« Seigneur… à quand ton retour »? de Fr Matthieu Gauthier.

l’Époux arrive au milieu de la nuit.

Seigneur... à quand ton retour ?

Mt 25, 1-13

« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ».

Homélie dominicale de Fr Matthieu Gauthier:

Version phonique:

Version écrite:

« Seigneur… à quand ton retour »?

   Conclusion : Ne soyez pas en retard, vous risquez de trouver la porte fermée. En l’occurrence, nous avons laissé la porte de l’église ouverte pour cette éventualité, et en plus, ce ne sont pas les jeunes filles qui sont en retard, mais l’époux. La conclusion ne marche pas.

    Essayons autre chose : Ne partagez surtout pas votre huile, il n’y en aura de toutes façons pas assez pour tout le monde. Ça laisse un peu pantois ! Comme si on voyait tout de suite ce que représente cette huile et les réserves qu’on doit en faire. En plus, quel exemple de partage !

   Essayons encore autre chose : Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure. Or ces jeunes filles, elles se sont toutes endormis. Absolument toutes. Aucune d’elles n’a veillé.

   Alors ? Eh bien je suis bien désolé, mais il va falloir passer à autre chose. Je ne comprends rien à cette parabole. Certaines sont difficiles, mais celle-ci, pour moi, c’est le summum. Heureusement qu’il y a d’autres lectures à la messe, pour me ménager une porte de sortie.

   Voyons la lettre de s. Paul, si vous le voulez bien. Elle parle aussi d’une venue qui a l’air de tarder : ça tombe bien. Peut-être arriverons-nous à faire un lien, qui sait ?

   On voit bien dans cette lettre les préoccupations des thessaloniciens. Lettre écrite probablement très tôt après la première annonce que Paul, Sylvain et Timothée leur ont fait du Seigneur Jésus.

   Combien de temps ? Quelques semaines, quelques mois ? Difficile à établir. Mais pas beaucoup de temps. Et ces nouveaux disciples du Christ se posent déjà la question : Comment se fait-il que Jésus ne soit pas revenu ? On sent leur ardeur, leur impatience de cette venue : Seigneur, dépêche-toi ! Au point qu’ils sont inquiets pour ceux qui sont déjà morts : ils ne sont plus présents, et ils vont donc manquer la venue de Jésus.

   Saint Paul les rassure : Lorsque Jésus reviendra, les vivants ne précéderont pas ceux qui seront déjà morts. Au contraire, ils les suivront. N’ayez donc aucune crainte. Vous pouvez mourir sans inquiétude. Quand il reviendra, vous serez les premiers concernés.

  Quand nous parlons de cette venue, elle semble par contraste très hypothétique. Certains se demandent même si elle sera effective. Les gens peu catéchisés ne sont parfois même pas au courant de cette promesse de Jésus.

   C’est vrai que statistiquement parlant, vu qu’il n’est pas venu pendant les deux derniers millénaires, on perçoit moins qu’il pourrait revenir de notre vivant. Or c’est fondamental de garder cette possibilité du retour de notre vivant. S. Pierre va même jusqu’à affirmer à ceux qui estiment que Dieu est en retard : Il patiente, il patiente pour vous laisser le temps de la conversion. Et ce n’est pas incompatible avec notre éventuelle impatience de sa venue.

   Et lorsqu’il reviendra, comment ce sera ? Le psaume d’aujourd’hui me semble bien exprimer les conséquences de cette venue. D’abord, la joie. L’exultation des lèvres, les cris d’allégresse expriment ce qui peut nous combler, et qui nous comblera probablement bien au-delà de ce que nous pouvons espérer ou même imaginer.

   Cette joie est présente dans un festin qui rassasie. Ceci correspond bien à d’autres paraboles de Jésus à propos de la venue du Fils de l’homme comme pour un festin, voire un festin de noces, et encore plus, de noces royales. Que ceux qui ont de l’imagination la mettent en œuvre. La repas autour de la table ne sert pas seulement à se nourrir, mais à entrer en relation de communion. Et voilà la joie qui nous est promise.

   Paradoxalement, une autre image donnée par le psaume évoque l’intimité : Je me trouve à l’ombre de tes ailes. Tu me tiens au creux de ta main. Beau complément pour montrer que la relation que Dieu veut établir avec nous n’est pas une relation de masse, mais une relation personnelle. Sept milliards peuvent exprimer leur prière en même temps : Dieu les entend chacun. Il peut entrer en relation avec chacun de nous comme si nous étions uniques. De même, il nous invite chacun à ce festin.

   Cette invitation, Dieu l’anticipe ici-bas et aujourd’hui encore, il nous la fait entrevoir dans l’eucharistie, qui à la fois nous rassemble et nous nourrit, à la fois nous donne la joie de la communion mutuelle et nous visite dans notre intimité, en attendant qu’il vienne.

 Fr Matthieu Gauthier op.

Lien vers la décoration florale du jour: Prévoyance ou insouciance.