Appelés à la liberté

5 mars 2023 – 2è dimanche de Carême, année A
Gn 12,1-4a ; Ps 32 (33) ; 2 Tm 1,8b-10 ; Mt 17,1-9
Homélie du frère Arnaud Blunat



En ce 2ème dimanche de carême, nous avons entendu deux récits que rien ne semble relier : la vocation d’Abraham et la Transfiguration de Jésus.

Pourtant, dans les deux cas, il est question de marche, de confiance, de liberté.

Abraham entend l’appel intérieur à quitter sa terre, sa parenté, pour marcher vers un pays qu’il ne connaît pas. Il décide de couper avec son passé, l’attachement aux traditions ancestrales, le culte des dieux de ses pères.

Rupture décisive, acte de confiance fou en un Dieu qu’il va découvrir, promesse de bénédiction, gage de liberté,

Abraham devient le père de nombreux peuples reliés les uns aux autres par un ADN commun : la foi. La foi en un Dieu des grands espaces, un Dieu qui détruit les guerres, brise les murs de séparations, rassemble les peuples pour les libérer du joug de l’esclavage. Un Dieu qui invite à l’écoute, qui parle au cœur de l’homme, qui entre en dialogue avec lui.

C’est donc ce Dieu qui va se révéler d’étape en étapes, appelant à la confiance, suscitant le désir de liberté. Encore faut-il accepter de marcher hors des sentiers connus, consentir à aller vers là où Dieu nous conduira.

Les apôtres ont marché à la suite de Jésus. Ils ont fait confiance à cet homme qu’ils ne connaissaient pas et qui les appelait à vivre une expérience radicalement nouvelle de liberté.

Ils l’ont suivi jusque sur cette haute montagne où ils ont contemplé sa gloire.

La présence de Moïse et d’Élie les replonge soudainement dans les souvenirs de l’Alliance au désert. C’est désormais en Jésus, en sa personne, que s’accomplit cette alliance nouvelle et éternelle.

Cependant, l’annonce de ses souffrances et de sa mort est inaudible, incompréhensible pour les apôtres. La marche que Jésus leur propose devient irréelle. Comment celui qu’il ont confessé comme le Messie d’Israël pourrait-il mourir  de la main des hommes ?

La nuée lumineuse qui les enveloppe leur fait pressentir le vrai mystère de sa personne. C’est lui le Fils de Dieu, lui qui partage sa gloire de toute éternité avec le Père, avec lequel il n’est qu’un seul Dieu, le Dieu d’Abraham, qui accomplit sa promesse de bénédiction en associant tous les peuples à son règne.

La bénédiction de Dieu s’étend sur l’humanité entière. Elle n’abolit pas les histoires particulières des peuples, leurs traditions propres, leurs usages spécifiques, mais elle les assume dans une dimension plus haute : la vocation de fils de Dieu à laquelle tout homme est appelé dans le Christ.

Comme le dit la lettre à Timothée, que nous avons entendue en 2ème lecture :

« Dieu nous a sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce ».

Or, c’est bien dans le Christ que cette grâce est accordée. C’est en lui que nous trouvons la liberté des fils de Dieu. Cette liberté nous permet de ne pas rester prisonniers de nous-mêmes, de nos penchants mauvais, des péchés qui nous accablent. Elle est la force qui nous arrache au découragement, qui nous maintient dans l’espérance.

Dans cette expérience intérieure, le Seigneur nous assure de tout ce qui est nécessaire pour notre marche. Il nous assure de son amour, de sa protection, de sa sollicitude. A nous de savoir sans cesse demeurer en dialogue avec lui. A nous de savoir lui demander ce dont nous avons besoin et de savoir l’accueillir.

Mais surtout, cette grâce qui nous est donnée nous permet de regarder vers l’horizon ouvert par la Transfiguration. L’épreuve de notre vie sur la terre n’aura pas été vaine.

Nous sommes invités, non pas à dresser trois tentes, comme pour nous contenter de ce que nous pensons avoir, ou de ce que nous prétendons savoir, mais nous sommes invités à marcher à la suite du Christ, à le suivre jusqu’en sa passion, en sa mort, pour avoir part à sa résurrection.

Les apôtres ont été tenus au secret sur ce qu’ils ont vu et entendu, mais ils en ont témoigné devant tous après la résurrection.

N’est-ce pas une manière de nous dire qu’on est vraiment chrétien, disciple du Christ, en partant d’une vie intérieure, qu’on ne cesse de nourrir du mystère du Christ, de sorte que notre vie toute entière rayonne du Christ contemplé ?

Que notre marche de carême favorise cette rencontre confiante avec le Christ et fasse grandir notre vocation de Fils de Dieu appelés à la liberté !

Une réponse à “Appelés à la liberté”

  1. A cette lecture, je ne peux que dire Merci. Merci pour ces mots qui vont cheminer dans ma tête tout au long de ce Carême et espère s’imprimer durablement dans mon quotidien.

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