Confiance synonyme de foi… de fr Benoît-Marie Simon.

Confiance synonyme de foi

Destruction du Temple de Jérusalem par Titus

Destruction du Temple de Jérusalem par Titus.Tableau réalisé par Nicolas Poussin. 1594-1665

Lc 21, 5-19

 » Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom.
Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. « 

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Homélie dominicale

 

de fr Benoît-Marie Simon: Confiance synonyme de foi.

 

Version phonique: de Confiance synonyme de foi.

Version écrite:

Confiance synonyme de foi.

   Frères et sœurs, il faut reconnaître que cet évangile ne nous promet pas un avenir radieux. Bien au contraire ! Je ne vais pas discuter avec vous de la pertinence de ces prophéties, ou de la façon dont elles se réalisent. D’ailleurs, en règle générale, on ne juge pas l’Écriture, on la reçoit dans l’écoute humble de la foi.

   Et puis, de toute façon, les épreuves existent. Elles frappent même parfois lourdement certains de nos frères, plus que d’autres, sans que nous sachions réellement pourquoi ! Alors la véritable question est celle-ci : comment, dans ces moments-là, rester dans la paix, au fond de son cœur ?

   La réponse, il faut la chercher dans la Bible. Par exemple, en méditant sur deux personnages de l’Ancien Testament.

   D’abord, bien sûr, Job, sur lequel le malheur a fondu sans motif plausible. La preuve, lorsque les soi-disant amis de Job tentent de trouver des explications rationnelles, Job les récuse, les unes après les autres. Et Dieu ne lui donne pas tort sur ce point. Au contraire, Sa colère s’enflamme contre ces beaux parleurs.

   Que fait Job ? Il ose demander des comptes à Dieu. Attention, il ne condamne pas Dieu, sans appel. Il ne dit pas qu’il n’est pas question pour lui d’accepter ce qui lui arrive. Et, de son côté, Dieu ne reniera rien. En fait, à travers des paroles parfois violentes, Job crie simplement son incapacité à comprendre. Aussi demande-t-il à Dieu de venir l’illuminer, parce que, tout seul, il sait n’y arrivera jamais. Et c’est bien ce que Dieu fait.

   Reste à comprendre la réponse de Dieu. Pour cela, il faut s’arrêter, non pas aux paroles, un peu énigmatiques, que la Bible met dans la bouche de Yahvé, mais à l’effet qu’elles produisent sur Job. Cet effet, c’est la découverte faite par Job que, jusque-là, il connaissait Dieu par ouïe dire, tandis que, maintenant, il Le connaît en vrai. En d’autres termes, auparavant, dans ses rapports avec Dieu il s’appuyait sur l’idée qu’il s’était faite de Lui. Et, tout d’un coup, Dieu a fait voler en éclat cette idée, pour mettre son intelligence et son cœur en face de ce qu’Il est en vérité, dans sa transcendance qui surpasse tout ce que nous pouvons imaginer ou comprendre.

   Soyons plus précis. Une chose est ce que nous concevons de l’amour de Dieu, autre chose ce qu’est en réalité cet amour. Et c’est précisément ce que Job a expérimenté, lorsque Dieu est venu le visiter. Et cela change tout. En effet, tant qu’on affronte les épreuves en nous appuyant sur ce que nous comprenons de l’amour de Dieu, elles peuvent très vite nous apparaître absurdes et inacceptables, de sorte qu’il nous est difficile de continuer à croire que Dieu nous aime vraiment. En revanche, dès qu’on mesure, si peu que ce soit, la nouveauté de l’amour divin, on s’écrie comme Job :

   « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu. Aussi je me rétracte et m’afflige sur la poussière et sur la cendre« .

   Comprenons bien, Job ne s’écrase pas parce que Dieu lui aurait fermé la bouche en lui rappelant sa Majesté Infinie. Cela, c’est précisément ce que prêchaient les amis de Job. Job se tait, parce qu’il a confiance en Yahvé. Et il a confiance, parce que ce qu’il a saisi de l’amour de Dieu lui suffit pour accepter ce qui lui arrive, et regretter d’avoir douté.

   Deuxième exemple. Abraham, auquel Dieu demande de sacrifier son fils. Avec cette précision essentielle : ce fils n’est pas simplement l’enfant qu’il chérit, c’est l’objet de la promesse dont la réalisation s’est faite longtemps attendre, au point que Sarah n’y croyait plus. Et puis, maintenant, Dieu lui demande d’immoler ce Fils. Autant dire que Dieu se contredit, qu’Il ne tient pas Ses promesses, voire même qu’Il joue avec lui ! Pourtant, Abraham a espéré contre toute espérance. C’est-à-dire il n’a jamais cessé d’avoir confiance. Ou encore, ce qui revient au même, il n’a pas douté un seul instant de l’amour de Dieu pour lui. Par conséquent, il a su, avec les yeux du cœur, que ce que Dieu lui demandait, aussi absurde que cela puisse paraître, était juste et bon et que, forcément, la vie et l’amour en sortiraient vainqueurs.

   Reste la question : comment croire que quelqu’un qui se comporte de la sorte avec vous, vous aime ? Selon notre conception de l’amour, c’est impossible. Mais voilà, l’amour de Dieu est unique, et il ne faut pas Le confondre avec notre pauvre idée de l’amour. Eh bien, si Abraham n’a pas douté un seul instant, c’est parce qu’il connaissait cet amour dans sa source. La preuve, on lit dans la Bible ce passage extraordinaire où Yahvé ne veut pas détruire Sodome sans, d’abord, en parler à son ami Abraham. Et cela donne lieu à ce dialogue étonnant entre Abraham et Dieu, que vous connaissez bien.

   Frères et sœurs, plutôt que de chercher à tout prix à nous rassurer, ou, au contraire, à vivre dans l’angoisse, demandons à Dieu d’ouvrir les yeux de notre cœur à la réalité de Son amour, tel qu’il existe dans Son cœur divin, et qu’il ne faut pas confondre avec la représentation que nous nous en faisons dans notre tête, laquelle doit disparaître, comme le temple de Jérusalem. Alors, naîtra en nous la certitude invincible que « pas un seul cheveu de notre tête ne se perdra« . Et rien, absolument rien, ne nous fera plus douter de l’amour de Dieu et de l’attention avec laquelle Il nous protège. Il suffit ensuite, comme le promet la conclusion de cet évangile, de persévérer dans cette attitude pour « sauvez nos vies ! »

   Montre-nous ton visage et nous serons sauvés, dit l’écriture. On peut traduire : montre-nous ton amour dans sa source incréée, et nous comprendrons que, décidément oui, le joug du Seigneur est doux et son fardeau léger, et rien n’empêchera notre âme d’être dans la paix, quoi qu’il arrive !

Fr Benoît-Marie Simon op.

Lien avec la décoration florale du jour: Soyons persévérants…

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