Invitation. Prédication du 22ème dimanche du temps ordinaire.

inviter-les-plus-demunis

Lc 14, 1.7-14

« Heureux es-tu lorsque tu invites à ta table ceux qui n’ont rien à te rendre. »

Homélie de Fr Rémy BERGERET:
Invitation à imiter notre Dieu
En vie chrétienne, convient-il d’être mondain dans nos invitations ? C’est la question que Jésus nous pose dans l’Évangile de ce jour, en deux temps : les préséances entre invités et plus fondamentalement, qui inviter au juste ?
           Vous le savez, un bon guide de savoir-vivre vous donnera les règles, l’ordre logique du placement d’un évêque, d’un préfet, d’une dame de haut rang, bref de quelqu’un que l’on veut honorer. Or, Jésus nous livre une autre approche : Quel que soit notre importance ou notre statut social, ne jamais choisir la première place. Pour une raison tactique de prudence élémentaire, de sagesse : Il peut y avoir un invité plus considéré que moi, et je serai alors contraint de prendre la dernière place. L’attitude juste indiquée par Jésus est -au final- celle de la modestie ou de l’humilité, et alors reste la possibilité d’avancer plus haut, le fameux « Duc in altum ». (Latin)
            Plus profondément, au-delà de l’humilité, il s’agit de vivre un authentique abaissement en notre amour-propre, notre respect humain y rechignent souvent. Nous oublions que l’abaissement pour signifier quelque chose à la lumière de ce que le Christ lui-même a vécu. (Ph 2) : « Il ne retint Jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est anéanti prenant la condition de serviteur. » Nous percevons bien que l’abaissement n’a de sens que dans une dynamique de l’amour, un appel à cheminer avec le Christ, doux et humble de cœur, le vrai disciple ne se met pas en avant.
              Mais l’évangile ne s’arrête pas là …
Qui inviter ? Tous ceux et celles qui se présentent sur notre chemin. Nous retrouvons très exactement ceux que Jésus veut rencontrer en priorité, de manière préférentielle, à savoir les pauvres, estropiés, boiteux, aveugles. L’espace de la gratuité et de la charité doit se dilater au mieux. Nous sommes dans la perspective du Repas messianique, du Banquet de la fin des temps, et nul ne doit être laissé pour compte. Inviter tout le monde ne relève pas d’une simple politesse, voir un peu béate. Ce qui est en jeu, c’est le plan, le projet de salut de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés, par le mystère du Verbe Incarné, de sa Croix et de son Sang versé. Mais le sacrifice a été réalisé une fois pour toutes il y a 2000 ans. En conséquence, nous sommes invités à en goûter les fruits dans un authentique repas : l’Eucharistie. Et ce n’est pas un hasard que le Christ ait choisi ce moyen, ce rite, pour nous rejoindre au plus profond de notre cœur.
           Dans toutes les civilisations et les cultures, à toute génération, le repas a une connotation symbolique très forte, signe de communion à l’intérieur d’une famille, d’une communauté, d’une société. Il revêt parfois (et souvent même) une dimension sacrée. Il nous fait redécouvrir cela dans le quotidien de nos vies : Or le fast food, quel qu’il soit, ne se prête guère à cette expérience quasi mystique.  Et surtout il nous faut dépasser les exclusions, les apartés, qui limitent singulièrement le champ de nos relations sociales. Oui inviter largement au fil de nos visites. Car la visite est un thème théologique majeur de notre foi chrétienne. En effet, Dieu ne cesse de visiter son peuple pour le rencontrer, faire connaissance et en retour l’inviter, créer les rendez-vous possibles.
             A notre tour, nous avons à imiter notre Dieu, « qui ne fait pas acception des personnes », dont le cœur est infiniment bon et miséricordieux.
Que le Seigneur nous accorde toute grâce ! Amen.
Fr Rémy BERGERET op.
Lien vers la liturgie florale du jour: Humilité et modestie.