Jésus transfiguré. 2ème Dimanche de Carême.

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Lc 9, 28b-36

« Celui-ci est mon fils, celui que j’ai choisi: écoutez-le ! ».

Homélie dominicale de fr Rémy Bergeret.

La Transfiguration est la traduction, via le latin, du terme grec de Métamorphose. Vous me direz que les deux mots peuvent sembler assez techniques à nos oreilles contemporaines et assez peu accessibles, d’emblée. Pourtant, étant un passionné d’étymologie, je voudrais méditer avec vous le sens du mot ‘métamorphose’ et surtout ce qu’il signifie appliqué à la personne de Jésus.

Pendant ce bref évènement où il apparaît tout lumineux – de la blancheur de la Résurrection-, Jésus n’a pas changé, Il est bien le même, vrai homme et vrai Dieu, avant et après, il n’est pas différent, il est autre. C’est seulement son apparence, sa ‘morphè‘, c’est-à-dire sa forme qui a été modifiée. On pourrait dire que sa pleine nature divine a pris toute sa place et son intensité pour rayonner à l’extérieur et plus précisément, pour les trois disciples Pierre, Jacques et Jean, destinataires principaux de sa ‘métamorphose’, de sa transfiguration.

Et j’oserai aller un peu plus loin pour faire le lien avec la fin de l’évangile, la voix du Père qui retentit une seconde fois après le Baptême, mais avec un ajout d’importance : « Écoutez-le ». Écouter qui, sinon le ‘Logos’ universel, à la fois verbum et ratio, verbe et raison d’être de toute chose parce que tout a été créé par Lui, autrement dit le Verbe dans toute sa splendeur, le Christ. Eh bien, frères et soeurs nous tenons là une véritable recommandation de Carême pour notre année jubilaire de la miséricorde. Si nous écoutons les paroles de Jésus au plus profond de notre coeur et si nous les lettons en pratique, nous serons des hommes et des femmes de miséricorde, nous accomplirons les œuvres de miséricorde(Mt25).

En outre, au terme de cet évènement, de ce mystère lumineux, un constat s’impose : « Il n’y avait plus que Jésus, seul ». De fait, c’est l’ensemble du Carême qui nous invite à nous focaliser sur Jésus seul : écouter sa parole, imiter sa simplicité de vie,, le rejoindre dans la prière, aimer de sa charité en partageant avec les autres.*

Face à cette manifestation de gloire, nous nous sentons -certes- confortés dans notre foi. Mais c’est alors que se glisse une tentation subtile : celle de s’installer. Or si Jésus a fait gravir à ses disciples une montagne -lieu traditionnel de la rencontre avec Dieu, ce n’est pas pour y rester; il faut toujours redescendre dans la vallée, la plaine, la ville. Sinon, la montagne risque de devenir un refuge dont on a peur de sortir, ce qui interdirait toute mission à venir, tout témoignage.

Cela étant dit, les apôtres témoigneront, mais pas tout de suite : la Transfiguration était un avant-goût, une étape pédagogique pour soutenir leur espérance. Il faudra attendre la Mort/Résurrection du Christ pour qu’ils comprennent l’enjeu de cette aventure, l’étendue du salut réalisé par le Christ. Pour l’instant, ce n’est pas le calme qui précède la tempête, c’est le silence qui précède la Bonne nouvelle, la Parole.

Je crois que nous passons par cette tentation lorsque nous avons vécu une expérience spirituelle forte : nous aimerions prolonger cet état de grâce, que cela dure, alors que nous sommes dans l’euphorie et la paix aussi. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille et l’existence nous réserve bien des surprises, des difficultés, des épreuves…Sachons garder raison et la tête froide : notre comportement chrétien relève de la prudence, vertu cardinale par excellence et surtout de la confiance radicale, totale en Jésus qui sait où Il nous conduit, où Il me conduit; confiance en même temps dans le Père qui nous redit aujourd’hui : « Écoutez le ». Amen