Prier pour la conversion des pécheurs.
Mc 7, 1-8. 14-15. 21-23
» Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu,
pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Homélie dominicale de Fr Denys Sibre:
Version phonique:
Version écrite:
La conversion du Cœur
Dans le passage du livre du Deutéronome que nous avons entendu tout à l’heure, Moïse redit au peuple ce qu’il n’aurait jamais dû oublier, à savoir que La Loi donnée au Sinaï est une loi à pratiquer pour vivre.
Cette Loi, elle est la fièreté d’Israël face aux autres nations car elle est sagesse et intelligence : ‟ pas de commandements et de décrets aussi justes que toute cette Loi ! ” Et de son côté, bien plus tard, Saint-Jacques d’affirmer que ‟ cette Loi et un creuset d’humanité et un chemin de libération. ” Et Jésus de dire dans l’Evangile que ‟ celui qui pratique cette Loi et qui l’enseigne sera tenu pour grand dans le Royaume des Cieux. ” (Mt 5, 19)
Mais au fil des temps, les chefs religieux d’Israël avaient ajouté aux exigences fondamentales du Décalogue un maquis de coutumes, de traditions, de prescriptions tatillonnes. Poussé à l’extrême, ce foisonnement de règles débouche sur ce dramatique paradoxe dénoncé par Jésus : ‟ Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher aux traditions des hommes. ”
Le lavage des mains et des ustensiles faisait partie de cette accumulation de règles qui visaient à séparer le peuple d’Israël des païens considérés comme impurs. Et Jésus vient tout bousculer quand il proclame que l’impureté ne vient pas du dehors mais du dedans de l’homme. Dès lors, il ne s’agit pas de se laver les mains mais bien plutôt de se laver le cœur.
Alors voilà, Jésus nous invite à nous confronter au mal qui nous habite. Pas seulement mais aussi et surtout ouvrir à l’intime de nous même un chemin de conversion.
Or, toute conversion passe par une purification du cœur qui, dans la Bible, désigne le dedans de l’homme. C’est dans le cœur que s’élaborent les pensées, que se prennent les décisions, qu’émergent les sentiments. Malheureusement, le cœur de l’homme est compliqué ; traversé bien souvent par la duplicité. Fleurs et ronces l’habitent en même temps. Oui, nous sommes tiraillés à l’intime de nous mêmes entre le bien et le mal. Qui peut dire le contraire ?
Si Jésus nous rappelle dans cet Évangile que notre cœur a besoin d’un renouveau, c’est qu’une partie de nous même génère encore des pensées destructrices et pour nous et pour les autres : envie, orgueil, emportement, démesure… Chacun de nous sait très bien où il en est. Chacun de nous sait très bien ce qu’il y a à changer.
L’important, c’est de reconnaître cela. Reconnaître aussi notre impossibilité à y remédier avec nos seules forces. Précisons bien vite que si notre cœur est le lieu de notre misère, il est aussi ce lieu où Dieu nous habite. Étonnant paradoxe! Mais oui, le Dieu Père, Fils et Saint-Esprit nous habite là où nous avons le plus besoin d’être régénérés, recrées. Alors, livrons-nous à sa puissance transformante ! Offrons-nous désarmés au travail qu’il désire réaliser en nous ! Laissons-le démasquer en nous ce qui nous entrave et nous fait vivre à l’envers ! Laissons-nous regarder de ce regard qui soigne ce qui est blessé, qui relève ce qui est tombé, qui remet en place ce qui désordonné.
Oui, Seul le Cœur de Dieu peut recréer le cœur de l’homme ! N’a-t-il pas dit par le prophète Ezekiel : ‟ Je vous purifierai, je vous donnerai un cœur nouveau. J’ôterai votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. ” (Ez 36, 25-11)
Si Dieu est ainsi Le Seul à pouvoir purifier notre cœur c’est parce qu’il est la Pureté même.
Dieu fera tout en nous mais il ne fera rien sans nous, sans notre Consentement, sans notre désir, sans notre repentance. Déchirons notre cœur et laissons-nous recréer. On ne s’approche en vérité de Dieu qu’avec un cœur brisé. ‟ Entrer en relation avec Dieu dira le prophète Jérémie, c’est toujours risquer son cœur. ” (Jr 30, 21)
Fr Denys Sibre op.