Fidélité et Amour, de Fr Arnaud Blunat.

Chemin de Croix du Mont Sainte-Odile

Chemin de croix du Christ.

Jn 18, 1-19, 42

 » Tout est accompli. « 

 

Homélie de Fr Arnaud Blunat:

Version phonique:

Version écrite:

Fidélité et Amour.
            Avant d’entendre le bouleversant évangile de la Passion selon S. Jean, arrêtons-nous un instant. Les premiers textes de notre liturgie – la prophétie d’Isaïe et le psaume 30 – nous ont décrit la condition d’un serviteur humilié et torturé qui préfigure celle de Jésus en un saisissant raccourci. La lettre aux Hébreux, quant à elle, nous éclaire sur le sens de la Passion : Jésus a souffert pour notre salut, et il est, pour ceux qui lui obéissent, cause de salut éternel. Par ses prières et ses supplications, il a obtenu du Père que tous les hommes soient sauvés.
            Mais de quoi donc nous a-t-il sauvés ? Pour quoi est-il mort pour nous sinon pour nous délivrer du péché ? Or ce péché prend trois formes particulières : la dissimulation, la lâcheté, la mauvaise foi. Tous les personnages de ce drame en sont tour à tour les acteurs. Autant les soldats que les grands prêtres, tant Pierre que Pilate.
            Devant les soldats venus l’arrêter de nuit par surprise, Jésus se présente de lui-même. Il ne se cache pas, il ne se dissimule pas : « Qui cherchez-vous ? C’est moi ! ». Face aux grands prêtres, Jésus dit : j’ai parlé au monde ouvertement… Je n’ai jamais parlé en cachette… Malgré toutes les mises en garde, Pierre nie connaitre Jésus. Pilate, de son côté, n’est pas en mesure de sortir de sa logique toute humaine pour entrer dans le mystère de Celui qui vient d’en haut.
            La Passion nous montre que les hommes sont persuadés d’être dans la vérité. Or ils s’abusent eux-mêmes en s’attribuant des rôles qui leur donnent l’illusion d’exister et de régner. Ils sont enfermés en eux-mêmes, ils refusent de reconnaitre leur vanité. Leur orgueil les aveugle. S’ils accueillaient les paroles de Jésus, ils entreraient dans la lumière. S’ils acceptaient de l’écouter et de le suivre, ils verraient leur contradiction. Leurs actes témoignent de leur péché. En condamnant le Juste, ils se sont rendus incapables d’accueillir la vérité qui libère.
            La Passion de Jésus est toujours actuelle. Le péché des hommes apparait au grand jour. Nous y participons hélas nous-mêmes et si souvent nous nous laissons compromettre. La dissimulation, la lâcheté et la mauvaise foi ne peuvent que nous éloigner du Christ, et nous empêchent de rendre témoignage à la vérité.
Dans le contexte de notre monde, marqué d’un côté par la réalité de la souffrance et de la persécution d’une partie de notre humanité, et d’un autre côté par l’enfoncement dans la superficialité et la vacuité d’une autre partie de l’humanité, nous avons la figure de Jésus en sa Passion, qui parait lumineux dans le combat de la vérité, inflexible face à toutes les attaques et les calomnies, silencieux au milieu des accusations et des mensonges.
            Mais aujourd’hui, qui s’en rend suffisamment compte ? Si nous n’avions pas quant à nous le témoignage de nos frères persécutés en Égypte, en Syrie, en Irak et dans tant d’autres pays ?  La présence autour de nous de tant de frères et sœurs en souffrance, désemparés, ignorés ? Si nous n’avions pas les appels répétés du Pape François, les informations que diffusent certains canaux médiatiques ?
            La Passion est-elle encore en mesure de nous bouleverser, de nous faire bouger, de nous faire réagir, de nous convertir ? Car, au fond, ce que révèle l’Évangile, c’est que seule la force de Dieu manifestée en Jésus peut surpasser la haine et vaincre la mort. Ce que nous révèle l’Évangile, c’est bien la fidélité de Jésus à celui dont il est venu témoigner, son Père, ainsi que l’amour qu’il a pour nous, qu’il ne cesse de nous porter, et à cause duquel jamais il ne nous trahira, jamais il ne nous abandonnera, jamais il ne nous oubliera.
Fr Arnaud Blunat op.
Lien vers la liturgie florale de ce jour.