Baptême de Jésus
Pourquoi demander le baptême aujourd’hui ?
Autrefois on baptisait les nouveaux nés et en même temps on leur donnait un nom.
Aujourd’hui, beaucoup d’adultes ne sont pas baptisés. Un jour, il arrive que certains font la rencontre du Christ. Rencontre aux causes multiples : le témoignage d’un chrétien, la découverte de la Bible, une célébration… pour notre Yacine, c’est la sociologie et la pensée de René Girard. Cela ne s’invente pas.
Mais, la foi ne vous suffit-elle pas ? Que faut-il encore un rite ? L’essentiel n’est-il pas de croire en son cœur, de méditer l’Évangile, de s’en nourrir, de s’en inspirer comme une lumière de discernement, et de prier le Seigneur en lui confiant notre vie ? L’essentiel n’est-il pas là ? Que faut-il encore du sacrement du baptême ?
Ces questions sont loin d’être sottes.
Elles sont l’occasion de nous demander ce que signifie le baptême ? Occasion aussi de remarquer au passage que Jésus a été baptisé, et pour qui veut être son disciple, il y a sans doute là, un enseignement.
Qu’est-ce que le baptême de Jean ?
C’est un baptême de purification : des hommes, des femmes, se reconnaissaient traversés, habités, hantés peut-être par des mauvaises idées, des idées noires, parfois des idées méchantes, des injustes colères, l’esprit envieux ou jaloux, vaniteux ou ripou, des réactions sadiques ou intolérantes… parfois, on consent que l’on est bien lent à rendre service, infidèle en amitié ou en amour… Se pose alors une question : de tout cela, est-ce je peux être purifié ? Est-ce que je peux être lavé ?
Le baptême répond oui : Ce baptême lave des maladies du cœur, de notre Alzheimer spirituel, de notre schizophrénie existentielle, du terrorisme des ragots et de la médisance, de l’indifférence aux autres, de nos visages funéraires, pour reprendre quelques-unes des maladies de la Curie pointées par le pape, mais qui bien sûr sont aussi pour ne pas dire avant tout, les nôtres.
Je demande donc le baptême pour être lavé de tous ces maux.
Imaginez chers amis comme elle devait être polluée cette eau qui coule dans le Jourdain… Pas étonnant finalement que la mer dans laquelle se jette l’eau du fleuve ait pour nom : « la mer morte » : toutes ces maladies sont celles de la mort.
Demander le baptême, c’est donc demander au Seigneur d’être lavé de l’égoïsme originel.
Mais le baptême que Yacine et Alicia vont recevoir à Pâques, n’est pas le baptême de Jean. C’est un baptême au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. C’est le baptême de la Pâque du Christ. Car, si aujourd’hui nous fêtons le plongeon du Christ – le Christ qui a plongé dans les eaux polluées du Jourdain pour se revêtir de notre misère – le Christ a aussi plongé dans les affres de la mort. C’était un vendredi, vers la neuvième heure.
Le baptême au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit
Le baptême en effet est un sacrement non dénué de gravité. En baptisant les bébés, on a fini par voir en ce sacrement le sacrement du « hareu hareu, comme il est joli le petit »… Mais il y a une gravité, car il n’y a pas plus grande gravité que la mort. Or, le baptême est le sacrement de la Pâque du Christ, et il est son plongeon, son passage dans la mort.
Je m’explique. L’eau n’est pas l’environnement naturel de l’homme. C’est vrai, l’eau est symbole de la vie, mais dans l’eau nous mourons. Plonger dans les eaux du Jourdain puis en sortir, c’est comme entrer dans la mort pour en resurgir, vivant, vainqueur.
Yacine, Alicia, le baptême pour lequel vous vous préparez est déjà une petite Pâque, il est une préfiguration de ce jour où vous traverserez la mort pour en ressortir à la suite du Christ, vivant, ressuscité. Par le baptême, déjà vous vivez quelque chose de la Pâque que le Christ a déjà vécu. En demandant le baptême, vous dites : je crois que le Christ est vivant et qu’il me veut vivant et qu’il me ressuscitera après ma mort.
Pour autant, le sens donné au baptême de Jean n’est pas totalement évincé. Il y a quelque chose du vieil homme qui est noyé dans le baptême auquel vous vous préparez. Car il est une naissance nouvelle. Puisque je suis configuré à toi Seigneur, alors, oui, je peux dire que désormais, c’est toi, le ressuscité, qui vit en moi. Qu’est-ce à dire ? Beaucoup de choses… et nos prédications du dimanche ne cessent de le décliner. L’Évangile d’aujourd’hui nous en donne une déclinaison.
Les cieux ouverts
L’évangéliste précise en effet qu’à la remontée de Jésus, les cieux se déchirèrent : ils s’ouvrirent donc. Ils étaient jusqu’alors fermés. Dans le baptême, les cieux s’ouvrent pour chacun d’entre nous. S’ils restaient fermés, cela signifierait que notre horizon resterait sombre, qu’il serait sans espérance. Mais ils s’ouvrent. Tout est possible. Ces cieux ouverts ils l’ont été pour les bergers à la Nativité de Jésus, pour les mages quand ils ont vu l’Étoile qu’ils ont suivi, pour Jean-le-Baptiste, pour Etienne qui dit « je contemple les cieux ouverts », et aussi pour nous à l’heure de notre baptême où nous réalisons qu’il y a quelque chose de grand à vivre, et qu’une vie nouvelle est possible. Le vrai changement, c’est le baptême.
Par le baptême, nous appartenons à l’homme nouveau, et nous devenons membre de l’Église. L’Église est comme une chaîne, et le baptisé est un de ces chaînons, l’Église est comme un corps et le baptisé devient un membre de ce corps. Quant à celui qui est à la tête de l’Église, ce n’est pas le pape comme certains le pensent, mais c’est le Christ. Appartenir à l’Église, c’est appartenir à quelque chose de plus grand que soi, qui nous fait devenir plus grand que ce que nous sommes ou plus exactement qui nous fait devenir ce que nous sommes mais qui est caché, voilé, dissimulé par nos vues courtes ou nos conforts bourgeois.
Voilà la signification du baptême auquel vous vous préparez. Quant à nous tous, sachez que vous nous stimulez. Vous nous invitez à reprendre conscience de ce que Dieu fait pour nous ; il nous rappelle que notre baptême n’est pas un événement du passé ou de notre enfance, mais qu’il s’actualise tous les jours. Tous les jours, on devrait d’ailleurs se rappeler la date de son baptême. Je suis un baptisé, cela veut dire que je sais que je suis un homme, une femme pardonné, que j’ai été lavé de mon égoïsme foncier, que je suis porteur d’espérance, je suis une lampe qui porte la lumière, que je suis capable de reconnaître dans le pauvre, le faible, le démuni le visage de Dieu, le visage du Christ, que j’ai du sel en moi, non pas celui de la mer morte, mais le sel qui donne de la saveur à ma vie et au monde.
Alors avez-vous besoin du baptême ? Avec cette deuxième étape, vous continuez de répondre oui. Et viens le temps de la prière d’exorcisme. Sur la dizaine de prières proposées, celle que je vais énoncer a été choisie par vous. C’est vous qui m’avez demandé que je prononce les paroles que je vais prononcer sur vous maintenant. Qu’il en soit selon votre désir.