la place à Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie.

    En attendant, ils doivent transmettre fidèlement la parole que le Christ a confiée à son Église. Faute de quoi, les brebis ne pourront pas entendre la voix du Seigneur, la reconnaître, et entrer en communion avec Lui.

    Vous ne serez pas surpris, par conséquent, de lire, dans le dialogue de sainte Catherine de Sienne, ces lignes :

    Chaque homme a la lumière nécessaire pour connaître la vérité.

    « …ceux qui m’écoutent (…) pourraient dire : Avec ce corps du Christ il a bien été établi un pont par l’union de la nature divine avec la nature humaine ; nous le voyons, et c’est bien vrai. Mais ce pont nous a été enlevé, en remontant au ciel. Il était bien une voie, il nous enseignait la vérité par son exemple et par ses œuvres : mais désormais que nous reste-t-il ? Où trouver la voie ? Je te le dis, ou plutôt, je le dirai pour tous ceux qui sont tombés dans cette ignorance. La Voie, c’est sa doctrine elle-même, attestée par les Apôtres, affirmée dans le sang des martyrs, éclairée par la lumière des Docteurs, professée par les Confesseurs, et écrite avec amour par les Évangélistes.

    Tous concordent en un même témoignage pour confesser la Vérité dans le corps mystique de la sainte Église. Ils sont comme le flambeau placé sur le chandelier pour montrer la voie de la vérité qui mène à la vie dans la lumière parfaite, comme je t’ai dit.  Aussi peuvent-ils t’assurer, pour l’avoir éprouvé en eux-mêmes, que chaque homme a la lumière nécessaire pour connaître la vérité, s’il le veut bien. C’est-à-dire s’il ne veut pas éteindre la lumière de la raison, par un amour égoïste et désordonné. Oui, telle est bien la vérité ! Sa doctrine est vraie. Elle vous demeure comme une nacelle, pour transporter l’âme au-delà de la mer orageuse et la conduire au port du salut. » (c. 29).

Fr Benoît-Marie Simon op.

Lien vers la décoration florale du jour: Un seul berger…