La condition nouvelle du Ressuscité

Prédication du frère Benoît-Marie Simon pour le mardi de Pâques (sur Jn 20,11-18)


la condition de la résurrection

Que d’énigmes dans cet épisode de l’évangile !

Marie découvre que le corps de Jésus n’est plus là, et, apparemment, à aucun moment, elle n’imagine qu’Il est ressuscité !
Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, Jésus a fait sortir du tombeau son ami Lazare. Et puis, à cette occasion, on découvre que Marthe croit en la résurrection « au dernier jour ». Mais surtout, à ce moment, elle a entendu le Christ préciser : « Je suis la résurrection, qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » !

Les personnes présentes ont-elles saisi tout ce que ces paroles signifiaient ? Probablement pas ! Ont-elles gardé ces choses dans leur cœur en les méditant, comme on le fait lorsqu’on sent bien que le sens profond de quelque chose nous échappe ? On peut le penser !

D’ailleurs, lorsque Marie s’aperçoit que l’homme, bien vivant, qui l’appelle par son nom est le Christ, elle ne tombe pas des nues, elle ne fait aucune difficulté pour se rendre à l’évidence. Pourtant, habituellement, quand on ne croit pas à quelque chose, il nous faut du temps pour reconnaître que nous avions tort. Et souvent, même, on s’enferme, d’une façon butée, dans le déni !

Tout ceci pour dire que Marie n’a certainement jamais imaginé que la mort du Seigneur était synonyme de disparition pure et simple, ni que la mort avait le dernier mot. Mais, elle butait sur cette question, qu’elle ne savait pas résoudre : où et comment le Christ vit-il désormais ? Dans quelle condition ? Et encore, et surtout : quel contact peut-on désormais avoir avec Lui ? Cela compte pour elle. La preuve, dès qu’elle Le reconnait, elle veut Le toucher, c’est-à-dire jouir de sa présence comme au temps où Il était avec eux. Or, le Christ l’en empêche ! Non pas parce qu’Il ne veut plus de cette intimité avec elle, mais parce que, s’Il est sorti du tombeau, ce n’est pour reprendre sa vie d’autrefois. En clair, Il n’est pas ressuscité comme Lazare, qui a dû mourir ensuite pour de bon. Le Christ ressuscité entre maintenant, corps et âme, dans la vraie Vie, celle qui ne passe pas, celle qui dure éternellement, c’est-à-dire celle de la Gloire du Ciel !

En même temps, Il ne dit pas à Marie de Magdala : Je m’en vais et nous ne nous reverrons qu’à la fin des temps ; lorsque, vous aussi, vous ressusciterez. Il lui demande d’avertir les disciples, auxquels, nous le savons, Il se manifestera plusieurs fois…
Bref, ce qui pose problème, ce n’est pas le fait de la résurrection, mais la condition nouvelle dans laquelle se trouve le Christ et le type de rapport inédit, entre Lui et nous, qu’elle inaugure.

Au fond, Marie était enfermé dans l’idée qu’il y avait, d’abord, le temps de la vie ici-bas ; et puis, ensuite, après, plus tard… celui de la Vie éternelle. Avec cette conséquence, qu’en attendant, il faut prendre son mal en patience et vivre dans l’espérance.

Et pourtant, le Christ l’a répété sans cesse : le Royaume des Cieux est au milieu de nous, et les violents s’en emparent, maintenant ! On l’aura compris, ce Royaume est présent dans la personne du Christ. Il faut donc dire ceci : dans la foi, alors même que nous sommes encore sur la terre, il est possible d’entrer vraiment en contact avec le Christ glorieux, comme on entre en contact avec une personne réelle, et non simplement comme on cultive le souvenir de quelqu’un qu’on espère revoir un jour, en s’efforçant de l’imiter, de suivre ses enseignements, de le retrouver dans ses frères… D’où le cri du cœur de saint Paul : pour moi vivre, c’est le Christ. D’où, surtout, l’eucharistie, dans laquelle le Christ, dans la condition glorieuse qui est la sienne désormais, se donne à manger, sous les apparences du pain et du vin !

Rien d’étonnant, frères et sœurs, s’il a fallu du temps, à Marie de Magdala ainsi qu’aux disciples… pour réaliser cela !
Que l’Esprit Saint ouvre les yeux de notre cœur, afin que, dans la foi, nous entendions le Christ nous dire : voici que je me tiens à la porte, et que je frappe… Faute de quoi, la certitude de la résurrection du Christ sera pour nous une vérité qui, certes, proclame quelque chose de concret, mais d’une façon qui, malgré tout, restera abstraite !

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