Sachons rester humbles… de Fr Benoît-Marie Simon.

A l’image de Jean-Baptiste, sachons rester humbles.

JEAN TÉMOIN DE LA LUMIÈRE.

 Jean témoin de La Lumière.

Is 49, 1-6

« je fais de toi la lumière des nations,
pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre »

 

Homélie dominicale de Fr Benoît-Marie Simon:

Version écrite: (uniquement)

Sachons rester humbles…

   Pourquoi cette solennité de la nativité de Jean-Baptiste ?

   Normalement, la liturgie ne célèbre jamais la venue au monde d’un saint. Sauf bien sûr, s’il s’agit du Christ et de sa Mère. Mais, que Jésus et Marie soient saints dès leur naissance, j’ai envie de dire : cela coule de source. Tandis que Jean Baptiste, il faut avouer que c’est plus surprenant ! D’ailleurs, il y a tout de même cette différence : Jésus et Marie sont conçus saints. En revanche, lui,  Dieu le purifie dans le sein de sa Mère !

   Il n’empêche qu’il n’y a personne d’autre dans ce cas !

   Impossible d’éviter la question : pourquoi Dieu a-t-Il fait cela ? Mais, auparavant, il faut se demander si nous mesurons vraiment le poids qu’une telle grâce exerce sur celui qui la reçoit ?

   Une chose est sûre, en effet, Jean-Baptiste n’a pas eu le choix . Il était prédestiné à être le précurseur. Du coup, sa vie était toute tracée, avant même qu’il ne naisse. Il pouvait, certes, refuser, puisqu’il était libre, mais à condition de se détourner de Dieu. Bref, il n’a pas eu la possibilité de construire sa vie comme il le souhaitait. D’exprimer sa personnalité, de développer ses talents, de réaliser ses rêves, ni même, tout simplement, d’avoir une vie normale. Qui d’entre nous accepterait sans problème de se priver de ce droit ? N’aurions-nous pas, plutôt, le sentiment d’être coincé et brimé injustement !

   Et pourtant, le Christ a affirmé, à propos de Jean-Baptiste : « il n’y en a pas de plus grand parmi les enfants de femme »

   Mais, au fait, en quoi consiste la grandeur d’un homme ? C’est le moment de méditer, avec Qohélet, sur la vanité des choses, et sur l’absurdité de nos illusions ! Et si, du coup, nous nous demandons ce qui restera dans l’au-delà, nous sommes forcés de répondre : juste ce que Dieu aura fait naître en nous, parce que nous y aurons consenti.

   Ainsi donc, frères et sœurs, ce choix, que Jean Baptiste n’a pu esquiver dès le début de sa vie consciente, il faudra bien, qu’un jour où l’autre, à notre tour, nous y soyons confrontés. Et, en vérité, malgré les apparences, il n’y a pas d’autre alternative. Voilà pourquoi Jean Baptiste est exemplaire.

   C’est, d’ailleurs, pour nous rappeler ce radicalisme de l’Évangile, que le saint Esprit a suscité, dans l’Église, la vie religieuse, lorsque la perspective du martyre est devenue plus lointaine. Ne nous scandalisons pas, par conséquent, lorsque Dieu demande des sacrifices, des renoncements difficiles.

   Si, maintenant, on se demande pourquoi Dieu a suscité une telle sainteté avant la venue de son Fils, la réponse est évidente. On ne peut rencontrer Jésus-Christ que si on possède un cœur très pur, c’est-à-dire qui n’est pas partagé. D’où l’invitation du précurseur à la conversion.

   En même temps, Jean Baptiste, nous avertit que s’efforcer d’être juste et droit, ne suffira pas, puisque nous devons être baptisés « du Saint-Esprit et de Feu » (Matthieu 3, 11). En d’autres termes, on ne peut pas se contenter de tendre vers Dieu, il faut encore que notre cœur brûle du feu de l’amour divin, comme une bûche s’enflamme dès qu’on la jette dans la fournaise..

   Notre cœur ne pourra s’embraser que si nous devenons vraiment humble.

   N’en concluez pas que tous nos efforts de conversion ne servent à rien. Comprenez, plutôt, qu’ils sont une préparation nécessaire. En effet, de la même façon que le bois doit être bien sec pour que le feu prenne, notre cœur ne pourra s’embraser que si nous devenons vraiment humble, c’est-à-dire parfaitement abandonné à la volonté du Père. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas une mince affaire.

   De sorte que, finalement, ce qu’il faut imiter chez Jean Baptiste, c’est cette humilité, qui lui donnait envie de vivre au désert et de s’effacer, en proclamant : « je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers ».

Fr Benoît-Marie Simon op.

Lien vers la décoration florale du jour: « Son nom est Jean ».