Prédication du frère Damien Duprat le 25 avril, pour la fête de saint Marc (sur Mc 16,15-20)
« Proclamez l’Évangile à toute la création ! », dit Jésus à ses apôtres ! Le programme est ambitieux !
Mais au fond, pourquoi proclamer l’Évangile ? Une réponse rapide consisterait à dire : parce que Jésus nous le demande ! Mais cela ne fait que déplacer la question ; en effet, celle-ci devient aussitôt : pourquoi Jésus nous le demande-t-il ?
Ce n’est pas dans les habitudes de Jésus de nous donner des consignes d’action sans nous dire pourquoi ; et même quand il ne nous le dit pas explicitement, il nous donne d’une manière ou d’une autre les moyens de comprendre les raisons qu’il y a à agir comme il nous le demande. Quel que soit le précepte en question, il y a une première réponse simple à donner : si Jésus nous intime l’ordre de faire quelque chose, c’est parce que cette chose est bonne. Ensuite, bien sûr, il faut préciser, selon le contenu du commandement, en quoi consiste cette bonté.
Alors, posons-nous la question : en quoi est-il bon d’annoncer l’Évangile ? Qu’y a-t-il de souhaitable et même d’excellent dans le fait que d’autres que nous reçoivent de notre part le témoignage évangélique, par nos paroles et par nos actes ?
Si cette question nous laisse perplexes, peut-être avons-nous intérêt à formuler encore au préalable une nouvelle question : qu’y a-t-il de bon pour nous à croire à l’Évangile ? Ou en d’autres termes : qu’est-ce que cela m’apporte ?, comme on dit parfois.
A cette question, nous pouvons déjà répondre qu’il est au moins aussi profitable pour nous de croire en Jésus-Christ que de croire que la terre est ronde ou qu’elle tourne autour du soleil ! Je dis bien : « croire », car je n’ai pas vérifié cela moi-même par un voyage autour du monde ou dans l’espace ! Mais je fais confiance à d’autres qui ont fait ces observations pour moi ; je fais confiance aux personnes qui m’ont transmis cette connaissance, et je suppose que vous faites de même. Est-ce que nous ne sommes pas pleins de gratitude envers nos parents et nos professeurs de ne pas nous avoir laissés dans l’ignorance ?
Et si nous rencontrons quelqu’un qui est dans l’erreur en ce qui concerne notre planète et le système solaire, est-ce que nous n’allons pas immédiatement lui faire le cadeau de lui dire la vérité à ce sujet ?
Combien plus est-il opportun de le faire lorsqu’il s’agit de témoigner du Christ ! Le Fils du Père éternel nous a révélé le visage de Dieu et nous a ouvert le chemin qui conduit vers lui, pour qui nous sommes tous faits ! C’est un trésor que nous avons reçu ! En avons-nous bien conscience ?
Et de même que le Seigneur ne nous donne pas la science infuse en ce qui concerne la marche de l’univers, de même il ne se manifeste pas d’ordinaire à chacun directement. Ou s’il le fait, ce qui arrive quelquefois, ce n’est pas sans inviter le bénéficiaire d’une telle révélation privée à venir le rencontrer en chair et en os, par le biais de son corps mystique qui est l’Église. Nous en avons un exemple dans la conversion de saint Paul.
Nous pouvons être reconnaissants envers saint Marc d’avoir écrit son évangile et non seulement cela, mais aussi d’avoir témoigné du Christ par sa vie, et jusque dans la mort comme nous le rapporte la Tradition.
Concrètement, il ne nous revient pas d’écrire un évangile. En revanche, nous sommes bien concernés par cet appel du Christ : « Proclamez l’évangile à toute la création ». Le plus sûr moyen de le faire, c’est de laisser le Christ graver lui-même sa bonne nouvelle dans nos cœurs et dans nos vies.