Célébration de la Passion du Seigneur. Vendredi Saint

Couronné de Gloire

Célébration de la Passion
Le Vendredi de la Passion chez les Dominicains

Jn 18, 1-19

« Mon Royaume n’est pas de ce monde »

Vénération de la Croix
Vénération de la Croix

« Tout est accompli »

 

Chorale: Entrée de la Croix

Chorale: Dévoilement de la Croix

Chorale: Vénération de la Croix

Communion: Dans ton Royaume, souviens-Toi de nous Seigneur+

Homélie avant la lecture der la Passion par le frère Benoît-Marie Simon

Lorsque nous sommes confrontés à quelque chose qui nous dépasse, nous restons sans voix, du moins dans un premier temps. Et le fait de se précipiter pour parler est le signe presque infaillible ou bien qu’on ne s’est rendu compte de rien, ou bien qu’on ne veut pas se laisser toucher. Or, il n’existe rien de plus inouï et, en même temps, de plus profond que cette mort du Christ pour les pécheurs que nous sommes. Il faut donc, pour méditer ce mystère, commencer par se taire. Et lorsqu’on parle, il faut prendre tout son temps, de peur de tomber dans la caricature, les phrases toutes faites… et, du coup, de passer à côté de l’essentiel. Voilà pourquoi je n’ose pas commenter l’évangile de ce soir. Et je préfère vous inviter à imiter la Vierge Marie, c’est-à-dire à méditer longuement ces choses dans votre cœur.

Avec quand même une mise en garde : n’oublions pas que le Christ est Dieu ! Ce qui, en clair, signifie ceci : ne nous contentons pas d’admirer la patience du Christ et son désir de partager nos souffrances. Comme s’Il y était contraint ! Lorsque nous acceptons le martyre ou la mort, c’est parce que nous n’avons pas le pouvoir de les empêcher. Ce n’est pas le cas du Christ ! Il l’a répété plusieurs fois : « ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ». Une preuve, parmi d’autres, qu’il contrôle parfaitement ces événements : Lui seul a été arrêté, tandis qu’aucun de ses disciples n’a été inquiété.

Bref, notre méditation doit dépasser les apparences et s’ouvrir à cette vérité déroutante : parce que nous avons péché contre Lui, Dieu a voulu, dans la personne de son Fils, se laisser crucifier par ceux qu’Il est venu sauver. Lui le Tout Puissant. Pourquoi ? Qui d’entre nous, frères et sœurs, sera assez fou ou assez présomptueux pour s’imaginer avoir la réponse à cette question !

Ceci étant, l’Evangile est une bonne nouvelle et la Croix est : « notre unique espérance ». C’est ce que chante la liturgie ! Reste que, vous serez d’accord avec moi, il est bien difficile de le vivre en vérité ! Imaginez que vous soyez malade et qu’on vous annonce la visite d’un médecin extraordinaire et renommé, vous vous direz infailliblement : « ça y est je suis guéris ». C’est exactement ce que les apôtres attendaient du Messie. Alors, on comprend que lorsque celui-ci s’est laissé mettre à mort, ils ont été plus que déçus, ils ont été désemparés. Et si, à notre tour, nous ne le sommes pas, c’est peut-être parce que nous n’osons pas attendre tout de lui !

Mais comment mettre tous nos espoirs dans la croix ? Une chose est sûre : tant que nous voulons, à tout prix, le bonheur sur cette terre, cela est impossible. Ne l’oublions pas, la croix est, certes, la manifestation la plus parfaite de l’amour que Dieu éprouve pour nous pécheurs, mais c’est, aussi et en même temps, le paroxysme de ce dont la malice des hommes est capable, puisque ce sont eux qui, librement, volontairement, j’allais dire calmement, décident de le crucifier, même lorsque Pilate fait tout pour le relâcher.

Et si, d’aventure, nous cherchions à nous rassurer en pensant qu’il s’agit d’un accident qui ne se répétera plus, l’histoire se charge, de temps en temps, de nous rappeler de façon spectaculaire que la force redoutable du péché semble intacte.

Par exemple, il n’y a pas si longtemps, il y a eu les camps nazis. Et puis, on a tout fait pour oublier. Mais, rien n’y fait, la violence reparaît, sous d’autres formes. Bref, l’histoire se répète inlassablement, avec son lot de victimes.

Ainsi donc, personne ne peut vous promettre une vie heureuse, ou même simplement décente. Vous pouvez l’espérer, bien sûr. Mais, d’une part, vous n’avez aucune garantie ; et, d’autre part, vous n’ignorez pas que pour beaucoup de nos semblables cet espoir est une pure chimère. Par contre, quelle que soit la vie que vous avez menée, quelle que soit la situation dans laquelle vous vous trouvez, vous pouvez mourir comme le Christ est mort. C’est-à-dire d’une façon tout à fait nouvelle, puisque le Christ le Vendredi Saint a vaincu la mort ! De sorte que, mourir par une mort semblable à la sienne, c’est naître à la vie éternelle. Mais alors, en mourant ainsi, on est sûr d’avoir réussi sa vie !

Frères et Sœurs, n’oublions jamais cette vérité : on peut voler notre vie, personne jamais ne pourra voler notre mort ; et il ne tient qu’à nous de mourir avec le Christ pour ressusciter avec Lui, comme le bon larron.