Quarante jours… de Fr Denys Sibre.

Le Mercredi des Cendres, vu par Mado. (Souvenir de 2013)

Entrée en Carême

Mt  6, 1-6, 16-18

 » Ce que vous faites pour devenir des justes,

évitez de l’accomplir devant les hommes. »

 

Homélie de Fr Denys Sibre: Quarante jours…

Version phonique:

Version écrite:

Quarante jours…

   Une fois de plus, c’est le Carême ! Temps magnifique que ce temps qui s’offre à nous ! Quarante jours pour grandir ! Pour que se déploie un peu plus notre taille d’enfants de Dieu ! Quarante jours pour redonner à notre vie couleur pascale ! Vitalité évangélique, saveur chrétienne ! Quarante jours pour être un peu plus vrais dans ce que nous sommes et dans ce que nous faisons !

   Mais au début de ce Carême, nous sentons bien où le bât blesse. Osons le reconnaître, il y a en nous tant de choses à moitié vraies, à moitié fausses que nous ne savons peut-être pas trop par quel bout commencer et nous risquons de nous retrouver la nuit de Pâques en nous disant : ‟ pauvre homme que je suis, mon Carême a mal marché ! ”

   Pour que notre Carême marche un peu mieux, la sagesse millénaire de l’Église en s’appuyant sur ce que Jésus lui-même vient de nous dire, nous propose trois grands rendez-vous sur lesquels nous devrions être particulièrement vigilants : L’AUMÔNE, le JEÛNE et la PRIÈRE.

L’aumône : un mot usé… mais la réalité est toujours là. Sous le nom d’aumône, il s’agit de s’intéresser au prochain et de réapprendre car c’est toujours à réapprendre ‟ qu’il vaut mieux donner que recevoir ” comme Jésus l’avait dit lui même. Faire l’aumône, c’est peut-être et avant tout voir, voir l’autre dans sa réalité de pauvre, de malade, d’isolé, de réfugié. Le voir tel qu’il est. Non pas de loin mais de tout près. Et sans commentaires. Faire l’aumône, c’est regarder l’autre avec ce regard qui fut celui là même du Christ, de ce Christ qui avait les entrailles remuées au vu de la misère qui l’entourait. Faire l’aumône, c’est finalement résister à cette tentation qui nous habite tous et si souvent : ne nous intéresser qu’à nous. Ne vivre que pour nous.

L’aumône mais aussi le jeûne. Là encore un mot qui date… mais qui n’a rien perdu de son actualité. Il ne s’agit pas ici de brimade du corps. Il s’agit plutôt de vivre mieux. De vivre à un autre régime. Alors concrètement qu’est-ce-que le jeûne ? Chacun saura bien trouver le jeûne qu’il doit pratiquer: peut-être de nourriture, peut-être de télé, peut-être d’internet… plus sûrement encore jeûner de vengeance, d’envie de revanche, de critique, de jugement, de vantardises… Bref, c’est toute une manière de vivre qui est invitée à jeûner pour être mieux ajustée à l’essentiel et sans doute pour avoir un peu plus faim et soif de Dieu, un peu plus fin et soif de l’Évangile, un peu plus faim et soif de sainteté. Finalement, c’est reconnaître que l’homme que je suis ne vit pas seulement de pain et des idées qu’il se fabrique et qu’il se donne mais d’abord de la parole qui sort de la bouche de Dieu.

– Si nous avons cette attitude qui s’appelle l’aumône, si nous savons jeûner, nous saurons aussi prier. Tout au long de ce Carême, essayons de redécouvrir une prière qui ne se paie pas de mots. Oui essayons de redécouvrir la prière vraie qui n’est autre que cette attitude qui consiste à se mettre humblement en présence de Dieu, de ce Dieu Vivant qui n’est pas moins qu’un Ami pour nous, un Ami à qui on peut tout confier et qui ne fermera jamais sa porte et qui nous donnera toujours les vivres dont nous avons besoin pour la traversée de nos déserts.

   Pendant ces quarante jours, donnons davantage de place à la lecture méditée de la Parole de Dieu, à l’oraison silencieuse. Notre Carême ne s’en portera que mieux.

   Ne jamais douter de la miséricorde de Dieu !

   Si nous arrivons à honorer ces trois rendez-vous qui s’appellent l’un l’autre quelque chose serait sans doute changé dans nos vies. Et si nous n’y arrivons pas ! La seule chose qui nous resterait, ce serait de ne jamais douter de la miséricorde de Dieu !

   Pour le moment, je nous souhaite un bon Carême. Dans la joie et la discrétion puisque l’Évangile de ce jour nous y invite. Et que nos yeux regardent au loin… Déjà brillent les lumières de Pâques !

Denys Sibre op.