Accueillir la grâce

11 août 2024 – 19e dimanche du T.O., année B
1 R 19,4-8 ; Ps 33 (34) ; Ep 4,30-5,2 ; Jn 6,41-51
Homélie du frère Arnaud Blunat



Le discours du pain de vie ne passe pas ! Les juifs qui écoutent Jésus murmurent contre lui. Ils récriminent contre Jésus, nous dit S. Jean. Cela n’est pas sans rappeler l’attitude du peuple d’Israël dans le désert au temps de Moïse. Le peuple récriminait contre Dieu, parce qu’il ne comprenait pas pourquoi Dieu les avait emmené au désert.
Les juifs qui prétendent connaître Jésus, son origine, ne comprennent pas pourquoi il se dit l’envoyé du Père, pourquoi il parle de vie éternelle, de pain vivant.
Ce que Jésus leur répond constitue l’enjeu le plus important, le problème crucial qui se pose à tout homme : l’accueil de la grâce.
Jésus dit en effet : « personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi je le ressusciterai au dernier jour ».

En effet, soit on considère que Jésus n’est simplement qu’un homme, et alors son discours est d’une prétention incroyable, soit on considère qu’il est le Fils de Dieu, vrai homme et vrai Dieu, et alors on est prêt à le suivre, parce qu’on croit qu’il a les paroles de la vie éternelle.
Tant qu’on est enfermé dans un raisonnement humain, on ne peut accéder à la vérité sur le Christ.
La grâce de Dieu est nécessaire pour connaître Jésus et nous attacher à lui.
Mais comment cette grâce nous est-elle donnée ? Elle suppose une disposition intérieure, une capacité à se laisser toucher, se laisser conduire. Dieu ne pourra pas vraiment agir en nous si nous refusons de recevoir cette grâce dispositive. Dieu ne peut en effet forcer celui qui ne veut pas se laisser toucher. Il y a bien des choses qui peuvent empêcher la grâce de nous toucher, mais à tout moment nous avons la liberté intérieure de la recevoir.
Ainsi pour entrer dans le mystère de l’eucharistie, il faut pouvoir accueillir ce don gratuit du Père qui nous révèle son amour en son Fils.
Si nous sommes ici, si nous venons régulièrement célébrer l’eucharistie, c’est sans doute que nous avons su accueillir cette grâce. Nous avons en effet conscience que l’eucharistie est une force, un soutien pour notre vie. Elle nous aide à tenir dans les moments difficiles, dans les épreuves que nous traversons. Toutefois, elle n’est pas qu’un acte individuel, une démarche personnelle. Nous venons former ensemble le Corps du Christ et nous avons à nous soutenir mutuellement, à porter ensemble les besoins et les espoirs de l’Église et du monde, ce que nous exprimerons tout à l’heure dans la prière universelle. L’eucharistie nous rend membres à part entière de ce corps qu’est l’Église. Elle nous oblige donc et nous donne une responsabilité.

Étant membres de ce corps, nous recevons cette mission de témoigner de ce que nous recevons. « Devenez ce que vous recevez, vous êtes le Corps du Christ », dit Saint Augustin.

Notre but en venant célébrer l’eucharistie, c’est de faire partie du Corps du Christ dès maintenant sur cette terre, pour la vivre en plénitude au ciel, dans le Royaume.

Le but de notre vie n’est pas la réussite matérielle ou sociale de notre vie sur terre mais la participation à la vie du Christ ressuscité, lui qui a donné sa vie pour l’humanité en mourant sur la croix, lui l’agneau immolé pour nos péchés.

Force est de constater que la plupart de nos contemporains restent ignorants de ce mystère, qui est pourtant si essentiel. Beaucoup diront pourtant qu’ils sont croyants sans être pratiquants, mais que croient-ils ? En qui, en quoi croient-ils ? Ils n’ont sans doute pas rencontré le Christ, ils n’ont pas reçu cette grâce qui les attirera à lui.
Le monde qui nous entoure offre tellement de dérivatifs, de produits de substitution. Bon nombre de personnes se satisfont de loisirs sportifs, ludiques, de sorties culturelles, mais restent néanmoins sur leur faim sur un plan plus profond, à un niveau plus intérieur. Ils compensent alors ce manque par des recherches dans de multiples directions, alors que la source à laquelle ils pourraient s’abreuver est à portée de main. Dans cette société de surabondance, ils passent à côté de l’essentiel en méconnaissant la personne de Jésus, le pain vivant descendu du ciel.
Quant à nous, sachons être toujours reconnaissants de ce don inestimable. Vivons comme S. Paul nous y invite, sans amertume ni colère mais dans l’amour et le pardon à la manière du Christ.
Sachons témoigner combien le Seigneur est bon, parce que dès maintenant il nous donne d’expérimenter la douceur et la profondeur de son amour.

 

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