Venez, et vous verrez !

17 janvier 2021
Deuxième dimanche du Temps Ordinaire, année B
1 S 3,3…19 ; Ps 39 ; 1 Co 6,13…20 ; Jn 1,35-42
Homélie du frère Benoît-Marie Simon

© J.-F. Kieffer, 1000 images d’Évangile, Les presses d’Île-de-France, 2001

Cet évangile est le récit d’une rencontre. Pas n’importe laquelle, on s’en doute, puisque le Christ n’est pas un homme parmi d’autres : il est le Fils Unique du père, Celui en qui Il a mis toutes ses complaisances !
Impossible, dans ces conditions, de rester un peu de temps avec Lui, et, ensuite, de retourner tranquillement à ses occupations habituelles, comme si de rien n’était ! Voilà pourquoi la vie de ces hommes, dont l’évangile nous parle, a radicalement changé ce jour-là.
Ils suivent le Christ, nous dit le texte. Où ? Ils ne le savent pas vraiment. Et au fond, peu importe. La seule chose qui compte pour eux c’est de « demeurer là où Il est », juste pour être avec Lui !
Ensuite, André amène son frère, qui reçoit un nouveau nom, et donc l’annonce d’une mission à laquelle, de toute évidence, il ne pensait absolument pas.
Qu’y a-t-il donc, en Jésus-Christ, pour que des hommes quittent tout, du jour au lendemain, pour vivre avec Lui ?
Attention, cependant, à ne pas croire que cela est automatique. En effet, on lit que Jésus « allait et venait ». Autrement dit, beaucoup d’hommes l’ont vu… et pourtant ils ont continué leur chemin, comme si de rien n’était.
D’où la question : pourquoi, certains s’arrêtent, et d’autres non ?
Tout dépend, évidemment, de la façon dont le cœur est disposé. Or, ce n’est pas d’abord le milieu dans lequel nous vivons qui façonne notre cœur, ce sont nos choix personnels. Et cette page de l’évangile nous redit lesquels.
Elle nous apprend, par exemple, que ces hommes étaient disciples de Jean le Baptiste. Cela signifie deux choses. D’abord, ils cherchent le sens ultime de la vie ; ensuite, ils sont bien conscients que, sans un maître, jamais ils ne le trouveront.
Voici donc un premier choix : accepter ou pas de se confronter avec ce qu’on appelle les questions existentielles ? Il faut croire que cela nous fait peur, puisque, beaucoup, préfèrent se réfugier dans le sommeil, ou dans leurs illusions qui les protègent, même si elles les enferment dans un mensonge.
Il est vrai, qu’à ne pas tricher avec le côté dramatique de la condition humaine, nous courrons le risque, soit de nous révolter, soit de sombrer dans le désespoir. D’où ce défi qu’un personnage de Dostoïevski lance à son frère : « Que de mystères accablent l’homme ! Pénètre-les et reviens intact ».
A moins, et c’est une deuxième décision, que, comme André et ses compagnons, nous acceptions humblement de nous placer sous l’autorité d’un maître, capable de nous conduire vers la lumière !

Autre point, souligné par l’évangile. Les disciples de Jean le quittent immédiatement, lorsqu’il leur montre le Messie. Ce n’est donc pas simplement un sens à leur vie qu’ils cherchent, ils attendent le Messie, c’est-à-dire celui qui va instaurer le royaume de Dieu. Certes, ils n’ont pas encore compris, ni sa véritable nature, ni qu’il ne se réalisera qu’au ciel ; mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ont soif d’autre chose que d’un bonheur purement humain, ou d’une justice et d’une fraternité purement humaines. Et c’est une troisième disposition du cœur.
Vous l’aurez noté, un des personnages de ce passage d’évangile reste anonyme. Ce n’est peut-être pas sans raison ! En effet, connaître son nom ne nous apporterait rien, puisque c’est le Christ, et Lui seul, qui explique ce qui se vit entre Sa personne et celle de ses disciples. De sorte que, cet anonyme, cela peut être chacun de nous. Peu importe, en effet, qui nous sommes et ce que nous sommes… pourvu que nous acceptions de suivre le Christ.
Dernière remarque, enfin. Jean, lui, n’accompagne pas ses disciples. Il s’en tient à la mission qui lui a été confiée : annoncer le Christ, jusqu’à donner sa vie. Extraordinaire docilité et humilité de celui qui invite ses disciples à se détacher de lui pour les orienter vers le seul Maître véritable : Jésus-Christ ; mais qui reste à la place qui lui a été assignée. Cette humilité nous rappelle que le salut est un don de Dieu. D’ailleurs, dans l’Évangile, Jésus a proclamé : « beaucoup ont désiré voir ce que vous voyez, et ils ne l’ont pas vu ». Et il ajoute : « A vous cela a été donné ».
Ne l’oublions pas, le salut n’est ni un dû, ni un privilège… tout simplement parce qu’il s’agit d’amour, et que l’amour est, par essence, gratuit et libre. En d’autres termes, même si nous savons avec certitude que Dieu aime tous les hommes sans exception, cela ne veut pas dire que nous y avons droit.

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