Décès du frère Rémy Bergeret

Avec tristesse, mais dans l’espérance de l’éternité bienheureuse, nous vous faisons part du décès de notre frère Rémy Bergeret, le lundi 10 mai 2021, à la clinique du Millénaire à Montpellier.

Il était né le 30 avril 1955 à Beaune (21),
avait fait profession dans l’Ordre des Prêcheurs le 30 septembre 1980
et avait reçu l’ordination presbytérale le 29 juin 1985.

Arrivé au couvent de Montpellier en 2008, il en avait été le prieur de 2010 à 2016.

Vendredi 14 mai, de 17 h 30 à 18 h 30, nous vous proposons de vous joindre à la communauté pour un temps de prière dans notre église conventuelle, pour que le frère Rémy repose dans la paix.

Ses obsèques seront célébrées samedi 15 mai 2021 à 9 h 30 à la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier.
Il sera inhumé au cimetière Saint-Lazare à Montpellier.

Nous le confions à votre prière.

Mur peint du Centre Lacordaire, 6 rue des Augustins

15 mai 2021
Obsèques du frère Rémy Bergeret
à la cathédrale Saint Pierre de Montpellier
Rm 10,13-17 ; Ps 15 ; Jn 6,35-40
Homélie du frère Jean-Michel Maldamé

Chers amis, mes sœurs et mes frères,
Dans mon cœur, il y a des pleurs. Ce sentiment étant partagé par beaucoup d’entre vous, j’évoquerai des étapes de la vie de Rémy Bergeret – en toute simplicité et de manière toute personnelle.
La première fois que j’ai rencontré Rémy ce fut à Montpellier. Il était novice. Lorsque je faisais visiter la bibliothèque qui est de plain-pied avec la tribune de l’église, alors que nous étions penchés sur des livres, l’orgue a retenti. Rémy l’avait vu ; il était allé vers lui et fait quelques accords. L’instrument, alors inachevé, a donné de la voix. En rupture avec le silence coutumier, c’était pour moi comme la trace musicale du passage d’un ange – oui ! un ange au sens premier du terme : un messager de Dieu.
Puis le chapitre provincial m’a demandé de quitter Montpellier pour participer à la formation des frères à Toulouse où Rémy achevait son temps de formation théologique. Dans une situation lourdement grevée de carences et d’illusions, l’espérance était là avec Rémy et les frères dont le projet de vie était clair, sérieux et lucide : être frère prêcheur, messager de l’Évangile. Rémy partit pour les études théologiques complémentaires à Strasbourg. Pour son mémoire de fin d’études, il hésitait entre l’étude des mystiques rhénans et la question du rapport entre science et foi. Comme il n’était pas germaniste, je l’ai encouragé à prendre la deuxième voie. Il a pris comme sujet de mémoire l’Affaire Galilée mettant en œuvre les richesses de sa formation d’ingénieur des mines. C’est alors que fut fondé le « Groupe Albert le Grand » constitué de frères des provinces francophones intéressés par les questions théologiques liées aux sciences de la nature. Dans ce groupe, pendant plus de trente ans, Rémy a joué un rôle d’animateur, par son enthousiasme et sa rigueur – là encore c’était pour être messager de l’Évangile ; le propos étant de faire des sciences de la nature une source de vie et, au-delà de l’utile, ouvrir un espace où Dieu se donne à voir dans son œuvre, un Dieu de vérité, celle qui fait vivre. Une fidélité dans le combat de la foi qui s’annonçait difficile puisqu’au terme de ces études, Rémy fut envoyé à Marseille.
Là encore, j’étais de tout cœur avec lui – puisque j’avais œuvré à la restructuration de l’implantation dominicaine à Marseille, après les déchirures des années 70 et que j’en connaissais la difficulté. Je lui ai dit qu’il était comme l’alpiniste qui veut gravir « la face nord de l’Eiger ». Les décisions du chapitre provincial se mettaient en œuvre dans les douleurs de l’enfantement. Rémy fut un des piliers de la reprise de la vie conventuelle et du rayonnement apostolique. Il fallait de l’héroïsme. Il s’y usa généreusement et sa santé fut ébranlée.

Revenu à Toulouse, il était dans la nuit. Je me souviens de cette nuit avec lui dans le cloitre du couvent. Rémy était enroulé dans sa chape noire ; effondré et sans parole. J’étais avec lui sans rien d’autre à offrir que du silence et de la présence. Il accepta d’être soigné et il sortit de cette détresse et, là encore, je me souviens du moment où, dans le parc de la clinique, nous avons regardé la lumière dans les arbres illuminés par le soleil du printemps et je voyais de la lumière dans son regard. Plus encore. De cette plongée dans l’abime, Rémy sortit grandi. Il savait le prix de la vie dans sa fragilité. Libéré de toute suffisance, son cœur voyait plus profond et plus juste que ce qui s’apprend dans les livres. Habité par la lumière qui vient de la bonté, il était messager et témoin de la résurrection.
Rémy prit ma suite à l’aumônerie des étudiants (« Chrétiens en Grande École ») ; le voyant vivre, j’admirai la manière dont il le faisait. Voici un signe : quelle que soit l’heure (tardive, voire matinale) à laquelle il rentrait de ses rencontres avec les élèves ingénieurs, le matin il était présent à l’office de Laudes précédé par le temps de l’oraison. S’il n’avait pas scruté en érudit les arcanes de la pensée des mystiques à l’école de Maître Eckhart, il vivait la radicalité de ses exigences dans cette prière personnelle. Comme un ange de silence et de prière, Rémy portait dans son cœur le monde étudiant qui lui était confié. Sa générosité s’est élargie et il a assumé la charge de l’animation de ce que les Frères de Toulouse appellent « paroisse ». Tout le monde l’aimait en raison de sa grande bonté – Chez lui, jamais rien de dogmatique ni d’autoritaire, toujours le primat donné à l’Évangile dont il était le messager !
Rémy savait qu’un frère prêcheur est un homme de réflexion et de pensée. Il a entrepris de faire un doctorat en prenant pour sujet de thèse les relations entre science et foi chez Jean-Paul II. Elle était en cours de rédaction quand il a été envoyé à l’île de la Réunion. S’il l’a conduit à son terme, son travail n’a pas pu avoir l’ampleur espérée. J’évoque ce fait parce que, dans la générosité de son cœur, Rémy n’eut ni amertume, ni rancune. Il eut une reconnaissance : invité à une session plénière de l’Académie Pontificale des Sciences, comme « auditeur », il rencontra le pape Jean-Paul II. Au cours de la session, j’ai admiré sa manière d’être témoin avisé et éclairé de la fécondité de la relation entre science et foi, et cela en dialogue avec cet aréopage de scientifiques. Une autre reconnaissance de sa démarche est advenue avec son élection à l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Si le mot « ange » rime avec le mot « patience », la fidélité de Rémy à sa vocation de messager de l’Évangile est exemplaire.
Après avoir assumé pendant neuf ans la responsabilité de la communauté fondée à la Réunion, de retour en Métropole, Rémy devint un des piliers du couvent de Montpellier. Là encore, il fallait reconstruire après l’épreuve. Il a fait beaucoup pour que la paix revienne. Par sa générosité et le respect de tous, l’espérance est revenue et la sérénité retrouvée a permis le rayonnement conventuel – habité par le souffle de l’Évangile – comme les grandes ailes multicolores peintes par Fra Angelico.
Oui ! Je laisse parler mon cœur. Tout ce que je dis est sujet d’admiration et de reconnaissance. Et pourtant, mon cœur est dans les pleurs. Pourquoi le dire maintenant ? Je veux seulement exprimer ce que vivent beaucoup parmi vous et leur dire qu’ils ne sont pas seuls dans le suspens du temps dû au départ de Rémy, notre frère au cœur d’or.

21 commentaires à propos de “Décès du frère Rémy Bergeret”

  1. Très attristés par le départ de Rémy, nous partageons votre peine, et sommes en communion avec vous tous, nos frères de Montpellier. Nous ne pourrons pas, helas venir prier avec vous le jour de ses obsèques, car nous gardons des petits-enfants. Soyez assurés de notre profonde affection fraternelle.
    Françoise et Hervé Dubost

  2. Une pensée à vous tous ses frères d’aventure…
    Au delà des liens familiaux et de la force de l’esprit qui nous unissait, je serai présente.

  3. Toutes mes pensées et ma prière pour Frére Rémy. Que de la haut où il goûte la joie de son Seigneur il veille maintenant sur vous chers frères Dominicains et sur nous tous.

  4. Cher frère Remy
    nous sommes tristes de ton départ si impromptu, les moments passés ensemble l’ont étaient autour d’une table, lieu essentiel à la convivialité et au partage, l’espérance est une joie qui nous unit et qui fais sens, dans la communion de l’esprit de cette famille qui nous porte et qui nous nourrit, et c’est dans l’attente du Banquet où nous festoierons à la table du Seigneur !
    sincères Condoléances à sa Famille ainsi qu’à vous Frères Dominicains, nous comptons sur vos Prières.

  5. Rencontré dans le cadre des aumôneries étudiantes à Marseille à la fin des années 1980, fr. Rémy nous a préparés au mariage puis est venu célébré notre mariage dans l’Isère il y a trente ans. Nous garderons le souvenir d’un homme bon qui nous a beaucoup donné ! Soyez assurés de notre prière, vous ses frères dominicains ainsi que les membres de sa famille.
    Marie-Véronique et Emmanuel

  6. Bien attristés par le rappel à Dieu du frère Rémy qui a été notre premier curé à Rangueil tout jeunes mariés. Nous partageons votre tristesse. Rendons grâce à Dieu pour le sacerdoce du frère Rémy et pour tout le bien et la joie qu’il a donné tout au long de sa vie.
    Aude-Marie et Jean-Charles Paquin

  7. Très attristé par le départ du frère Rémy , je viens d’apprendre la triste nouvelle depuis Mayotte. Sincères condoléances à sa famille et aux frères Dominicains. Repose en paix Rémy après tout le bien et la joie que tu nous auras donné tout au long de ta vie.
    Pierre Karkos (pilou)

  8. Cher Rémy, le moment de ton départ pour : « rentrer à la maison »est une déchirure pour nous tous qui t’avons connu. Tu étais un des piliers de ce bon couvent dominicain de Montpellier. Quelle ambiance, quelle simplicité.Qu’est-ce que nous aimions venir chez vous, Francine et moi, toujours accueilli avec bonté et bienveillance. Sache que grâce à votre amitié sincère profonde et chaleureuse nous avons vécu des moments inoubliables. J’étais « chez moi ». Tu nous précède, nous te rejoindrons et ce sera pour une éternité d’amour.
    Bernard Geyler

  9. Il a laissé une si belle lumière sur l’île de La Réunion par sa simplicité, sa sympathie naturelle et son enseignement toujours accessible et profond… Tu nous manqueras. Au revoir frère Rémy. Prie pour nous là où tu seras. Que brille pour toi la Lumière sans déclin.

  10. Ne pouvant vous témoigner du réconfort, nous offrons, à votre Communauté, et en hommage à votre Frère, un beau poème amérindien :

    À ceux que j’aime, et qui m’aiment –

    Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
    Laissez-moi partir
    Car j’ai tellement de choses à faire et à voir !
    Ne pleurez pas en pensant à moi !
    Soyez reconnaissants pour les belles années
    Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
    Vous ne pouvez que deviner
    Le bonheur que vous m’avez apporté !
    Je vous remercie pour l’amour que chacun m’a démontré !
    Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.
    Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine.
    La confiance vous apportera réconfort et consolation.
    Nous ne serons séparés que pour quelques temps !
    Laissez les souvenirs apaiser votre douleur !
    Je ne suis pas loin et et la vie continue !
    Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
    Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je sera là,
    Et si vous écoutez votre cœur, vous sentirez clairement
    La douceur de l’amour que j’apporterai !
    Quand il sera temps pour vous de partir,
    Je serai là pour vous accueillir
    Absent de mon corps, présent avec Dieu !
    N’allez pas sur ma tombe pour pleurer !
    Je ne suis pas là, je ne dors pas !
    Je suis les mille vents qui soufflent,
    Je suis le scintillement des cristaux de neige,
    Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
    Je suis la douce pluie d’automne,
    Je suis l’éveil des oiseaux dans le calme du matin,
    Je suis l’étoile qui brille dans la nuit !
    N’allez pas sur ma tombe pour pleurer
    Je ne suis pas là, je ne suis pas mort.

    Voila,

    Très cordialement

    Martine Rebours, Eglantine et sa famille ..

  11. Nous garderons en mémoire Rémy et tous les bons moments que nous avons eu la chance de partager avec lui dans notre groupe de réflexion. Son humanité, son enthousiasme, sa bonne humeur, sa facilité à rendre les choses simples, son amitié fidèle, le soutien qu’il nous a apporté dans nos moments de questionnements notamment sur l’éducation des enfants et bien-sûr, sa gourmandise !
    Des pensées pour ses proches, amis et famille.
    Antoine & Joëlle Perrau

  12. Je viens d’apprendre votre décès Frère , d ici dans notre Île de la Réunion , je vous souhaite un bon repos . Merci pour toutes vos Homélies a la cathédrale de St dénis . Merci pour les ouvrages que vous nous avez laissé . Je n ‘ai rien oublié de vos conseils en confession . Je ne sais quoi dire d’autre , sinon que je suis triste , mais je vous dit a toujours .Marie pierre

  13. Nous nous souvenons des moments de partage avec Rémy, de nos échanges lors de soirées entre amis qu’il animait, de sa générosité et bonne humeur .
    Il nous a accompagnés chaque mois pendant quelques années à la Réunion et a été disponible, lorsque nous avons perdu notre fils pour préparer et célébrer ses obsèques à Montpellier …
    Toutes nos pensées à sa famille et à ses frères ,
    Repose en paix Rémy, tu nous précèdes, nous nous retrouverons

  14. La nouvelle du décès de Remi, que je reçois tardivement, me frappe beaucoup. Nous étions de la même génération. Nous avons vécu ensemble à Strasbourg et nous sommes revus à la Réunion et à Montpellier. Je sais qu’il a souffert mais on ne le voyait pas. Il y avait chez lui quelque chose de la joie évangélique de saint Dominique. fr. Philippe Denis, Pietermaritzburg, Afrique du Sud

  15. Monsieur Rémy BERGERET
    Cher Frère Rémy
    Merci pour votre bienveillante transmission
    Je garde vos écrits et partages de vos écrits… découverts à l’Ile de La Réunion en 2007
    Parmi ceux-ci : Esprit Saint… Es-tu là?

  16. Je garde un bon souvenir du frère remi car l en mai 2007 il était à la reunion il a baptiser notre fille emmanuelle .j’espere que d’où il est il veillera sur elle car on parle souvent du frère remi avec elle et elle ne se lasse jamais qu’on lui raconte le jour de son baptême .que dieu le garde et que nos pensées l’accompagne.

  17. Rémy,
    On se connaissait depuis des lustres : Rabat, Toulouse, Montpellier…
    Tu avais même baptisé notre petite dernière, à Toulouse…
    Je me faisais une joie de te revoir, à l’occasion de ma mutation à Montpellier, pour un dernier round avant la retraite. Mais c’est ainsi ! « Que ta Volonté soit faite, sur la Terre, comme au Ciel ».
    Tu es et demeure un Ami cher, un Frère en Christ, une Lumière dans ma Vie.
    A bientôt

  18. Rémy, l’ami Rémy ….comme nous aimions te le dire!
    Nous sommes sous le choc car venons d’apprendre tardivement ton départ….Etonnés, puis inquiets de voir que ton numéro ne répondait pas , nous avons fait une recherche sur internet qui nous annonçait ton départ en mai!
    Que de souvenirs partagés avec toi au Maroc alors que nous enseignons les maths au même lycée : ton questionnement sur ta vocation à ce moment-là , les virées dans le désert ensemble et bien des autres choses encore….
    Depuis, tu as toujours été fidèle, très fidèle …nous faisant toujours signe lors de tes passages à Paris …gardant toujours ta bonne humeur, malgré certaines périodes sombres et douloureuses parfois, malgré certaines évolutions de l’Eglise qui te blessait.
    Tu es resté toujours très humain, très ouvert, très compréhensif…
    Merci pour tout ce que tu nous as apporté humainement et spirituellement!
    Tu vas nous manquer et nous sommes tristes de n’avoir pas pu te dire « A-Dieu » .
    Nous t’espérons dans la Paix de Dieu.
    Emmanuel et Véronique Lapostolle.

  19. Je viendrai d’apprendre le décès du frère Rémy. Je l’ai connu alors qu’il était chargé de l’aumônerie des étudiants à la Réunion. On se croisait régulièrement lorsque j’étais représentant des étudiants au Crous et à l’université de la Réunion. J’ai aussi le souvenir d’avoir partagé avec lui l’honneur d’un article du magazine « Église à la Réunion » (signé Sonia Delcourt) sur l’engagement au service de l’autre. Si son engagement relevait de son engagement clérical et le mien était laïc, il n’en demeure pas moins que chacun à notre manière cherchait à faire vivre le message d’amour pour notre prochain que l’on tient de Jésus. Je présente mes condoléances à sa famille et aux frères qui l’ont connu. Qu’il puisse reposer en paix, il a achevé son Chemin. Nous autres devons poursuivre le nôtre et laisser le Christ faire, par nous, ses œuvres. Que les jeunes générations des frères dominicains, particulièrement le célèbre youtuber, fasse preuve de la même mesure et objectivité du frère Rémy dans son expression.

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