La vraie révolution de la Pentecôte

Prédication du frère Damien Duprat pour la fête de Pentecôte (sur Ac 2,1-11 ; 1 Co 12, 3b-7.12-13 et Jn 20,19-26)


Pentecôte

Juste avant que Jésus monte au Ciel le jour de l’Ascension, ses apôtres lui avaient demandé : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Ils s’imaginaient, ils espéraient que Jésus allait accomplir une sorte de révolution. C’était le projet un peu fou d’une restauration nationale. Jésus s’était bien manifesté comme le Messie annoncé par les prophètes ; lui que l’on appelait le Fils de David n’allait-il pas redonner à la dynastie royale toute sa grandeur ? Lui qui était ressuscité n’allait-il pas déployer sa puissance pour chasser l’occupant romain hors de la Terre donnée par Dieu à son peuple ?

Mais un tel projet restait au fond trop humain. Et une fois de plus, Jésus avait montré que les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes. Vous vous souvenez, face à la question pressante de ses disciples, il avait simplement orienté leur attention vers autre chose : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,6-8).

Reconnaissons que c’est un plan autrement plus grandiose, et cela à plusieurs points de vue. Je relève rapidement trois points, trois différences importantes entre les rêves des apôtres et la mission dans laquelle Jésus les lance :

  • Premièrement, l’objectif n’est pas le même. Le but n’est pas d’établir un royaume sur tel morceau de terre, serait-ce la terre promise. Il s’agit plutôt de parler au cœur des hommes et des femmes qui ne connaissent pas Dieu, et de leur montrer le visage de ce Père qui les aime éperdument.
  • Deuxièmement, ce projet ne connaît pas de frontière : il s’agit d’annoncer à la terre entière les merveilles de Dieu !
  • Et troisièmement, ce travail n’est pas seulement celui de Jésus ; il aurait pu rétablir sa royauté tout seul, mais non : il veut associer à son œuvre ceux qui l’ont reconnu comme Fils de Dieu. Il compte sur chacun de ses amis pour collaborer à l’édification de son Royaume !

Ce Royaume n’est pas de ce monde. Nul ne peut y entrer à moins que Dieu l’en rende capable en lui donnant son Esprit Saint. Cet Esprit habite en nous depuis notre baptême : c’est le plus grand cadeau que nous ayons jamais reçu, puisque ce jour-là, l’Esprit de Dieu a fait de nous des enfants du Père. Nous ne pouvons pas rêver d’un titre de fierté plus grand ! Mais comme je vous le disais il y a un instant, Dieu nous appelle à participer au salut du monde. Et pour cela, nous avons besoin, comme les apôtres, que le Saint Esprit descende sur nous d’une manière nouvelle. Ce qui s’est passé le jour de la Pentecôte, l’Église le réalise au long des âges surtout par le sacrement de la confirmation. La Résurrection du Christ et ses apparitions pendant les quarante jours suivants n’avaient pas suffi à redonner de l’audace aux apôtres. Ils n’osaient pas encore témoigner du Ressuscité devant le monde hostile. Ils étaient bien conscients d’avoir le plus grand besoin de la force de l’Esprit Saint que Jésus leur avait promis. C’est pourquoi ils priaient de tout leur cœur avec Marie, la mère de Jésus, dans l’attente de cet Esprit.

Savaient-ils exactement quel jour Dieu leur enverrait cette force d’en haut ? Si l’on s’en tient au texte biblique, Jésus ne le leur avait pas dit. Mais peut-être les apôtres et la Vierge Marie avec eux attendaient-ils ce don précisément pour la fête de la Pentecôte. Jésus avait déjà transformé le sens de la fête de Pâque. Alors que le peuple élu fêtait sa sortie d’Égypte, Jésus était sorti vivant du tombeau. Dès lors, il était normal qu’il renouvelle aussi profondément le sens de la fête de l’Alliance entre Dieu et son peuple. Cette Alliance avait été scellée cinquante jours après le passage de la mer Rouge, et chaque année cela donnait lieu à la fête de la Pentecôte. En concluant l’Alliance, Dieu avait transmis à Moïse la Loi qui faisait du peuple hébreu son propre peuple. Cette loi était inscrite sur des tables de pierre, mais pas encore dans le cœur des Israélites.

Voilà précisément ce que fait l’Esprit Saint : il a la puissance d’inscrire l’Évangile dans nos cœurs. Il est lui-même la loi nouvelle qui donne la vie. Ainsi nous devenons vraiment capables de méditer la Parole de Dieu en profondeur et de la mettre en pratique, exactement comme Jésus lui-même ! L’Esprit de Dieu est saint, et il a la puissance surnaturelle de nous rendre saints nous aussi ! Ouvrons-lui toutes grandes les portes de nos vies ! Laissons-nous habiter par son souffle !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*