Chemins de Sainteté… de Fr Denys Sibre.

Prière à tous les Saints.

Chemins de Sainteté

Mt 5, 1-12

« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,

car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Homélie de Fr Denys Sibre: Chemins de Sainteté.

Version phonique:

 

Version écrite:

Chemins de Sainteté.

   La Toussaint… on risque de l’oublier mais c’est d’abord la fête de Dieu. Mais oui, Dieu est le seul Saint ! Le trois fois Saint même ! Saint est le Père !  le Fils ! et le Saint-Esprit !

   Les mots nous manquent pour exprimer cette sainteté, mais notre cœur pressent que Dieu est le tout autre, le très grand, le très Saint et en même temps le tout proche.

   Mais ce que nous savons de certitude révélée, c’est que nous sommes tous appelés à partager sa Sainteté. Ici je me rappelle ce que me disait un jour quelqu’un : « La Sainteté frère, c’est pas pour moi, c’est pour les autres ! » Et il n’est pas le seul à réagir ainsi. Les objections ne manquent pas en ce domaine:

-« Saint moi ! mais je ne suis pas d’une bonne famille ! » mais croyez-vous que tous les Saints étaient comme on dit de bonne famille ?

-« Saint moi ! mais je n’ai aucune culture, je n’ai pas de diplômes ! » mais St Benoît Labre et Ste Bernadette n’avaient pas de diplômes !

-« Saint moi ! mais je n’ai pas de santé ! » mais parmi les Saints il y a une foule d’êtres fragiles, asthmatiques, insomniaques, déprimés !

-« Saint moi ! mais ma vie est truffée d’infidélités !  » mais Marie-Magdeleine était dit-on une prostituée, St Paul un persécuteur, Charles de Foucault un jouisseur !

   Non ! les Saints ne sont pas d’extraction supérieure. Ils sont comme vous et moi de la race des hommes et ils le restent. Si bien que je suis persuadé qu’il y en a en chacun d’entre nous un Saint qui sommeille et qui ne demande qu’à s’éveiller, qu’à s’activer. C’est vrai depuis le jour de notre baptême, une graine de Sainteté, minuscule peut-être comme un grain de sénevé et qui a tout pour devenir un grand arbre.

   Oui, la Sainteté est pour tous et pour chacun. Nul n’en est exclu. Alors ayons confiance nous qui doutons bien souvent et qui nous demandons parfois si ça vaut la peine de continuer. Oui, ayons confiance la Sainteté n’est pas impossible puisque tant d’autres y sont arrivés dans l’Histoire.

   Mais alors se pose une grande question: Comment devient on un Saint ? J’ose ici apporter deux réponses:

– La première: en se laissant chercher par le Dieu de miséricorde jusque dans nos recoins d’ombre. Croire que Dieu nous aime jusque là, jusque dans les fibres les plus profondes de notre pauvreté. Un itinéraire de sainteté s’inaugure le jour où je me découvre aimé tel que je suis, le jour où je donne une réponse d’amour à celui qui m’a aimé le premier, le jour où je prends le parti de Dieu en repoussant les idoles et les veaux d’or de ce siècle.

-La deuxième réponse: accepter de tout perdre. Je pense ici à cette remarque d’une religieuse du CARMEL de Lisieux, à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « Quand je vous voie Sœur Thérèse, je suis découragé. Je me dis: « Mon Dieu tout ce que j’ai encore à acquérir ! ». Et Thérèse de répondre: « Dites plutôt tout ce que j’ai encore à perdre, à quitter ! ».

   PERDRE, QUITTER ! Maîtres mots de la vie spirituelle. Maîtres mots d’un itinéraire de Sainteté. Mais qu’est-ce à dire ? Mais c’est vivre les béatitudes que nous venons d’entendre. Et vivre les béatitudes c’est passer d’une manière d’être à une autre manière d’être:

– passer de la richesse à la pauvreté au point de devenir affamé de justice, c’est à dire cesser d’accumuler, d’accaparer et de tout mesurer avec les chiffres du capital et du profit.

–  de la haine à la miséricorde, c’est à dire cesser de nous battre, de nous juger, d’être sans pitié les uns pour les autres.

–  de l’opacité à la pureté du cœur, c’est à dire cesser toute compromission au point de devenir vrai et d’adorer le Dieu Saint non plus du bout des lèvres mais du fond du cœur.

   Finalement, c’est essayer de passer du vieil homme à l’homme nouveau comme le dit si bien Saint Paul. Voilà ce à quoi chacun est appelé. Et comme chacun est unique aux yeux de Dieu, chacun aura donc une réponse personnelle à donner. Chacun de nous est donc invité à tracer un itinéraire unique dans ce qui fait sa vie.

   Nous voilà embarqués dans une aventure qui a les pieds sur terre. Et les gestes les plus humbles, les plus simples, les plus quotidiens, participent à cette aventure: traduire Homère, préparer un repas, visiter un malade, donner un verre d’eau à qui a soif… Rien, rien n’est indifférent ! Tout compte aux yeux de Dieu.

   Avec son solide bon sens François de Sales écrivait: « Grande est la folie de ceux qui s’amusent à désirer être martyrisés aux Indes et ne font pas ce qu’ils ont à faire sur place. Soyons ce que nous sommes et soyons le bien. C’est d’abord notre jardin qu’il faut cultiver ! »

   Oui, c’est notre jardin qu’il faut d’abord cultiver. Il est peut-être petit. Pas très fertile. Avec pas mal de mauvaises herbes. « Vous êtes le jardin de Dieu » nous dit encore Saint Paul. Alors cultivons le ! ou plutôt laissons nous cultiver. Et qu’importe le classement à l’arrivée. L’important est que nous soyons de ce bois dont on façonne les Saints.

Belle fête de Toussaint à tous !

Fr Denys Sibre op.

Lien vers la décoration florale du jour: Bienheureux