Puisse tout le peuple devenir prophètes… de Fr Jorel François.

Y a-t-il encore des prophètes de Dieu aujourd’hui ?

Le prophète Moïse

Moïse  le prophète et le guide qui a conduit le peuple hébreu hors d’Égypte .   

 Il est aussi le premier personnage à être nommé « homme de Dieu » dans la Bible.  

Mc 9, 38-43.45.47-48

                      « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »       

 

Homélie dominicale de Fr Jorel François:   

Version phonique:

Version écrite:

    Puisse tout le peuple devenir prophètes

Nb 11, 25-29; Jc 5, 1-6; Mc 9, 38-48

    Sœurs et frères, Moïse, avec l’aide de Dieu certes, mais Dieu ne faisant rien ou presque sans nous, se débat avec le peuple dans le désert…Un peuple en voie de constitution, qui a pourtant déjà la nuque raide. Un peuple difficile et rétif, qui, tel un âne, n’en fait souvent qu’à sa tête.

    Un étranger, tel un ange, Jéthro, alors beau-père de Moïse, intervient et conseille la décentralisation, le partage de la tâche. L’efficacité dans le service à fournir dépend de cette décongestion, de cette décentration.

    Gouverner, diriger, ce n’est ni s’épuiser ou se tuer tout seul à la tâche ni jouir d’un capital, d’un monopole de prestige et des bénéfices qui vont avec, mais organiser efficacement le service du bien commun, faire en sorte que l’on en soit tous responsables.

    C’était donc l’Esprit qui, déjà à l’origine, soufflait sur la création elle-même toujours en voie, qui parlait par la bouche de Jéthro. Et Moïse, du haut de son privilège de pouvoir, comme rapporté, converser face à face avec Dieu, tout chef et libérateur qu’il était, obéit au prêtre de Madian. Moïse rejette l’accaparement et l’épuisement et opte pour la déconfiscation et la décentralisation. C’était bien son propos au final à travers l’idée même des soixante-dix choisis et institués à la tête de cette masse qui commençait à cesser de l’être pour devenir un peuple, un tout organisé.

    Le but de Moïse n’était pas, me semble-t-il, de limiter l’esprit de la gestion/administration, le but de Moïse n’était pas d’enfermer l’esprit de service ni de le limiter à ces soixante-dix, mais d’ériger ces derniers en exemple afin que le peuple dans sa totalité devienne gestionnaire, serviteur les uns des autres, afin que le peuple participe du bien commun dans la justice et la charité, afin que le peuple dans son ensemble devienne adulte. C’est sa réponse à l’inquiétude de Josué qui permet de le soutenir : puisse tout le peuple devenir prophètes… (Nb 11, 29).

    Dans l’évangile du jour, Jésus a exactement la même attitude que ce grand prophète du premier testament. N’est-il pas dit d’ailleurs qu’il est le nouveau Moïse?

    Mais ce qu’il faut malheureusement souligner aussi, c’est qu’il y a toujours un Josué en chacun de nous, pour chercher à faire obstruction, pour chercher à limiter l’accès, faire respecter je ne sais quel «quota»… Et ce Josué n’est pas seulement présent à l’intérieur de chacun de nous, il l’est tout autant parfois au cœur de toute une institution et de tout un peuple.

    N’est-il pas dit dans la Bible que le peuple du premier testament a été «choisi» pour être la lumière de tous les peuples (Is 49, 6)? Comprendre : ce qui fonde son élection, c’est cette vocation : faire en sorte que tous les peuples se détournent des fausses images qu’ils ont de Dieu et accèdent à la connaissance du vrai Dieu, le Dieu d’amour, de l’Exode, le Dieu de liberté….

    Loin de s’en tenir à cette vocation, le peuple a confisqué cette élection et l’a transformée en privilège et s’est fait un plaisir de regarder les autres peuples à travers le prisme dégradant des préjugés, et il les traite de «prépuces» et de «chiens»…

    Les apôtres, colonnes fondatrices du peuple du deuxième testament, n’ont pas non plus toujours été à l’abri de cette tentation : Jésus choisit les douze pour être avec lui certes, mais aussi pour aller partout où il devait aller, c’est-à-dire dans toutes les nations pour faire des disciples (Mt 28, 1). 

    Les douze, puis les soixante-dix ou soixante-douze, selon la version, n’ont donc pas été choisis pour sombrer dans ce vice, ce péché que le Pape François appelle, permettez-moi l’anachronisme, le cléricalisme en confisquant je ne sais quel pouvoir, mais tel le bon pasteur, pour prendre soin du troupeau, et sentir un peu, beaucoup de ce que sentent les brebis, et que le troupeau puisse devenir disciple et faire ce que fait le maître. Mais encore faut-il que Jean le comprenne, encore faut-il que le Josué qui nous habite laisse l’Esprit de Jésus faire son œuvre…

    «Hors de l’Église, point de salut» : on connaît le sort que l’histoire a fait de cette idée que l’on retrouve en quelque sorte non seulement sous la plume de saint Cyprien de Carthage et de saint Augustin mais aussi d’Origène d’Alexandrie et tant d’autres. Prise dans un sens étriqué, elle est dans l’exacte continuité de l’attitude de Jean ou de Josué ou encore de l’expérience du premier peuple de la Bible qui a vécu ce qu’il a compris comme étant une élection dans l’exclusion des autres peuples…

    Puisse le peuple de Dieu dans sa totalité devenir des prophètes, nous dit Moïse; «qui n’est pas contre nous est pour nous» (Mc 9, 40) nous redit le nouveau Moïse.

    Sœurs et frères, implorons l’Esprit qui ne connaît pas de frontières, pour qu’il abatte les murs érigés par nos schèmes mentaux et nos esprits parfois trop comptables. Amen.

Fr Jorel François op.

Lien vers la décoration florale du jour: Ne soyons pas égoïstes…