Annonciation à Joseph, de Fr Rémy Bergeret.

Le songe de Joseph – Georges de la Tour

Le songe de Joseph

Mt 1, 18-24
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit:
il prit chez lui son épouse.
Prédication de Fr Rémy Bergeret :

Version phonique :

Version écrite :

L’Annonciation à… Joseph
            Une fois n’est pas coutume, il nous est donné d’entendre, cette année pour le 4ème dimanche d’avent consacré traditionnellement à la Vierge Marie, le récit de l’Annonciation à… Joseph !
Qu’est-ce à dire ? Vous le savez, la place de Joseph dans les Évangiles est encore plus discrète que celle de Marie. Et pourtant, son rôle, sa mission sont bel et bien nécessaires, voire incontournables.
           Dans la tradition juive en effet, c’est le père qui donne son nom à l’enfant : ce sera Jésus et non Emmanuel, ‘le Seigneur sauve’ l’emporte sur ‘Dieu avec nous’, ce qu’Il fait pour nous sur ce qu’Il est.
           Ensuite, Joseph est le père nourricier qui va veiller sur les besoins de cet enfant ; il devient le ‘gardien du Rédempteur’ pour reprendre l’expression et les termes de la Lettre de Jean Paul II à son sujet. Joseph va enfin lui apprendre un métier, l’accompagner dans sa croissance humaine.
            Il fallait, il convenait donc que Joseph soit informé, ‘briefé’ sur tout cela pour accomplir sa mission en toute connaissance de cause. Cette annonciation à Joseph est le signe, le témoin de l’infinie prévenance de Dieu à son égard. De même que Dieu ne pouvait se passer du Oui, du fiat de Marie pour s’incarner en son Fils, le Verbe fait chair, de même Dieu ne pouvait se passer de la coopération de Joseph. On pourrait évoquer aussi un argument de type social, culturel : il aurait été impensable que Marie demeure seule, dans un statut de mère célibataire, dans la société de l’époque ; en clair, les deux annonciations s’harmonisent et se complètent parfaitement dans une unique manifestation de la miséricorde de Dieu envers l’humanité entière qui lui doit son salut.
            De cet épisode, de cet événement, nous retiendrons un trait de la personnalité de Joseph, celui d’un homme juste. Dans l’accueil qu’il fit de son épouse, il accomplit toute justice, il fait la volonté de Dieu. La vertu de justice suppose un équilibre et une grande force. Car face au projet de Dieu immense, énorme, Joseph avait toutes les raisons d’être effrayé et de refuser une pareille responsabilité. Or il s’inscrit dans la ligne des grands priants/espérants d’Israël comme Syméon et la prophétesse Anne. Il est fondamentalement à l’écoute du message de l’ange, c’est-à-dire de la parole du Seigneur, il ne la discute pas, il y adhère.
            Je pense que dans notre chemin de vie chrétienne, nous avons à nous inspirer de la belle attitude de Joseph, dans l’exercice particulier de la vertu de justice. Souvenons-nous que le juste est celui qui s’ajuste à la volonté de Dieu : cela rejoint l’obéissance de la servante Marie, du serviteur Jésus et aussi de tous les justes dont les noms sont inscrits à Jérusalem parce qu’ils ont défendu la dignité de la personne humaine lors de la dernière guerre et qu’ils ont dénoncé avec vigueur les injustices dont ils ont été témoins.
            Alors, frères et sœurs, oui il est bon de croiser, de rencontrer des hommes et des femmes justes : ils ne sont pas tous des héros/martyrs au sens où ils auraient sacrifié leur vie. Mais ce sont, je crois, des saints/témoins des temps modernes, avec en référence leur lointain modèle, le juste Joseph.
Fr Rémy Bergeret op.
Lien vers la liturgie florale du jour : Foi et dévouement.