Solennité de l’Ascension

13 mai 2021
Solennité de l’Ascension du Seigneur, année B
Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 4,1-13 ; Mc 16,15-20
Homélie du frère Joseph-Thomas Pini

L’Ascension – Edgar Maxence, mosaïque, 1899 – Lourdes, basilique Notre-Dame du Rosaire

Que s’est-il passé ? Le Seigneur Jésus, alors qu’Il S’adressait aux disciples, et, selon Luc, les bénissait, disparaît à leurs yeux. La scène est moins spectaculaire que l’enlèvement d’Élie sur un char de feu, elle est plus évidente que le départ mystérieux du patriarche Hénoch, du moins avec les précisions données par Luc en fin de son Évangile et au début des Actes des Apôtres – car Marc, selon son habitude, est plus concis. Voici qu’Il n’est plus visible, voilé par la nuée alors qu’Il S’élève. Ce que voient les témoins de la scène est le pendant, en quelque sorte, de ce que nul n’avait vu : Sa venue dans l’humanité, dans le sein de la Vierge Marie. L’évènement donne aussi à voir la glorification de Jésus Christ Fils de Dieu et Verbe éternel, l’Unique-engendré, glorification éphémère lors de la Transfiguration, glorification encore trop peu évidente, quoique préparée par la précédente, dans Sa Passion et Son élévation sur la Croix (le quatrième Évangile, pour cette raison, ne relate pas l’Ascension), glorification sans témoins au moment de la Résurrection. Dès lors, il ne faut pas s’y tromper : nous-mêmes, témoins par la Parole, nous n’assistons pas à une fin. Certes, un « happy end » sur un spectaculaire effet, avec quelques larmes du départ (c’est que nous étions bien, avec le Ressuscité parmi nous, après tant d’aventures : nous étions rassurés), la liturgie, Parole et musique, assurant le générique et la dernière bande-son. Mais il s’agit d’un achèvement : trop de parallèles avec le récit de la venue au tombeau le matin de Pâques (l’incrédulité et le regard fixe – sur le ciel ici, sur le tombeau alors, les anges, un message d’attestation et d’ouverture) viennent nous faire saisir, dans la foi, que cette ascension et cette session glorieuse à la droite du Père, que l’intelligence de la foi entend, est non seulement l’aboutissement nécessaire de la Résurrection, mais aussi de l’Incarnation. Venu dans le monde, le Fils retourne au Père, revêtu de Sa gloire d’origine révélée et acquise par Son obéissance dans l’amour, jusqu’au don de Lui-même, pour la gloire du Père et le salut des hommes, où la volonté de Dieu s’accomplit. Le temps de la présence visible du Ressuscité, accordé en miséricorde au secours de la foi et pour que tout soit réellement accompli, s’achève non pour la tristesse et l’inquiétude, mais pour la joie et la paix.

Et maintenant, que se passe-t-il ? Pas plus qu’il n’y a de fin, il n’y a d’incertitude ni de vide. Car ce n’est pas le second de la Trinité qui, tel, quitte le monde : c’est le Seigneur Jésus Christ qui est élevé et établi dans la gloire. C’est Lui vivant à jamais, vrai Dieu et vrai homme. Comme Il a marché le premier à travers les eaux de la mort en abattant la puissance de la mort, Il nous précède donc et nous ouvre le ciel, où notre pauvre humanité, dans Sa chair glorieuse, est donc déjà présente en Lui, et aussi par la grâce merveilleuse faite à Sa Mère bénie qui est auprès de Lui. Cette sainte humanité, de laquelle nous viennent la vie en plénitude et la grâce, ne fait pas que nous précéder : elle nous entraîne. Un premier don nous est fait : la direction, le sens. L’objectif véritable, celui qui doit déterminer et ordonner toutes les actions et leurs buts, celui qui donne clarté et cohérence à notre existence donnée par le Père et renouvelée dans le Fils par l’Esprit, c’est la béatitude éternelle et la gloire promise. En même temps que nous recevons sans ambiguïté la direction et la fin, nous sont données aussi les balises : tout l’enseignement de Paul et des Apôtres, à la suite de celui de Jésus, nous éclaire le chemin de vie et de bonheur. Un point particulier, saillant et éminent, est là pour nous aider à reprendre le cap : celui de l’unité, dont la recherche, le soin et la pratique effective sont la ligne de conduite et le principe d’action. Parce que s’y déploie et s’y manifeste l’amour qui vient de Dieu, mais aussi parce que, dans le mystère que nous célébrons aujourd’hui, se manifeste de manière éclatante que nous sommes un avec le Christ et un en Lui, de manière pleinement vivante.

L’irrésistible élan de vie que l’Ascension amplifie, dans le Christ, nous apporte d’autres dons. Celui de la mission. C’est nous désormais, au nom du Christ et pour Lui, sommes envoyés dans le monde en Le rendant visible. Riches de dons, nous sommes donnés. Nous recevons pour cela de belles et solides assurances, qui manifestent la promesse de Jésus, que Matthieu exprime le plus clairement : le Fils de Dieu reviendra en gloire, mais Il est là tous les jours jusqu’à la fin. Car voilà le plus grand des dons : pour que nous vivions de Sa vie, dans Son amour et selon Sa volonté, pour que nos actes donnent vie et portent fruit, Dieu Se donne dans l’Esprit vivificateur et sanctificateur. Le doux Hôte divin, Lui aussi maître et compagnon, feu, lumière et souffle, vient, pour le Père et le Fils, remplir le monde et habiter, non un vide, mais l’attente, confiante mais aussi ardente, des fils et filles de désir que nous sommes, créés et rachetés. « Va ! », nous dit le Seigneur, pour porter Ma Parole et Ma joie, chanter Ma louange devant les hommes, témoigner de Mon amour et collaborer à Mon œuvre de vie éternelle. « Viens ! », disons-nous à Jésus : donne-nous Ton Esprit en plénitude, pour que tout soit à Toi et pour Toi, et que nous soyons uns en Toi et avec Toi.

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