Samedi 21 novembre 2020
Mémoire de la Présentation de la Vierge Marie au Temple
Za 9,9-10 ; Ps 44 ; Mt 12,46-50
Homélie du frère Joseph-Thomas Pini
Le « chaînon manquant » : une maille de la chaîne de la vie de la bienheureuse Vierge Marie, qui est, dans une existence humaine dans sa totalité et par l’œuvre éminente et, pour elle, unique de la grâce, le déploiement du mystère même de Dieu. Tel est le sens heureux de la mémoire célébrée aujourd’hui. Mémoire qui l’est, par un double signe, communément en ce jour en Orient et en Occident, et au jour anniversaire de la dédicace d’une nouvelle église sous le titre de la Vierge Marie au VIè siècle à Jérusalem. Car la grandeur de Marie, ici encore, le dispute à sa discrétion : rien ne nous est dit, dans les Ecritures canoniques, de cette présentation au Temple de la petite fille née miraculeusement d’Anne et de Joachim, et par là consacrée dès son jeune âge au Seigneur pour habiter Sa demeure, et c’est dans des textes apocryphes (le Protévangile de Jacques) que, très tôt, la tradition chrétienne s’est nourrie de ces détails biographiques. Mais logiquement, cette fille d’Israël est née, et il convient de célébrer sa naissance. Pour naître, elle a été conçue et, dans la foi, il convient de célébrer solennellement sa conception immaculée.
De même alors, il convient de célébrer l’événement de cette présentation et consécration de Marie, et non comme une simple hypothèse. D’abord parce qu’il exprime l’obéissance des parents de cette enfant à la Loi donnée à Moïse (cf. Ex 13,1-2 ; Lv 12,1-8). Mais plus encore, dans cette donation d’elle-même dès le jeune âge, et approfondie en grandissant, cette consécration singulière, se manifeste que le « oui » merveilleux de l’Annonciation n’est pas un éclair traversant brusquement un ciel serein : il est la flamme d’une lampe qui brillait depuis longtemps. La lampe du cœur sans tache d’une femme, élue entre toutes, et qui, avant de concevoir le Fils de Dieu, vrai homme et vrai Dieu, dans sa chair, l’a reçu et fait grandir dans sa foi. La lampe de tous les pauvres du Seigneur, le reste d’Israël attendant et veillant, fidèle à la Loi du Seigneur, vigilant à Sa venue, peuple voué au Seigneur pour qu’Il habite au milieu de lui et manifeste Sa merveille ; cette lignée que Marie, la fille de Sion par excellence, représente en ce jour comme la première, et qui se prépare à accueillir le Fils unique du Père, unique-engendré et premier-né avant toute créature, Lui la tête de tous ceux qui désirent accomplir la volonté du Seigneur et Le servir par le don d’eux-mêmes.
Il est donc normal qu’en de telles dispositions, tous les consacrés aient reconnu leur modèle, la trame de leur propre désir courant au milieu du tissu de leur vie et de son histoire sainte, le sens de leur consécration. Il est bon aussi que tout fidèle du Christ puisse y reconnaître le mystère de sa propre vie en Dieu, la patience préparation de tous nos « oui », la coupe de bénédiction répandue sur lui. Le Seigneur nous le dit : par-delà nos filiations naturelles, qui sont le lieu, même s’il est obscur, de cette bénédiction, la bénédiction elle-même, c’est notre familiarité, par filiation, par fraternité, par compagnonnage d’amitié, avec Dieu Père, Fils et Esprit Saint, pour tous ceux qui écoutent la Parole Sagesse de Dieu, et accueillent la Parole vivante pour y faire leur demeure, et s’élever au fur et à mesure qu’elle grandit en eux. Cette bénédiction à chérir, et la préparation de la venue permanente du Seigneur à soigner.