Temps et éternité

Vendredi 27 novembre 2020
Férie de la 34è semaine du Temps Ordinaire
Ap 20,1…21,2 ; Ps 83 ; Lc 21,29-33
Homélie du frère Jean-Marc Gayraud


Dieu nous a donné ce temps qui passe pour nous préparer à ce qui ne passe pas. C’est le temps de la maturation, de la gestation. Temps nécessaire, quelle qu’en puisse être la durée, pour que le fruit puisse voir le jour. Déjà le bourgeon l’annonce et le porte en Lui. C’est ainsi que le commencement d’éternité se joue tout au long de cette vie. Toute durée est d’ailleurs si relative à cette éternité que sa brièveté ou sa longueur compte peu en vérité. Ce qui compte, c’est cette marque d’éternité que Dieu imprime au temps passager. C’est la Parole de Dieu qui demeure éternellement, qui est Esprit et Vie à même la chair et le sang. Parole qui vient façonner en vue de Dieu notre cheminement ici-bas. Ce qui passe ouvre dès lors sur l’éternité et la précarité même de ce monde dispose à la remise de notre vie entre les mains de Dieu.

Cet évangile, ainsi que le contexte dans lequel il se situe, nous invite à ne pas laisser ce temps filer en dehors de sa promesse d’éternité. Il invite à l’urgence autant qu’à la patience. Urgence devant l’imminence de Dieu qui vient à nous et qui déjà s’annonce en toutes choses de cette vie et à chaque instant qui passe. Patience devant la nécessité de laisser au temps le temps de nous y préparer, de nous convertir, de traverser ces épreuves inévitables qui nous disposeront à voir Dieu face à face.

Mais c’est bien la paix et la joie qui prédominent ici. Joie frémissante d’une présence annoncée et assurée, attendue et imminente. Joie de se trouver déjà à quai, en pure grâce de Celui qui vient à notre rencontre. Joie qui change mystérieusement en elle toute tristesse, paix qui change mystérieusement en elle toute désolation. Désormais, la vie éternelle change la mort et l’éternité change le temps. La terre s’ouvre sur le ciel et le temps sur l’éternité. C’est pourquoi on ne saurait aimer le ciel sans aimer cette terre, mais on n’aime en vérité cette terre que si on aime le ciel venu habiter chez elle.

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