Conversion de saint Paul. Michel Ange (1475-1564)
Lc 3, 1-6
» Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers. «
Homélie dominicale de Fr Arnaud Blunat: Se faire beau pour le Seigneur…
Version phonique:
Version écrite:
Se faire beau pour le Seigneur
« L’exemple vient d’en haut ». Qui pourra contester cet adage ?
Jean Baptiste en est la parfaite illustration. C’est lui qui nous adresse ce formidable appel à la conversion, en cette 2ème étape de notre chemin d’Avent. Le fils du prêtre Zacharie et d’Élisabeth a pris le chemin du désert. Il a renoncé à toute richesse, à tout honneur, à toute forme de vanité humaine. Il a rejoint la lignée des prophètes redoutés pour leur parole incisive. Tel Elie, Jérémie ou Amos, Jean Baptiste dénonce l’injustice, la corruption, la violence. Il faut tout remettre en ordre, rétablir toute justice, reconnaître le péché qui nous avilit, pour que le Seigneur vienne enfin.
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». Chacun de nous est invité à examiner sa conscience, sonder son cœur. Que puis-je faire, que dois-je faire pour que Noël ait un sens pour moi ? Ce n’est pas le monde qui nous dira ce que nous devons faire pour Noël. Seule la Parole de Dieu peut éclairer cette route – que dis-je, cette autoroute – que nous avons à construire, pour que le Seigneur vienne enfin.
Le monde s’épuise à force de solliciter en permanence nos appétits de possession, à force de nous dicter les normes du bonheur. Mais si nous entendons bien la prophétie de Baruch, nous voyons que le message de la conversion n’est nullement un appel à la restriction, à faire encore des efforts pour se contenir.
Baruch nous exhorte à nous réjouir et à nous faire beau pour le Seigneur :
« quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours »
Ainsi les prophètes nous invitent à revenir de notre exil, de nous laisser remplir par la présence rayonnante et lumineuse de Dieu, de nous faire un cœur et un esprit nouveaux. Ce qui compte désormais, c’est que l’intérieur de nous-mêmes devienne une demeure où Dieu sera le bienvenu. La table de Noël sera plus ou moins garnie, les invités plus ou moins nombreux, l’essentiel est ailleurs : quelle place aura vraiment celui qui s’assiéra à ma table, les enfants ou les amis qui m’entoureront, mais aussi l’inconnu que je croiserai au hasard à l’extérieur ? Qu’aurai-je vraiment à offrir à chacun d’eux ?
Nous ne savons pas ce que sera le Noël de cette année. Notre monde bouge, change, crie sa souffrance, se révolte. Les énormes disparités et les injustices en révèlent la grande fragilité. Les événements que nous vivons actuellement en France et ailleurs sont d’une extrême gravité. Nous ne connaissons pas l’issue des manifestations qui éclatent de partout depuis plusieurs semaines. Le ressentiment, la colère et la haine qui s’expriment autour de nous, nous ne pouvons que les entendre et les comprendre, mais c’est dans une attitude de prudence, de discernement, et dans la prière que nous devons les faire monter vers le Seigneur.
C’est fou de se dire que c’est justement au milieu de cette situation morcelée, entre les profiteurs et les plus démunis, entre les prédateurs et les casseurs, que notre Dieu vient encore prendre sa place, et se propose de naître pour faire renaître un monde de justice, de paix et d’amour. Comme on dit, on croit rêver ! Mais Noël ne fait plus tellement rêver quand on voit désormais que la réalité est toute autre que celle qu’on imaginait.
Et pourtant, en tant que chrétiens, nous sommes les veilleurs d’un monde nouveau.
Le chantier de reconstruction, auquel chacun est appelé à participer, ne nécessite ni levée de fonds, ni subvention, ni taxes ni impôts supplémentaires, mais simplement l’ouverture de notre cœur à la grâce de Dieu, l’accueil de son amour qui nous apprend la justice, qui transfigure notre vie en nous donnant la paix.
La Parole de Dieu est notre seule force, notre seule arme, notre seule richesse. L’exemple de Jean Baptiste, à la suite d’Isaïe et de Baruch, nous suffit pour qu’advienne le Salut de Dieu. A la question qu’un journaliste lui posait : que faut-il faire pour changer le monde ? Mère Térésa avait répondu : que je me convertisse, et vous aussi.
Puisque l’exemple est venu d’en haut, alors plus rien n’est impossible. Dieu n’attend que ma réponse et la vôtre. Puissions-nous dire comme Marie dont nous avons célébré hier l’Immaculée Conception : « que tout se fasse selon ta parole ! »
Fr Arnaud Blunat op.
Lien vers la décoration florale du jour: » Aplanir sa route. »