» Maintenant, l’heure est venue « , de Fr Jorel François.

Vitrail de la résurrection.

l'heure de la résurection

 Jn 20, 20-33

« C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! »

 

Homélie dominicale de Fr Jorel François: « Maintenant l’heure est venue. »

Version phonique:

Version écrite:

 » Maintenant l’heure est venue  »

   Sœurs et frères, cet extrait d’évangile nous renvoie déjà à la grande semaine, la Semaine Sainte, et donc au mystère de la souffrance, de la passion/résurrection du Christ. Il suffit de relire le texte, de le déplier un petit peu, voire faire quelques arrêts sur images pour nous en rendre compte. En effet, vous l’avez sans doute remarqué, au moins par trois fois il y est question de souffrance/mort. Et la mort elle-même, comme c’est le cas pour le chrétien d’ailleurs, est forcément à associée à la résurrection, à la vie nouvelle.

   La première fois où il est question de mort et de résurrection dans cet extrait d’évangile, c’est déjà avec l’idée de « l’heure»; la deuxième fois, à travers l’image du « grain de blé », et la troisième fois à travers celle du « serpent ».

   L’heure. Nous le savons, dans l’évangile selon Saint Jean, l’heure est bien plus qu’une simple indication temporelle : elle renvoie au mystère de la souffrance/glorification, de la mort/résurrection de Jésus.

   L’heure pour laquelle Jésus était venue, l’évangile de ce dimanche nous dit qu’elle est déjà là, présente comme par anticipation. Elle n’a pas attendu la Semaine Sainte : le vendredi Saint et le matin de Pâques. Écoutons Jésus parler ou plutôt prier: «maintenant mon âme est troublée» ou encore «Mon Dieu sauve moi de cette heure…, mais non c’est pour elle que je suis parvenu jusqu’à cette heure».

   Voilà donc qui renvoie à Gethsémani, aux angoisses éprouvées au Mont des Oliviers : « Père s’il est possible que ce calice s’éloigne de moi… » et nous en connaissons la suite…

   L’évangile de ce dimanche évoque encore l’idée de la passion/résurrection à travers l’image du grain de blé. « Si le grain de blé ne meurt…, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits ».

   Le grain qui meurt avant qu’il ne pousse et porte des fruits n’est sans doute pas conforme aux lois de l’agriculture, mais l’image, le symbolisme, la métaphore vaut ce qu’elle vaut.

   Il faut donc que le grain de blé meure. Et il ne s’agit pas de mourir pour mourir – comme pour complaire à je ne sais quelle tendance à l’échec, pour honorer je ne sais quelle propension au suicide; il s’agit de mourir en vue de donner vie à encore plus de blé, à encore plus de vie.

   La mort à soi, à son narcissisme négatif, la mort à l’amour exagéré de soi, est au cœur de toute démarche authentiquement chrétienne : celui qui aime plus qu’il ne faut sa vie la perdra, mais qui perd sa vie – à cause de la bonne nouvelle, la garde.

   Mort fécondante en vérité. Folie pour ceux qui s’en vont à leur perte par amour démesuré du monde. Chemin de plus de fécondité pour ceux qui ont répondu à la voix de l’Esprit, à l’appel de l’Agneau.

   La troisième allusion à la passion/résurrection du Christ, nous pouvons la trouver à travers l’image d’élévation de la terre. Le texte précise même que Jésus dit cela pour indiquer quel genre de mort il devait souffrir. Voilà qui renvoie à la pendaison au calvaire et tout ce qui s’ensuit.

   Mort donc, mais en même temps résurrection. Les deux images s’unifient et se confondent dans l’idée d’élévation.

   L’image du serpent – ici reprise du Deutéronome – plutôt ambigüe dans les cultures anciennes, entièrement négative dans la culture hébraïque, pourtant valorisante en Égypte, en Grèce, en Chine ou en Inde où elle est, selon le cas, symbolique de fécondité, de pouvoir, de médecine, d’immortalité, renvoie donc à la double réalité de la vie comme de la mort et de tout ce qui peut y conduire.

   Il en est alors de la croix comme du serpent : instrument de mort qui donne pourtant la vie. De même que le grain de blé ne meurt tout simplement pour mourir mais pour porter des fruits qui demeurent, de même le Christ élevé à la croix, mis au tombeau, ressurgit pour attirer à lui les enfants de Dieu dispersés.

   « Père glorifie ton nom»; et le Père de répliquer : mais «je l’ai déjà glorifié et je le ferai encore »…

   Voilà qui renvoie à l’épisode du baptême au Jourdain ou plutôt au Mont Thabor, à la transfiguration, anticipation de la gloire que le Fils avait déjà auprès du Père.

   La voix a parlé non pour le Christ, précise l’évangéliste, mais pour la foule, tout comme elle avait parlé pour Pierre, Jacques et Jean sur le Mont Thabor. La Voix parle pour que les contemporains de Jésus sachent qu’il est le Fils, et qu’il est la Gloire du Père.

   Sœurs et frères, c’est pour nous aussi que cette Voix a parlé, nous qui sommes à quelques jours des célébrations pascales, pour que nous croyons au Fils de l’Homme, pour que nous croyons qu’Il est toujours présent au milieu de nous, et que son œuvre de salut se poursuit dans le monde. Amen.

Fr Jorel François op.

Lien vers la décoration florale du jour: Grain de blé… Grain de vie.