Assomption de la Vierge Marie

Assomption de la vierge Marie– Fermo Ghisoni da Caravaggio (xvième siècle).

Assomption de la Vierge Marie Fermo Ghisoni da Caravaggio (xvie siècle).

« Le Puissant fit pour moi des merveilles: il élève les humbles »
Lc 1, 39-56
Homélie de Fr Patrick-Marie BOZO: 
Assomption 
Que fête-t-on aujourd’hui ? La montée de Marie dans la gloire du ciel ? A sa résurrection le Christ nous a bien montré que nous sommes appelés à vivre dans un état bien différent que celui que nous avons sur la terre, que nous sommes appelés à partager sa gloire. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que Marie ait droit à la gloire du ciel.
Alors nous fêtons la montée de Marie dans la gloire corps et âme. Pour nos esprits occidentaux, effectivement, cela étonne un peu nous qui avons pris l’habitude de distinguer l’âme et le corps ; mais pour un sémite, pour la tradition biblique, l’homme est un tout, il n’est pas normal que l’âme se sépare du corps.
La révélation chrétienne est aussi bien opposée au spiritualisme qui nous assimile à des anges qu’au matérialisme qui nous fige sur terre. Ni animal évolué, ni ange déchu ne saurait définir l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Alors peut-être que nous fêtons le grand privilège que la Vierge Marie a eu de partager dès la fin de sa vie terrestre cet état glorieux corporel ?
C’est en effet un privilège. Pour nous il faudra attendre la fin des temps pour connaître cet état. Entre temps eh! bien nous serons dans cet état séparé qui n’est pas encore la plénitude.
Oui il y a un grand privilège fait à Marie, mais bon, elle avait déjà le privilège d’être Immaculée Conception, et Mère de Dieu, l’Assomption n’est donc que la suite logique de tous ces privilèges
Alors que devons-nous regarder aujourd’hui ? Quel miracle doit susciter l’émerveillement. Pour Bossuet, l’Assomption n’est pas un miracle. C’est plutôt la fin d’un miracle. En effet pour que la Vierge Marie soit emportée dans la gloire, il fallait que tout son être soit pris par la grâce, imprégné de grâce jusque dans les recoins les plus profonds de son être. Plus encore que son âme tout entière soit submergée par le présence divine. Ça nous le savons.
Mais ce que nous ne devons pas oublier c’est que la grâce n’est pas seulement un baume léger que le Seigneur viendrait nous donner pour nous aider à être nous-même, comme un jardinier arrose ses fleurs pour qu’elles poussent.
La grâce c’est un feu, (comme l’Évangile nous l’a rappelé hier) c’est le feu que le Christ est venu allumer sur la terre. Et le feu (je ne vous apprends rien) ça brûle et ça consume. Eh! bien pour la Vierge Marie non, le feu brûle mais ne consume pas.
Souvenez-vous du buisson ardent. Le feu divin embrase mais ne détruit pas. Pourtant il s’agit bien d’un vrai feu. Moïse lui-même a l’ordre de ne pas s’approcher.
La présence de Dieu est trop forte pour lui, il ne tiendrait pas. Nous non plus d’ailleurs.
La Vierge Marie elle, elle peut. Elle supporte le feu divin non seulement dans la gloire où son corps est en quelques sorte adapté à Dieu, mais même dès ici-bas. Aucune créature n’a mieux supporté l’immensité divine que la Vierge Marie.
Marie a été toute sa vie un buisson ardent. Vivre avec elle c’était vivre à côté d’un miracle permanent. On aurait pu se demander en la voyant comment elle faisait pour ne pas être emporté dans la gloire plus tôt.
Euh! en fait non. On ne se serait rien demandé du tout parce que franchement… Qui aurait soupçonné que le feu divin était à l’œuvre en Marie ? Qui aurait pensé en la voyant faire la cuisine (éplucher les carottes) ou changer Jésus que l’immensité divine était là ? Dans une créature aussi simple !
Si elle avait réussi à étrangler un romain par la pensée comme Dark Vador dans la guerre des étoiles je ne dis pas ! On se serait dit que la force était avec elle. Mais non, lorsque les romains crucifient Jésus, elle n’a fait que pleurer. Quoi de plus naturel…
Si, après le départ de son fils on l’avait vu fonder une communauté comme Mère Térésa, on l’aurait vu recevoir un prix Nobel ou je ne sais quel équivalent, on aurait peut-être pu penser qu’il y avait quelque chose de grand en elle, mais rien de tout cela. Si ! on peut peut-être lui attribuer la fondation de la première communauté chrétienne mais elle n’a pas fait cela en parcourant le monde, mais seulement en étant présente à la Pentecôte. Les actes des apôtres rapportent discrètement sa présence, rien de plus. Dieu aurait voulu se cacher il n’aurait pas fait autrement que de choisir Marie.
Le voilà le miracle : c’est que l’immensité de la gloire de Dieu s’accommode très bien d’une vie simple, de gestes humbles et d’un quotidien à première vue assez banal.
Dans le livre de l’Exode on s’étonne que le buisson ne brûle pas car on le voit enflammé par un feu dévorant ; mais avec la Vierge Marie le feu s’est fait discret, silencieux, mais il était pourtant bien là.
L’assomption n’est pas un miracle, c’est la fin d’un miracle disait Bossuet. Je me permettrais d’ajouter que l’assomption révèle le miracle permanent qu’était la Vierge Marie. Elle dévoile l’immensité de grâce cachée dans la vie simple de Marie.
Et corrélativement, cette assomption nous révèle que nos humbles vies et notre quotidien peuvent être le lieu de richesses immenses données par le Seigneur et c’est ce qui fonde toute notre espérance.
Fr Patrick-Marie BOZO op.
Lien vers la liturgie florale du jour: L’Assomption de la Vierge Marie