.Décoration florale de la chapelle des dominicains.
Jn 5, 24-29
« Voici l’heure d’entrer dans la vie. »
L’heure d’entrer dans la vie…
L’heure de la mort des hommes fait partie de leur vie. C’est leur grandeur, c’est aussi leur angoisse. Contrairement aux animaux les humains savent qu’ils vont mourir. Nous savons que tout ce qui vit sur cette terre naît d’abord, se développe ensuite, s’améliore, puis disparaît. Seul Dieu est éternel.
La mort semble donc quelque chose de normal, et pourtant, elle nous scandalise. Pas seulement lorsqu’elle touche une vie de jeune ou, pire encore, celle d’un enfant. Elle continue de nous scandaliser même au terme d’une longue vie.
Tout de même, la mort nous paraît plus naturelle lorsque notre corps est usé, nos facultés déclinantes, lorsque fatigués par la route nous aspirons au repos. La mort, c’est d’abord cela : le repos au bout de la route. Parfois même, la mort peut être une délivrance.
Oui, la mort fait partie de la vie et, à ce titre, il est bon d’en parler, d’apprendre à en parler justement pour s’y préparer. Si elle n’est pas brutale, il est bon d’être entouré par ceux que l’on aime. Peut-être pour leur laisser un message de pardon ou d’encouragement.
Pour autant, la mort est toujours douloureuse car elle est séparation, rupture, arrachement. Jésus a pleuré devant le tombeau de son ami Lazare. Marie a été anéantie devant la croix.
C’est toute notre vie qui prépare notre mort. Tout au long de son déroulement, nous apprenons à faire notre deuil pour renaître à une vie nouvelle. Il faut beaucoup de larmes pour construire un homme, mais ça vaut le coup ! C’est comme ça qu’on grandit, qu’on se construit.
Au fur et à mesure on apprend à faire le deuil de ses illusions, de certains projets irréalisables, de certaines relations qui comptaient beaucoup. Et puis, il y a les vrais deuils, les ruptures, les séparations, la rupture d’une relation amoureuse, la séparation d’un couple, la perte d’un être cher… À chaque fois, on est déchiré, désemparé. Et c’est tout un travail de deuil qui est à faire, non pas pour oublier – on n’oublie jamais ceux qu’on aime -, mais pour vivre avec cette absence, avec cette blessure, avec cette partie de nous-mêmes qui nous manque.
Oui, on apprend à vivre avec, parce qu’on peut parler à des personnes qui nous écoutent, parce qu’on a la possibilité d’exprimer ce que l’on ressent, de raconter ce que l’on vit. Et on a fait cette expérience merveilleuse de découvrir que ce sont les autres qui nous remettent debout.
Finalement, la vie nous apprend à nous laisser aimer et à aimer à notre tour. Elle nous apprend à nous abandonner dans les bras des autres et dans les bras de Dieu. Elle nous apprend aussi à nous décentrer, à ne pas vivre que pour nous, à porter la souffrance des autres comme ils portent la nôtre. Qu’est-ce que mourir sinon s’abandonner dans les bras d’un autre. Ne pas se crisper sur sa vie, accepter de la remettre. Si chaque soir, nous nous endormions en disant la parole de Jésus : » Père, entre tes mains, je remets mon esprit, entre tes mains, je te remets ma vie « , nous serions prêts pour le grand passage. Car…
La mort, c’est le passage vers le Père. Jésus a vécu sa mort comme un passage vers son Père. Cela ne l’a pas empêché d’avoir eu peur de la mort. Mais c’était sa foi la plus profonde qui lui a permis d’affronter son destin, d’aller jusqu’au bout du don de sa vie. Il disait à ses amis : » Je m’en vais vous préparer une place, et il y a beaucoup de places dans la maison de mon Père. » C’est là qu’il nous attend, au terme de notre route, avec tous ceux qui nous ont précédés. Car notre route aura un terme et ce terme, c’est Dieu.
Frères et sœurs, et si nous apprenions à faire ce passage vers le Père tout au long de nos vies. Pour mieux vivre le grand passage quand l’heure sera venue ? Et nous savons bien que ce passage, nous le vivons chaque fois que nous nous abandonnons entre les mains de Dieu. Chaque fois que nous nous donnons à nos frères. « Nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères », dit Jean. Ce passage-là, nous avons toute la vie pour le faire, à la suite de Jésus et avec la force de son Esprit. C’est lui, Jésus, qui nous dit : » Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi même s’il meurt, vivra ! «
Texte d’inspirations diverses.
Lien vers la prédication de Toussaint de Fr Denys Sibre: Chemins de Sainteté.