L’Écriture révèle Jésus et l’Esprit
Jésus enseigne à la synagogue de Nazareth.
Lc 1, 1-4; 4, 14-21
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »
…
Homélie dominicale de Fr Hervé Ponsot: L’Écriture révèle Jésus et l’Esprit…
Version phonique:
Version écrite:
L’Écriture révèle Jésus et l’Esprit
Frères et sœurs, lorsque Jésus proclame dans la synagogue de Nazareth que « tout est accompli », il ne parle pas encore comme il le fera sur la croix de sa vie et de sa mort, mais bien de l’Écriture sainte, dont il vient de lire un extrait. Cette même Écriture qui est au cœur de notre première lecture. La question que nous sommes donc invités à nous poser ce soir est celle de la place que tient, ou devrait tenir l’Écriture sainte dans la vie chrétienne, et dans nos vies en particulier.
Pour l’assemblée qui s’est constituée autour d’Esdras, la réponse est sans ambiguïté : il s’agit de la première place. Le rédacteur prend soin de nous signaler que le scribe Esdras domine la foule de son estrade au moment où il lit l’Écriture, devant le peuple qui accepte de rester des heures debout pour l’écouter ou se prosterner. Je ne sais d’ailleurs si vous l’avez remarqué, cette prosternation est censée s’être faite devant le Seigneur, lequel n’est présent que par cette Écriture.
Il est donc clair que, pour la tradition biblique ancienne et juive, l’Écriture sainte tient la première place. Mais en va-t-il de même pour la tradition chrétienne ? A priori, la réponse est oui. Outre le fait que nos évangiles soient précisément des textes saints, il est clair pour le lecteur de saint Luc que l’Ancien Testament, auquel l’évangéliste ne cesse de se référer implicitement ou explicitement, tient une place à part. Aujourd’hui, au tout début de l’évangile, nous voyons Jésus s’appuyer sur l’Écriture pour montrer qu’il en réalise les promesses ; à la fin de ce même évangile, au lendemain de la résurrection, c’est encore à partir de l’Écriture et de sa réalisation que Jésus convaincra les disciples d’Emmaüs…
Indiscutablement, l’Écriture sainte est un élément essentiel de notre foi chrétienne, elle en est même la source parce que nous ne saurions rien des premiers disciples, de la primitive Église sans elle, et plus largement de la révélation. A ce titre, il est heureux qu’elle tienne une place essentielle dans toute célébration eucharistique et dommage qu’on accepte de s’en priver en ne suivant que la deuxième partie de la célébration en question. Pour autant, cela ne signifie certainement pas, comme on l’entend trop souvent dire aujourd’hui, que la religion chrétienne soit une religion du livre : c’est confondre le moyen avec la fin. La religion chrétienne est la religion du Verbe fait chair, et de sa parole sans cesse rendue vivante par la médiation de l’Esprit.
Plusieurs indices vont dans ce sens dans la page d’évangile que nous venons d’entendre : la brièveté du commentaire, l’insistance sur l’accomplissement et donc d’une certaine manière le dépassement, et ce geste à la grande portée symbolique qui consiste à refermer le livre et à le rendre au servant. Oui, Jésus se sert de l’Écriture pour communiquer avec son auditoire, mais ce n’est pas elle qu’il veut mettre en avant : elle n’est qu’un pré-texte, comprenez-moi bien, un texte qui annonce et prépare la parole de vie qu’il est lui. Et en parlant d’accomplissement, de plénitude, Jésus suppose la présence de l’Esprit qui est l’interprète de cette même Écriture.
Peut-être négligeons-nous trop l’Écriture, lisons-la et relisons-la parce que Jésus se révèle à travers elle et à partir d’elle, par la médiation de l’Esprit-Saint. Il reste que ce sont eux, Jésus et l’Esprit, et non l’Écriture par elle-même, qui sont les piliers de la tradition chrétienne et la singularisent.
Frères et sœurs, j’aime beaucoup à ce titre ce qu’une légende rapporte de sainte Rose de Lima. On dit qu’alors qu’elle lisait l’Écriture, Jésus se posait sur les lignes de son ouvrage et qu’elle entendait une voix intérieure lui parler. Peu importe ce que cette voix lui disait, la légende suffit à dire l’essentiel, à savoir que ce qui fait le propre de la religion chrétienne n’est pas un livre, mais ce qui se manifeste à partir du livre et au-dessus de lui, Jésus vivant et toujours présent par l’Esprit-Saint.
Fr Hervé Ponsot op.
Lien avec la décoration florale du jour: La Parole accomplie…
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