Billets évangéliques

Texte biblique

Méditation

Samedi 28 mars (Jn 7, 40-53)
En ce temps-là, Jésus enseignait au temple de Jérusalem.
Dans la foule, on avait entendu ses paroles, et les uns disaient :
« C’est vraiment lui, le Prophète annoncé ! »
D’autres disaient :
« C’est lui le Christ ! »
Mais d’autres encore demandaient :
« Le Christ peut-il venir de Galilée ? L’Écriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David et de Bethléem, le village de David, que vient le Christ ? »
C’est ainsi que la foule se divisa à cause de lui.
Quelques-uns d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui.
Les gardes revinrent auprès des grands prêtres et des pharisiens, qui leur demandèrent :
« Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? »
Les gardes répondirent :
« Jamais un homme n’a parlé de la sorte ! »
Les pharisiens leur répliquèrent :
« Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ? Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ? Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! »Nicodème, l’un d’entre eux, celui qui était allé précédemment trouver Jésus, leur dit : « Notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? »
Ils lui répondirent :
« Serais- tu, toi aussi, de Galilée ? Cherche bien, et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! »
Puis ils s’en allèrent chacun chez soi.
Jésus enseigne dans le temple (Jn 7, 14), rappelle l’évangile du jour et les autorités religieuses envoient des gardes pour se saisir de lui. Ces gendarmes revinrent bredouilles, au moins pour l’instant, fascinés par les paroles qui sortaient de sa bouche.
Mais qu’aurait-il dit de si extraordinaire à la foule dans le temple, qui devrait-il être ce Jésus généralement si simple et si humble pour que même certains de ses ennemis se confondent en admiration…et soient tout désarmés…?
Il serait difficile, me semble-t-il, de s’en faire une seule et unique idée. Le peuple, lui-même, qui le voyait, qui l’écoutait, qui bénéficiait de ses signes, était divisé à son sujet. Car pour homme qu’il soit, il n’est pas moins Dieu : simple, ordinaire, et pourtant aussi complexe qu’extraordinaire.
Si tout le monde prend position tant il est difficile de rester neutre, indifférent par rapport à ce Jésus qui fascine autant qu’il fâche, l’Apôtre Paul prévient toutefois que personne ne peut l’appeler Seigneur si ce n’est l’Esprit qui l’inspire (1 Co 12, 3). C’est que ce Seigneur a fait en son temps et continue de faire aujourd’hui encore beaucoup de déçus dans la mesure où sa seigneurie n’a pas d’abord pour horizon la terre et ne se manifeste pas selon les critères du monde. Ainsi donc, plus les jours avancent, plus on remarquera et constatera dans la liturgie que l’étau se resserre autour de Jésus pour, ô comble de l’échec et de l’horreur, être pendu à la croix…
En ces temps particuliers et difficiles où nous avons l’impression de ne pas trop comprendre ce qui nous arrive…, demandons à l’Esprit de Dieu de continuer de nous donner de confesser dans la simplicité et l’humilité la foi en la Seigneurie de l’homme de Nazareth, lui qui a les paroles de la vie éternelle.
Vendredi 27 mars (Jn 7, 1-2.10.14.25-30)
En ce temps-là, Jésus parcourait la Galilée : il ne voulait pas parcourir la Judée car les Juifs cherchaient à le tuer.
La fête juive des Tentes était proche.
Lorsque ses frères furent montés à Jérusalem pour la fête, il y monta lui aussi, non pas ostensiblement, mais en secret.
On était déjà au milieu de la semaine de la fête quand Jésus monta au Temple ; et là il enseignait.
Quelques habitants de Jérusalem disaient alors :
« N’est-ce pas celui qu’on cherche à tuer ? Le voilà qui parle ouvertement, et personne ne lui dit rien ! Nos chefs auraient-ils vraiment reconnu
que c’est lui le Christ ? Mais lui, nous savons d’où il est.
Or, le Christ, quand il viendra, personne ne saura d’où il est. »
Jésus, qui enseignait dans le Temple, s’écria :
« Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ? Je ne suis pas venu de moi-même : mais il est véridique, Celui qui m’a envoyé, lui que vous ne connaissez pas.
Moi, je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. »
On cherchait à l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue.
On cherchait à arrêter Jésus, mais son heure n’était pas encore venue. Le thème de l’heure traverse l’évangile de Saint Jean.
Mais quelle est donc cette heure ?
L’heure où il sera arrêté et se laissera conduire au calvaire
L’heure où il donnera sa vie en mourant sur la croix.
L’heure où il sera reconnu Fils de Dieu.
Mais cette heure, c’est avant tout le moment où il entendra en lui-même le Père lui dire : voici l’heure.
C’est bien là l’aspect le plus mystérieux, le plus impalpable, celui qui nous échappe totalement. Que se disent donc le Père et le Fils ?
De ce dialogue qui tenait éveillé Jésus, seul à l’écart, nous ne savons rien. De cette prière intime, les évangiles nous rapportent à peine quelques éclats. Jusqu’à cet instant, ce moment décisif, où Jésus est ébranlé, bouleversé, où il est même tenté de reculer, de refuser la coupe que le Père lui tend.
L’heure de Jésus, c’est celle qui consiste à dire ce OUI qu’il a toujours dit, mais cette fois-ci, devant l’abîme, devant le gouffre de la mort.
Cette heure, ce sera aussi un jour la nôtre.
Quand nous apprenons qu’un de nos proches va mourir, parce qu’il a contracté le coronavirus, parce qu’il arrive en phase terminale d’un cancer qui le détruit, ou bien parce qu’il a brutalement perdu la vie… oserons-nous dire que son heure était venue, non pas par fatalité, résignation, dépit ou incompréhension, mais parce que c’est tout simplement le moment que Dieu aura choisi pour l’appeler, parce que cet événement est tout simplement inscrit dans notre existence depuis son origine ?
Pourquoi nous est-il si difficile de consentir à cette heure ?
De même que cela a été difficile pour Jésus, ce le sera aussi pour nous.
Mais Jésus a su dire : « Non pas ma volonté mais la tienne ».
Et sur la croix : « entre tes mains, Père, je remets mon esprit ».
Telle devrait pouvoir être notre heure :
Un consentement à faire la volonté du Père en nous remettant entre ses mains.
Cette heure, il convient que nous la préparions.
Dès maintenant.
Fr. Arnaud Blunat
Jeudi 26 mars (Jn 5, 31-47)
En ce temps-là, Jésus disait aux Juifs :
« Si c’est moi qui me rends témoignage, mon témoignage n’est pas vrai ; c’est un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai.
Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean le Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité.
Moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés.
Jean était la lampe qui brûle et qui brille,
et vous avez voulu vous réjouir un moment à sa lumière.
Mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé.
Et le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage.
Vous n’avez jamais entendu sa voix, vous n’avez jamais vu sa face, et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé.
Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ; or, ce sont les Écritures qui me rendent  témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !
La gloire, je ne la reçois pas des hommes ; d’ailleurs je vous connais : vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu.
Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; qu’un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous le recevrez !
Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ?
Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai devant le Père.
Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance.
Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit. Mais si vous ne croyez pas ses écrits,
comment croirez-vous mes paroles ? »
Jésus nous propose une réflexion en profondeur sur le témoignage et il va le faire à l’aide d’une tradition biblique, chrétienne, sociale, civile. Pour qu’un acte soit posé, vrai, authentique, il faut deux témoins. Pour célébrer un mariage, civil ou religieux, il faut deux témoins. On peut se passer d’un prêtre ou d’un diacre en cas de guerre ou de maladie, mais il faut au moins deux témoins. Voilà que Jésus nous en fournit plus d’un.
D’abord ce sont les œuvres que le Père lui a donné de faire, ces guérisons, ces signes. Un thaumaturge ne peut pas les faire. Lui, Jésus, a pu les faire parce qu’il est le Fils de Dieu. Ses œuvres rendent témoignage à ce qu’il est, et à son Père qui l’a envoyé. Ensuite, il reste le Père lui-même qui tient une place très discrète dans l’évangile. Nous l’entendons à travers deux passages – qui n’ont pas pu être inventés – le Baptême et la Transfiguration. Et puis Jésus se sait accompagné constamment par son Père dans la prière.
Enfin, il y a les Écritures qui rendent témoignage à Jésus. Comment ne pas penser à tout ce qui est dit sur la Montagne de la Transfiguration – la Loi et les Prophètes – et comment ne pas penser aux chants du Serviteur souffrant (Isaie 53-54) que nous allons entendre bientôt au moment de la Passion, qui prophétisent directement le Christ.
On pourrait rajouter le témoignage de Jean Baptiste, des premiers disciples – on pourrait rapporter tout ce qu’ils ont vécu avec le Christ. Quant à nous, nous avons à être témoins mais pas des témoins seuls. Nous n’avons pas à nous rendre témoignage à nous-mêmes. Il nous faut vérifier avec d’autres que l’Esprit Saint est avec nous. nous rendons témoignage avec d’autres, la communauté avec laquelle nous vivons, l’Eglise au delà.
Bref, nous sommes parfaitement équipés. C’est là notre espérance, en pleine période de confinement, il faut nous accrocher à cette ancre, à cette espérance.
Mercredi 25 mars – Annonciation (Is 7, 10-14 ; 8, 10 et Lc 1, 26-38)
En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge,
accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph, et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit :
« Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée,
et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors :
« Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils; tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange :
« Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? »
L’ange lui répondit :
« L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.
Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors :
« Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta.
Par son messager, Dieu annonce qu’il vient fixer sa tente sur notre terre. Celui qui était caché dans le sein du Père avant le commencement des commencements, vient commencer dans le temps des hommes. Il ne craint pas de quitter sa lumière d’éternité pour se livrer aux ténèbres de ce monde. Nous l’attendions dans le palais d’un roi, nous le trouvons dans l’acquiescement de Marie. Ainsi prend fin notre exil. L’homme n’est plus laissé à sa solitude. Pour Marie, le grand moment est arrivé. Dieu lui parle et lui révèle la nouvelle : sois dans la joie ! Paix sur toi ! Tu es la perle précieuse qui captive le regard de Dieu ! Marie n’est plus que disponibilité et obéissance. Elle donne tout jusqu’à son propre corps. Oui, total, Fiat total ! Me voici toute entière !
On ne remarque pas toujours que derrière ce oui s’en cache un autre : celui du Fils qui se donne à son Père. Me voici pour faire ta volonté. Telle est la source claire à laquelle Marie vient puiser. Les paroles qu’elle prononce ne sont que l’écho dans l’histoire du Fiat qui retentit en dehors du temps au sein même de l’amour trinitaire. Le oui de Marie est sans réserve comme est sans réserve celui du Fils. cf. la 2ème lecture de cette messe : Hébreux 10, 4-10.
A partir de là, le Fiat passe à tous. Nous pouvons l’entendre lors de l’engagement baptismal mais aussi dans le don mutuel des époux chrétiens comme dans toute forme de consécration.
Aujourd’hui, à la suite de Marie, nous sommes invités à redire oui au propos de vie qu’est le nôtre. Nous pouvons aussi lire ou relire le récit de l’Annonciation, dans l’évangile selon S. Luc 1, 26-38. Nous pouvons encore prier pour les malades, les soignants, et les personnes particulièrement éprouvées en ce moment de grand isolement.
A tous, belle et lumineuse fête de l’Annonciation, dans la prière, la communion et la solidarité. C’est ce que souhaitent aussi les évêques de France dans leur récent message.
Fr. Denys Sibre
Mardi 24 mars (Jn 5,1-16)
À l’occasion d’une fête juive, Jésus monta à Jérusalem.
Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha.
Elle a cinq colonnades, sous lesquelles étaient couchés une foule de malades,
aveugles, boiteux et impotents.
Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans.
Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps,
lui dit :
« Veux-tu être guéri ? »
Le malade lui répondit :
« Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais,
un autre descend avant moi. »
Jésus lui dit :
« Lève-toi, prends ton brancard, et marche. »
Et aussitôt l’homme fut guéri.
Il prit son brancard : il marchait !
Or, ce jour-là était un jour de sabbat.
Les Juifs dirent donc à cet homme que Jésus avait remis sur pied :
« C’est le sabbat ! Il ne t’est pas permis de porter ton brancard. »
Il leur répliqua :
« Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit :
“Prends ton brancard, et marche !” »
Ils l’interrogèrent :
« Quel est l’homme qui t’a dit :
“Prends ton brancard, et marche” ? »
Mais celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit.Plus tard, Jésus le retrouve dans le Temple et lui dit :
« Te voilà guéri. Ne pèche plus,
il pourrait t’arriver quelque chose de pire. »
L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri. Et ceux-ci persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.
Notre humanité malade en ce temps de pandémie est un peu comme cette foule qui se pressait à la piscine de Bethesda. Ils attendaient que l’eau bouillonne. On croyait en effet qu’un ange descendait du ciel de temps en temps et faisait bouillonner cette eau, le premier d’entre eux qui entrait dans cette eau était guéri.
Nous aussi nous attendons cette inspiration qui fera trouver le remède, le vaccin pour cette pandémie. Effectivement, je pense à ce que disait le philosophe Jacques Maritain : il n’est pas exclu qu’il y ait une part d’inspiration qui vient d’en haut ; il citait le cas de celui qui a découvert la pénicilline, Fleming, qui disait que cétait pendant un songe, un rêve, qu’il avait cette intuition qu’il devait chercher.
Mais Jésus est là qui nous apporte une guérison radicale, une guérison de l’âme et du corps, la vie éternelle. A travers la fragilité de l’humanité que nous percevons si fort ces jours-ci, nous sommes appelés à nous tourner – par delà ces souhaits que nous pouvons faire de guérison temporelle, de découverte, de progrès de la science – vers le Christ, lui qui nous donne la guérison pour la vie éternelle. Nous sommes à des titres divers menacés de devoir passer par les portes de la mort (…)
Tournons-nous vers celui à qui sont les issues de la mort, le seul qui connait le passage, la pâque, de ce monde vers son Père.
Jean-Miguel Garrigues
Lundi 23 mars (Jn 4,43-54)
En ce temps-là,
après avoir passé deux jours chez les Samaritains,
Jésus partit de là pour la Galilée.
– Lui-même avait témoigné qu’un prophète n’est pas considéré dans son propre pays.
Il arriva donc en Galilée ; les Galiléens lui firent bon accueil, car ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête de la Pâque, puisqu’ils étaient allés eux aussi à cette fête.
Ainsi donc Jésus revint à Cana de Galilée,
où il avait changé l’eau en vin.
Or, il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm.
Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla le trouver ; il lui demandait de descendre à Capharnaüm
pour guérir son fils qui était mourant.
Jésus lui dit :
« Si vous ne voyez pas de signes et de prodiges, vous ne croirez donc pas ! »
Le fonctionnaire royal lui dit :
« Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure ! »
Jésus lui répond :
« Va, ton fils est vivant. »
L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit.
Pendant qu’il descendait, ses serviteurs arrivèrent à sa rencontre et lui dirent que son enfant était vivant.
Il voulut savoir à quelle heure il s’était trouvé mieux.
Ils lui dirent :
« C’est hier, à la septième heure (au début de l’après- midi), que la fièvre l’a quitté. »
Le père se rendit compte que c’était justement l’heure où Jésus lui avait dit :
« Ton fils est vivant. »
Alors il crut, lui, ainsi que tous les gens de sa maison.Tel fut le second signe que Jésus accomplit lorsqu’il revint de Judée en Galilée.
Hier et aujourd’hui, l’Évangile nous présente deux guérisons miraculeuses accomplies par Jésus : hier, celle de l’aveugle-né. Aujourd’hui, celle du fils d’un fonctionnaire royal.
Et je vous propose de faire un petit exercice très instructif, qui peut nous aider à mieux connaître Jésus et sa manière d’agir. L’exercice que je vous propose est un peu comme le jeu des différences entre deux images qui se ressemblent ; je ne vous demande pas de trouver sept ou dix différences, mais seulement d’identifier d’une part une différence importante entre ces deux miracles, et d’autre part un point commun essentiel. Vous qui nous rejoignez par internet, je vous invite à effectuer cet exercice avant de lire ou d’écouter la suite de mon homélie. Ces deux textes sont dans l’Évangile selon saint Jean ; l’aveugle-né au chapitre 9, et celui d’aujourd’hui à la fin du chapitre 4. Mettez la vidéo sur pause, et prenez le temps de chercher une différence et un point commun entre ces deux récits. Ce n’est pas très difficile ; vous verrez si vous trouvez la même chose que moi.Ça y est, vous avez pris le temps de chercher ? Voici ce que j’ai trouvé. Une différence, d’abord : pour ouvrir les yeux de l’aveugle-né, Jésus a opéré de façon rapprochée, par contact, et ce contact n’a pas seulement été une imposition des mains, mais quelque chose d’encore plus concret : avec sa salive il a fait de la boue, qu’il a appliquée sur les yeux de l’aveugle, et celui-ci a dû se rendre à la piscine de Siloé pour se laver. On peut lire ce procédé comme une préfiguration des sacrements que Jésus a confiés à son Église : les sacrements impliquent une présence mutuelle, et de la matière (de l’eau, de l’huile, des gestes, etc.) Au contraire, dans évangile d’aujourd’hui, c’est à distance que Jésus effectue la guérison. Il n’a même pas vu le malade !
Voilà qui est riche d’enseignements pour les circonstances présentes ! Beaucoup se demandent par exemple s’il est possible de se confesser par téléphone. La réponse est non, aussi graves que soient les circonstances. Le Saint-Père nous l’a rappelé vendredi : aucun sacrement ne peut être donné à distance. Mais le pape a dit également : « si tu ne trouves pas de confesseur, il faut que tu t’adresses directement à Dieu ». Cela ne remplace pas la confession auprès d’un prêtre ; autrement dit, c’est seulement une solution provisoire en attendant de pouvoir aller rencontrer un confesseur dès que cela redeviendra possible. En disant cela, le Saint-Père n’a rien dit de nouveau, c’est seulement un rappel. Dieu nous a donné le sacrement de la pénitence comme le moyen ordinaire de bénéficier de son pardon ; mais bien sûr, il tient compte des circonstances et s’il n’est pas possible d’aller voir un prêtre, le Seigneur a la puissance d’apaiser notre cœur à distance, sans les gestes et les paroles du sacrement. Il en est ainsi parce que les sacrements ne sont pas des choses magiques : ce qui est décisif, c’est notre foi dans la grâce de Dieu.
Et voilà un point commun essentiel entre ces deux récits évangéliques : la foi ! Dans un cas comme dans l’autre, le miracle ne s’est pas accompli sans que soit requise la foi ! L’aveugle-né, en allant se laver pour obéir aux paroles de Jésus, montre par là qu’il croit que cela servira à quelque chose. Il croit aux paroles de Jésus ! De même, le fonctionnaire royal, lorsqu’il entend Jésus lui dire « Va, ton fils est vivant », croit à cette parole et ne demande pas à Jésus d’en faire davantage.Vous qui voyez cette vidéo en ligne, peut-être trouvez-vous d’autres choses à dire en comparant ces deux miracles : dites-le en commentaire de cette vidéo ! C’est l’occasion d’enrichir mutuellement notre connaissance de l’Evangile. Et prions le Seigneur qu’il fortifie en nous notre désir des sacrements et notre foi en sa miséricorde !
Fr. Damien Duprat