Se convertir, avant qu’il ne soit trop tard… de fr Benoît-Marie Simon.

Lazare devant la demeure de l’homme riche.

Lazare devant la demeure de l'homme riche.

Lc 16, 19-31

« S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes,
quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts :
ils ne seront pas convaincus. »

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Homékie du jour

 

Homélie de fr Benoît-Marie Simon: Se convertir avant qu’il ne soit trop tard.

 

Version phonique:

Version écrite:

Se convertir, avant qu’il ne soit trop tard…

      Que cela nous plaise ou pas, il y a aussi dans le Nouveau Testament des passages qui ne sont pas particulièrement rassurants. Eh bien, l’Évangile d’aujourd’hui en fait partie.

      D’abord, parce que cela finit mal. Éventualité que nous rejetons de toutes nos force en essayant de nous convaincre, coûte que coûte – c’est-à-dire, au fond, sans arguments vraiment probants – que tout finira toujours par s’arranger !

      Ensuite, et c’est encore plus inquiétant, parce que ce riche semble dire : si j’avais su, si on m’avait averti, je ne me serais pas comporté de la façon qui m’a conduit tout droit dans cet enfer.

      On retrouve un peu la même idée dans la parabole des vierges sages et des vierges folles. Ces dernières ont été imprévoyantes, certes, mais lorsque l’époux arrive, elles voudraient tout de même entrer dans la salle du banquet. Or, on refuse de leur ouvrir, au motif que c’est trop tard.

      Et puis encore, il y a tous ces passages où le Christ nous exhorte à être vigilant car le jour de rendre des comptes arrivera, dit-il, au moment où on ne s’y attend pas. Presque comme si Dieu guettait le moment où nous ne serons pas prêts ?

      Pourtant, on voit mal Dieu repousser quelqu’un qui a agit par simple ignorance ou uniquement par manque de prévoyance ?

      Alors pourquoi ces textes ? Que veulent-ils nous rappeler ?

      Il y a dans l’évangile d’aujourd’hui une affirmation qui éclaire cette question. C’est la réponse d’Abraham, lorsque le riche le supplie d’envoyer quelqu’un avertir ses frères de ce qu’ils risquent. « Ils ont Moïse et les prophètes, s’ils ne les écoutent pas, un mort peut bien ressusciter, ils ne l’écouteront pas davantage. »

      En clair, et contrairement à ce que nous prétendons, nous avons tous les éléments pour accomplir les choix qui comptent, en pleine liberté et conscience.

      Écoutez ce qu’affirme la constitution Gaudium et Spes du concile Vatican II : « Cette voix – de la conscience – qui ne cesse de presser [l’homme] d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela ». Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme ; sa dignité est de lui obéir, et c’est elle qui le jugera » (G.S., P.1, c.1, 16).

      Et le concile ajoute : « Et chacun devra rendre compte de sa propre vie devant le tribunal de Dieu, selon le bien ou le mal accomplis » (17).

      Malheureusement, au lieu d’assumer nos responsabilité, tous, nous cherchons des excuses. Cela a commencé dès le début : Adam se décharge sur Eve, et celle-ci sur le serpent. Caïn, lui, accuse Dieu de ne pas agréer ce qu’il fait et de lui préférer Abel.

      Pourtant, il faut bien qu’un jour notre esprit cesse de dormir. Ce jour-là, il ne nous sera plus possible de tricher et de nous raconter des histoires, en faisant semblant de ne pas savoir et en refusant de prendre conscience du fait qu’il est impossible d’éviter indéfiniment les conséquences de nos choix.

      Dans la mesure où nous voudrions y échapper, ce jour apparaîtra comme une mauvaise surprise : et c’est la leçon des paraboles citées plus haut. Car, bien sûr, Dieu ne saurait fermer la porte à ceux qui ont agi par ignorance en toute bonne foi. Encore faut-il que cette ignorance ne soit pas voulue…

      Pour en juger, ne confondons pas les actes extérieurs et les décisions morales, car ces dernières se situent à un autre niveau. Par exemple, un voleur n’ira pas dévaliser une banque, s’il sait que les policiers sont prévenus. Donc le fait qu’il agisse ou pas est dépendant des circonstances et de la connaissance qu’il en a. Mais si, concrètement, il n’a pas volé, ce n’est pas parce qu’il refuse de le faire, c’est parce qu’il n’a pas pu. Or, cette décision de voler ou pas, elle ne dépend que de sa liberté, peu importe qu’elle s’incarne ou pas. Et, c’est ce choix-là qui compte. Croyez-vous possible qu’un individu ne soit jamais confronté à une alternative de ce genre entre ce que sa conscience lui dicte et la tentation de ne pas la suivre ?

      On ne peut pas non plus se réfugier derrière le fait que beaucoup de choses font pression sur nous pour nous imposer certains comportements. Aussi, la constitution pastorale que je citais plus haut affirme-t-elle encore :

« Ces principes, la conscience même du genre humain les proclame fermement et avec une vigueur croissante. Les actions qui leur sont délibérément contraires sont donc des crimes, comme les ordres qui commandent de telles actions ; et l’obéissance aveugle ne suffit pas à excuser ceux qui s’y soumettent… » (G.S., P.2, c. 5 79).

      N’espérons pas, non plus, échapper au couperet, en nous convaincant que cela ne nous concerne pas, du moment que nous à la différence de ces riches de l’évangile nous sommes attentifs aux autres ! Qui d’entre nous a donné sa vie pour les autres comme l’a fait Mère Térésa ?

      Et puis, estimer être juste, n’est-ce pas, dans la parabole du pharisien et du publicain, se comporter comme le premier ?

      Ne croyez-vous pas qu’il vaut mieux plaider coupable, en reconnaissant notre péché et en nous efforçant de nous convertir, pendant qu’il en est encore temps ! C’est le prix à payer pour découvrir la miséricorde infinie de Notre Père Céleste, « qui résiste aux orgueilleux et élève les humbles ».

Fr Benoît-Marie Simon op.

Lien vers la décoration florale du jour: Maintenant ou jamais…