Dieu seul peut nous rendre justes…
Un publicain et un pharisien montèrent au temple pour prier.
» Quand ce dernier ( le publicain ) redescendit dans sa maison,
c’est lui qui était devenu un homme juste,
plutôt que l’autre « .
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de fr Damien Duprat: Dieu seul peut nous rendre justes.
Version phonique:
Version écrite:
Dieu seul peut nous rendre justes.
Qu’est-ce qu’il est à plaindre, ce pharisien ! Je vois deux raisons de le plaindre.
Il serait tout surpris d’apprendre qu’il a besoin d’être rendu juste !
D’abord, il est dans l’illusion, dans l’erreur ; il se trompe sur sa propre situation. Il serait tout surpris d’apprendre qu’il a besoin d’être rendu juste ! En fait, il croit être bien-portant, mais il est plutôt un malade qui s’ignore. Quand c’est le Dr Knock qui dit cela, dans la pièce de Jules Romains, on a des raisons de se méfier ; ce qui intéresse le Dr Knock, c’est moins la santé de ses patients que leur porte-monnaie. Mais quand c’est Jésus lui-même qui le dit, en parlant cette fois de la santé de l’âme, cela nous pousse à réfléchir. À part la Vierge Marie, quelle créature humaine peut prétendre ne pas être atteinte par quelque maladie de l’âme, quelque travers de cœur ?
Voilà donc une première raison de plaindre ce pharisien : il est, si vous me passez l’expression, à côté de la plaque !
Et à cause de cela, quand il quitte le Temple après sa prière, ce pauvre homme n’a pas été rendu juste ; voilà une deuxième raison de le plaindre !
Ceux qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres.
C’est une parabole, mais bien sûr ce pharisien n’est pas un personnage complètement fictif. D’ailleurs l’Évangile nous dit bien que Jésus a dit cette parabole à l’intention de ceux qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres. Donc, parmi ses auditeurs, certains étaient visés par Jésus ; espérons d’ailleurs pour eux qu’ils ont compris et que cela leur a permis de changer d’attitude.
Évidemment, se sentir visé par des reproches, ce n’est pas très agréable ; ça vient chatouiller notre amour propre, à moins que ça le grattouille ? (ça, c’est pour ceux qui connaissent la pièce de Jules Romains).
L’erreur disparaît et la vérité apparaît.
Et pourtant, on a toujours intérêt à écouter Jésus quand il démasque ce qui ne va pas chez nous, quand il met au jour des mécanismes défectueux à l’œuvre dans nos cœurs. Quand Jésus fait cela, il répond au premier problème dont j’ai parlé pour ce Pharisien : le fait qu’il est dans l’illusion. Grâce à la lumière que Jésus apporte, l’erreur disparaît et la vérité apparaît, et cette vérité, c’est que ce Pharisien est un pauvre pécheur comme chacun de nous.
Mais Jésus, dans sa bonté, ne se contente pas de résoudre le premier problème ; il ne se contente pas de nous montrer que nous sommes pécheurs. Jésus nous offre aussi la possibilité de devenir justes, vraiment justes ! Il a la puissance d’aller chercher telle personne qui est loin de lui, tel criminel, tel pécheur endurci, et de le conduire pas à pas vers une vie meilleure, et même vers la sainteté !
Les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints.
Connaissez-vous le Bienheureux Jean-Joseph Lataste ? C’est l’un de nos frères, un frère dominicain du XIXe siècle, qui a été chargé de rendre visite à des femmes détenues à la prison de Cadillac, près de Bordeaux. L’expérience de ce ministère l’a amené à un constat plein d’espérance ; il disait : « les plus grands pécheurs, les plus grandes pécheresses ont en eux ce qui fait les plus grands saints ; qui sait s’ils ne le deviendront pas un jour ? » Le P. Lataste a d’ailleurs fondé la congrégation des dominicaines de Béthanie, qui existe toujours et qui accueille notamment, mais pas seulement, d’anciennes détenues réhabilitées.
Aucun d’entre nous n’a le pouvoir de se rendre juste lui-même.
Telle est donc la vérité que Jésus nous enseigne aujourd’hui : aucun d’entre nous n’a le pouvoir de se rendre juste lui-même. Bien sûr nous avons le pouvoir de nous prendre pour des justes, ou de nous imaginer que nous pouvons le devenir sans l’aide de Dieu ; mais c’est simplement faux. Il ne s’agit pas de nous culpabiliser à outrance ; il s’agit seulement d’avoir les yeux ouverts sur la réalité, de reconnaître notre incapacité foncière à nous rendre justes nous-mêmes. Seul le Seigneur a le pouvoir de ramener à lui les pécheurs que nous sommes.
Nous avons donc besoin d’accueillir la grâce de Dieu comme des enfants, des enfants bien-aimés de notre Père céleste. D’ailleurs, savez-vous ce qui vient dans l’Évangile juste après le passage que nous avons entendu ? C’est Jésus qui nous dit que celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas (cf. Lc 18, 17 ).
Pour nous aider à accueillir le Royaume de Dieu à la manière d’un enfant, nous avons l’exemple et la prière de la Vierge Marie. Tout à l’heure, je vous disais qu’elle n’était atteinte par aucune maladie de l’âme, contrairement à nous. Mais elle a en commun avec nous de ne pas tenir sa sainteté de ses propres forces, mais de la bonté du Seigneur. Elle en était parfaitement consciente, c’est pourquoi elle a chanté pleine de joie dans son Magnificat : « le puissant fit pour moi des merveilles ; saint est son nom ! […] il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles ».
Fr Damien Duprat op.
Lien vers la décoration florale du jour: La vraie prière…