Ta foi t’a sauvé.
La guérison des dix lépreux.
Lc 17, 11-19
» Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
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de fr Arnaud Blunat: » Relève toi, ta foi t’a sauvé ! »
Version phonique:
Version écrite:
« Relève-toi, ta foi t’a sauvé ! »
Je dois vous avouer qu’en relisant cette phrase, j’ai eu comme un choc.
Je me suis demandé : suis-je vraiment sauvé ? Est-ce que j’ai vraiment la foi ?
Jésus dit au lépreux guéri, qui est là, face contre terre, à ses pieds : relève-toi !
Quant à moi, je me demande dans quelle position je me trouve, moi qui ressasse si souvent de vieilles histoires passées, moi qui ai tant de mal à tourner la page après ce douloureux échec, à pardonner à cette personne qui m’a fait tant souffrir, à dépasser cette parole qui ronge mon cœur et mon âme.
J’ai le nez collé dans la poussière, alors que ce lépreux désormais guéri, va se relever et continuer sa vie en disciple de Jésus, plein de confiance, de reconnaissance et d’amour.
En fait, j’ai l’impression d’avoir raté une étape. Est-ce que j’ai fait partie du groupe des 10 lépreux qui ont été guéri, ou bien est-ce que je n’aurais pas été oublié en chemin ?
Vous le voyez, frères et sœurs, la question de la foi me taraude, elle me revient en permanence. L’évangile nous ramène sans cesse à cette interpellation : avons-nous la foi ? Ai-je vraiment la foi ?
Dimanche dernier, nous avons entendu Jésus lancer à ses apôtres : « la foi, vous l’auriez gros comme une graine de moutarde, vous diriez à cet arbre d’aller se planter dans la mer et il l’aurait fait ». Quel défi ! Quelle audace !
La foi du lépreux samaritain m’impressionne. Mais aussi celle des 9 autres : ils sont partis sur la parole de Jésus avant même d’avoir été guéris. Ce n’est qu’en chemin qu’ils ont été purifiés de leur lèpre. Il est vrai qu’on ne les a pas vus revenir. Peut-être sont-ils allés effectivement voir les prêtres. Ils ont repris leur place dans la communauté d’Israël.
Seul le Samaritain a réalisé ce qui s’était passé et a manifesté une vraie reconnaissance.
Il est revenu vers Jésus, il s’est abaissé, il s’est prosterné, comme l’ont fait les mages et les bergers à la crèche. Le Samaritain a reconnu Jésus comme son sauveur, il a cru que Jésus est vraiment Dieu qui vient sauver les hommes !
Il s’est entendu dire : relève-toi ! Ta foi t’a sauvée !
L’évangile insiste sur cette différence qui est en réalité une fracture, et même une révolution ! Ceux qui reconnaissent Jésus comme Sauveur, ce ne sont pas ceux qu’on attendait, mais d’autres : ici, le samaritain, là, le centurion romain, la cananéenne, le collecteur d’impôts, la prostituée. Tous ceux qui sont en dehors des cadres, ce sont ceux-là qui manifestent de la reconnaissance pour Jésus, qui se prosternent à terre et se laissent relever.
Quelle leçon pour moi qui pensait déjà avoir fait un si beau parcours.
Et que dire de Paul, le grand Saint Paul, qui m’invite à la foi en mourant avec le Christ, en supportant l’épreuve, pour vivre et régner avec lui.
J’ai hélas bien conscience que je manque de foi, et qu’au fond je lui suis bien infidèle.
Jésus, quant à lui, est et restera fidèle à sa parole. Je sais qu’il est venu non pour condamner mais pour sauver. Bien que rejeté, il ne cesse de nous aimer.
Alors il ne me reste qu’une seule chose à dire :
Jésus, Maitre, aie pitié de moi, aie pitié de nous !
Nous qui pensions être arrivés un peu vite là où est arrivé ce samaritain, nous risquons de n’être encore que sur la ligne de départ.
Alors, la question se pose pour nous :
Comment dans les événements de notre vie, dans les événements de la vie du monde, nous répondons dans la foi et par la foi ?
Si Jésus a purifié les lépreux, juifs ou samaritains, il peut encore purifier tout homme en ce monde. Nos esprits et nos intelligences ont toujours besoin d’être purifiés, éclairés, libérés.
Avec l’aide de l’Esprit Saint, nous pouvons continuer sur le chemin qui appelle sans cesse à la conversion de cœur. Dans le chaos de nos vies, dans le chaos de notre monde, Dieu se fraie toujours un chemin. Par Jésus, il atteint les zones les plus obscures, les plus sensibles de notre être. Mais nous ne savons jamais ce qui se passe au plus intime des cœurs et des consciences.
En chaque être humain, Jésus rappelle sa présence infiniment discrète, mais tellement réelle.
Finalement, la foi enracine en nous cette certitude : tout en étant pécheur, l’amour du Christ nous vient en aide, nous soutient et nous relève. C’est pourquoi avec Saint Paul nous pouvons espérer et proclamer : « ni la mort, ni la vie, ni présent, ni avenir, rien ne pourra nous séparer de l’amour qui est en Jésus Christ ».
Oui, Seigneur Jésus, que ton amour guérisse et sauve tout homme en ce monde !
Frère Arnaud Blunat op.
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