Qu’est-ce que la prière ? de Fr Rémy Bergeret

La veuve et le juge inique.

H.FÜLLMAURER- XVI° Siècle. Détail du Retable de Montbéliard

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Lc 18, 1-8

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? « 

Enregistrement et texte de la prédication:
Qu’est-ce que la prière ?
        Autant de définitions que de croyants ? Si j’ose faire un emprunt au bienheureux Charles de Jésus, je dirai : « prier, c’est penser à Dieu en l’aimant » : penser à Dieu non pas au sens d’une fixation sur Dieu en soi, mais dans un élan d’amour. Cette définition s’applique-t-elle aux deux formes principales de la prière, à savoir le merci et la demande, l’action de grâces et l’intercession ? Pour l’action de grâces face aux dons reçus la vie, la Création, ce sera assez facile d’aimer Dieu. Mais dans l’intercession où nous sommes en attente d’être exaucés, nous serons tentés : « je t’aimerai quand tu m’auras répondu ». Avouons-le, notre relation à Dieu est souvent très intéressée, très immédiate et nous avons d’abord des choses à lui demander, le merci suivra, s’il suit…
        Or il y a un ordre dans notre vie spirituelle : de même que les laudes précèdent les vêpres avec leurs couleurs propres, de même que la grâce est première sur le péché et le bien sur le mal, ainsi l’action de grâces doit précéder l’intercession dans notre prière, notre relation à Dieu. Au final, je dois aimer Dieu pour ce qu’il a fait pour moi, pour ce qu’il fait et pour ce qu’il fera pour moi.
        La leçon principale de l’évangile de ce jour est donnée par Jésus dès la 1ère phrase : « la nécessité de toujours prier sans se décourager », Paul reprendra cela dans son « priez sans cesse ». Ce qui ne signifie pas « priez nuit et jour » : quand je dors, je dors ; quand je ronfle, je ronfle. Mais priez à tout moment favorable qui se présentera ; en ce sens, l’intercession ne connaît pas de véritable pause.
        En même temps, Jésus évoque clairement la possibilité de se décourager, mais qu’est-ce qui peut -en fait- nous décourager ?
1) d’abord les circonstances du monde, des événements qui coupent notre élan, ‘douchent’ notre enthousiasme
2) ensuite la lassitude et progressivement le doute qui peut s’installer dans la durée : ma prière est-elle efficace, quand Dieu va-t-il exaucer ma demande et parfois Dieu va-t-il vraiment l’exaucer ?
        Alors, il faut se souvenir que Dieu n’est pas un distributeur automatique de grâces, il nous exauce quand il veut, comme il veut et souvent de manière inattendue ; il fait appel à notre persévérance, qui relève de la confiance, de la fidélité, de la foi tout simplement : sera-t-elle encore présente quand le Fils de l’homme viendra ? Ce n’est pas une question en l’air, fictive. Du point de vue de Dieu, tout a été révélé, communiqué. Mais si la foi est un don, une grâce de Dieu, elle est aussi réponse, acte humain et du côté de l’homme, rien n’est totalement prévisible, assuré.
Examinons maintenant la pointe de cette parabole.
        Nous ne savons pas toujours quoi demander, la veuve si : qu’on lui rende justice contre son adversaire. Quant à Dieu qui sonde nos reins et nos cœurs, il sait exactement ce dont nous avons besoin. A la différence du juge qui cède par lassitude et pour avoir la paix. Dieu ne se lasse pas de nous répondre, de nous donner, de nous par-donner (pardonner).
        En revanche, l’exemple de la veuve manifeste une belle persévérance, une réelle constance. Ce sont deux qualités essentielles de la prière d’intercession qui font que nous ne sommes pas les hommes d’un moment, d’un instant. Oui, Dieu est présent dans notre quotidien et il nous faut discerner les signes, les traces de sa présence. Encore faut-il que nous soyons nous-mêmes présents à ce quotidien réel, concret. Que l’Esprit saint qui est finalement l’unique chose que nous ayons à demander à Dieu et qu’il nous accordera en abondance, que l’Esprit saint oui, nous aide et soit notre lumière !

Fr Rémy BERGERET op.

Lien vers la liturgie florale du jour: La veuve persévérante