« Christ et la brebis perdue ». de Fr Régis Bron

la brebis retrouvée

Icône de Bessarabie du xviiie siècle

Lc 15, 1-10

« Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit »

Texte et enregistrement de la prédication:
« Christ et la brebis perdue »
     Joie : pour un seul pécheur qui revient. Frères et sœurs, cette Bonne Nouvelle, c’est ma vie, c’est notre vie !
Sans doute vous connaissez une autre parabole, qui n’est pas nécessairement lue aujourd’hui : celle du fils dépensier. Il est parti au loin, puis attendu ; revenu enfin. Son père l’accueille, dans un pardon à grand festin dont s’exclut le fils aîné, jaloux.
En tout cas, nous venons d’entendre une autre retrouvaille, l’histoire de cette femme ayant perdu une de ses pièces d’argent. Avec la lampe et le balai, elle se démène, elle la retrouve. Alors elle fait fête avec ses amies et voisines, alléluia !
Mais la parabole que je préfère, c’est « la brebis retrouvée ». Elle a été peut-être le sujet le plus ancien représentant le Christ dans les catacombes.
La brebis retrouvée, c’est un condensé du salut, notre salut, un condensé de notre vie véritable.
     Un éclairage nous est donné par le livre de l’Exode. Nous avons entendu que les israélites, pourtant délivrés de l’esclavage subit en Egypte, s’étaient fortement éloignés de Dieu : « Ils se sont écartés du chemin, ils se sont sculpté une idole, un veau d’or ! »
Et Dieu a déclaré : « Je vais anéantir tous ces pécheurs ! »
Alors Moïse marchande et intercède : « Si ton peuple se trouvait ainsi exterminé, cela ne te ferait pas une bonne publicité parmi les autres nations. » Peu après, le Seigneur décide de ne pas anéantir Israël. Le pardon et la miséricorde sont les points forts de Dieu ; mais cela n’est pas automatique. Si avec grand regret nous l’appelons, il nous donne une nouvelle chance de vie !
Nous savons qu’après l’exode Israël a été dirigé par des juges puis par tel ou tel roi. Et le roi est souvent présenté comme le pasteur du troupeau, du peuple.
Mais les rois et les peuples en réalité n’ont guère marché dans la volonté de Dieu, malgré les dénonciations et les encouragements des prophètes. Il a fallu que vienne le Berger authentique, prêt à donner sa vie, le Fils sauveur. Et cette délivrance sera transmise à une nouvelle et large descendance, jusqu’à nous.
     Dans notre monde, il y a des blessés, des égarés et des souffrants de diverses façons. Il y a même des grands groupes blessés.
S’il s’agit d’accidentés sur les routes, à la mer, ou en montagne, les secouristes doivent être compétents et avisés. Pour bien soigner les malades, il faut une solide formation.
Et parfois des années sont nécessaires pour arracher quelqu’un à la souffrance et au manque d’espoir et de foi.
Au lieu de seulement condamner les pécheurs, comme ont fait les scribes et les pharisiens du temps de Jésus, nous avons à rejoindre, écouter, aimer et ramener les mal-croyants. Même si le chemin est long pour retrouver la brebis perdue ou souffrante, nous ne devons pas renoncer. Même si nous disons alors un peu moins de messes ou de conférences pour des paroissiens très souvent « nourris »…
     Frères et sœurs, la vie chrétienne est à la fois difficile et souvent joyeuse. Aucune limite au mal, aux catastrophes, aux persécutions ; Jamais non plus de limite au pardon, ni à l’amour vainqueur.
Le futur apôtre Paul faisait assassiner les chrétiens. Il comprend son mal, il le regrette absolument, il fait pénitence, il est relevé par le baptême sur les épaules de Jésus, alléluia. Il nous encourage par ses lettres. Par exemple la 1ère lettre pour Timothée : « J’étais-dit l’apôtre-blasphémateur, persécuteur et violent. Mais il m’a été fait miséricorde… Christ est venu pour sauver les pécheurs-et moi en particulier- …en exemple pour tous ceux qui allaient croire. »
Souffrance et joie du vrai berger Jésus, en effet. Il s’est donné à fond, pour réveiller les mal-croyants et même les prêtres. Sur ses épaules, il a porté la croix qui allait le tuer. Ressuscité, il nous donne notre mission : « Allez faire renaître et grandir ma vie dans le cœur des humains ! Portez les gens sur vos épaules, relayez-vous si possible ! Rapprochez de moi les hommes, ne les repoussez pas ! L’Esprit de force vous aidera. Travaillez à la justice et à la paix, surtout là où c’est urgent ! »
     Notre Pape vit toutes ces priorités, très proche de tout membre actif ou souffrant du troupeau.
A nous de recevoir et porter aussi un vrai amour dans telle portion de l’Eglise et de la société.
     En Haïti, j’avais beaucoup marché pour fortifier les communautés catholiques des pauvres villages de montagne, souvent persécutées.
Et là je recevais du courage. Des enfants de cinq ans savaient animer un quart d’heure de prière. Des filles de sept ans dirigeaient les chants de l’assemblée du dimanche. Des vieillards donnaient une vive présentation de l’Évangile. Des adultes, risquant la torture, témoignaient contre les injustices.
Soutiens-les encore, Seigneur ! Aide-nous à les porter et à les suivre. Et viens sauver les brebis de l’Eglise de France, ramène-nous vers toi après notre faiblesse et notre péché !
   A Boscodon où je vais aller, tout près des troupeaux transhumants, apprends-moi à ramener quelques personnes blessées par le péché ou l’imprudence ; apprends-moi à célébrer la joie de leur retour.

Ex 32, 7-11-13-14 ; 1 Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-10

Fr Régis BRON op.

                                                                                                                             

Lien vers la liturgie florale du jour: « Sauvée… ! »