Voilà la vérité de cet évènement singulier…
l’Ascension de Jésus peinte par Giotto.
Mc 16, 15-20
» Jésus fut enlevé au ciel, et s’assit à la droite de Dieu. »
Homélie dominicale de Fr Rémy Bergeret: La Vérité de l’Ascension…
Version phonique:
Version écrite:
La Vérité de l’Ascension…
« Il fut enlevé au ciel »(Ac) et « s’assit à la droite de Dieu »(Mc). On est tenté d’emblée de se poser la question : « comment cela-t-il pu se faire ? Comment cela s’est passé ? » Car enfin, Jésus n’a pas pris l’ascenseur pour le ciel ; on ne peut pas imaginer non plus un hélitreuillage.
Il y a simplement une logique pédagogique. Les disciples ont constaté qu’à partir d’un jour donné, il n‘y avait plus d’apparitions. J’ai bien dit ‘pédagogique’, car les apparitions étaient tout à fait nécessaires pour conforter la foi des disciples en la Résurrection.
Mais revenons à la mention initiale : « Il fut enlevé au ciel ».
Là, pour le coup, nous sommes dans une symbolique haut-bas traditionnelle à plusieurs cultures. Or nous savons bien que Dieu ne réside pas dans les nuages. Et quand nous disons « Notre Père qui es aux cieux », cela signifie qu’il est partout présent. Non-localisable dans des haut-lieux(païens) ou le Mt Garizim ou le Temple de Jérusalem.
Voilà la vérité de cet événement singulier.
Ainsi, la portée principale de ce Mystère glorieux est de nous dire que Jésus est retourné là d’où Il était parti. C’est-à-dire au cœur de la Trinité sainte. Il y est retourné, mais différent, autre de ce qu’Il en était parti, car Il est remonté avec son humanité glorieuse, notre humanité. Ainsi, Voilà la vérité de cet événement singulier.
En outre, l’Ascension est riche de ce qui s’est passé juste avant(Actes). « Il leur a parlé du Royaume de Dieu…et leur a ordonné de rester à Jérusalem, dans l’attente de l’Esprit ». Saisis par l’absence, ils regardent le ciel. Cette inertie va se dissiper assez vite puisque l’évangile nous rapporte qu’ils s’en allèrent proclamer partout la bonne nouvelle.
Donc l’Ascension est bien une étape vers la Pentecôte et la mission à venir.
Mais pas n’importe quelle étape… Pour les Pères de l’Église, St Épiphane en particulier, l’Ascension est la parure, le sceau de toutes les fêtes du Seigneur : « Oui, la plus grande des fêtes, c’est l’Ascension, torrent de délices et comble de la joie. Aujourd’hui, le Christ ouvre la porte des cieux ruisselants de lumière.
Personne, pas même Élie, n’était monté aux cieux mais seulement le Fils de l’homme qui est au ciel ».
Nous percevons bien que l’Ascension est la conséquence immédiate de la Résurrection, son aboutissement, son terme : en effet, s’il est sorti vainqueur du tombeau, c’est pour aller quelque part où il est attendu.
Enfin, son Ascension est à la fois la condition et le gage de notre propre Ascension comme l’Assomption de la Vierge Marie -Félix coeli porta- est la plus sûre espérance en notre propre assomption. Ce que le Christ expérimente par sa nature divine, la Vierge Marie le vit par grâce.
En fait, frère et sœurs, nous sommes à un pivot de l’économie du salut:Résurrection/Ascension/Pentecôte ne font qu’Un parmi les mystères glorieux ; nous sommes déjà dans la gloire qui va se développer encore dans les fêtes de la Trinité, du St Sacrement et du Sacré Cœur.
Nous ne serons plus alors dans l’événementiel, mais dans le dogme qui s’efforce d’approfondir toujours plus le Mystère de Dieu.
C’est dans cette merveilleuse histoire que le Christ nous entraîne avec la dynamique de son Ascension. Sachons, à notre tour, l’accompagner dans ce mouvement éternel et infini ! Amen.
Fr Rémy Bergeret op.