Confiance et fidélité

6 octobre 2024 – 27e dimanche du T.O., année B
Gn 2, 18-24 ; Ps 127 (128) ; He 2, 9-11 ; Mc 10, 2-16
Homélie du frère Arnaud Blunat



La première partie de cet évangile est souvent entendue dans les mariages.
Quant à la troisième partie, elle est souvent lue lors des baptêmes.
Entre les deux, Jésus apporte une précision au sujet des remariages.
Cet enseignement de Jésus a suscité beaucoup de réactions.
En réalité, il appellerait un plus long développement.
En effet, Jésus parle de l’homme ou de la femme qui renvoie leur conjoint pour en épouser un autre.
Ils sont de fait adultères. Adultère veut dire littéralement : aller vers un autre. C’est donc un fait objectif. Pour autant, Jésus n’évoque pas le cas de l’autre conjoint, celui ou celle qui a été renvoyé. Ne pourrait-il pas épouser une autre personne dans la même situation ?

L’Église catholique a beaucoup réfléchi et a pensé qu’il n’était pas opportun de faire des distinctions de ce type et a maintenu sa position par rapport aux remariages religieux.
Elle a fait sien l’enseignement de Jésus qui s’appuie sur le projet initial de Dieu évoqué dans le récit de la Genèse.

Dans ce récit des origines, on remarquera que l’homme et le femme sont considérés à égalité. Dieu les a créés différents et complémentaires. S’il leur enjoint de quitter leurs milieux respectifs c’est pour construire ensemble une nouvelle histoire et former une communion d’amour, de sorte qu’ils ne soient plus deux mais un. Or cette unité tant charnelle que spirituelle n’est vraiment possible que dans la foi au Dieu de l’Alliance.

Créés à l’image et ressemblance de Dieu, l’homme et la femme en s’unissant sont appelés à refléter l’amour du Dieu vivant.

Cet horizon, qui semble si difficile à atteindre pour tant de couples, suppose un souci constant d’ajustement qui passe par l’écoute et le dialogue, mais qui suppose également un souci sincère de conversion, conversion qui doit être parfois radicale, comme Jésus le dit dans le passage qui précède celui que nous avons entendu : si ton pied ou ta main t’entraîne à la chute, coupe-le, coupe-la. Si ton œil t’entraîne à la chute, arrache-le.

Mais comment durer dans le temps, comment demeurer ensemble dans la fidélité, s’il on n’est pas aidé, soutenu, encouragé ?
L’Église depuis longtemps a souligné l’importance de l’accueil de ces couples en difficulté, des couples en situation particulière, irrégulière, de leur accompagnement. Encore faut-il que ces couples acceptent cet accompagnement mais aussi que des personnes, à commencer par les prêtres, veuillent bien prendre le temps de les écouter et d’avancer avec eux.
Le pape François a largement explicité ce point dans son exhortation Amoris Laetitia, la joie de l’amour.

C’est avec la même exigence que Jésus réagit à l’encontre des apôtres qui empêchent les parents de présenter leurs enfants à Jésus. Le Royaume de Dieu est en effet visible dans cette démarche, dans ce geste d’accueillir les enfants et de les conduire vers Jésus. D’ailleurs vous en conviendrez, ce sont souvent les enfants qui nous conduisent vers Dieu, car ils manifestent une vraie spontanéité, un désir qui est inscrit dans leur nature d’enfant.

Au fond, Jésus nous invite à considérer avec la même attention, le même respect, ces liens qui nous rapprochent du royaume. Le lien parental autant que le lien conjugal appellent un grand respect des personnes et se doivent d’être entretenus, moyennant l’accueil de la grâce, cette grâce donnée plus spécifiquement dans les sacrements.
La grâce a pour fondement l’émerveillement et la gratitude. Le couple qui s’aime ne pourra pas vraiment tenir dans la durée et s’enraciner dans l’amour sans cette grâce d’émerveillement et de gratitude, ni sans le renouvellement permanent opéré par le sacrement.
Les enfants ne pourront progresser dans la foi et l’amour de Dieu si les parents ne leur montrent pas le chemin, en se tournant vers Dieu avec reconnaissance.

Pour nous aider à entrer dans ce mystère de son amour, Dieu est venu lui-même en son fils Jésus pour habiter au milieu de nous, mais aussi pour donner sa vie, l’offrir pour notre salut, pour nous faire sortir de l’engrenage du péché qui endurcit nos cœurs et nous enferme dans l’égoïsme.

Voilà pourquoi l’épître aux Hébreux affirme : Jésus qui sanctifie et les hommes qui sont sanctifiés ont la même origine, c’est pourquoi Jésus n’a pas honte de les appeler ses frères (cf. He 2,11).

Autrement dit, en Jésus Dieu s’est fait proche de nous pour nous accompagner, pour faire route ensemble. Il a partagé notre condition humaine, pour nous aider dans les difficultés, traverser les épreuves. Il nous invite à le recevoir au sein de nos couples, de nos familles autant que dans notre vie personnelle.

Ainsi pourra se réaliser ce qui est évoqué dans le psaume 127, ce même psaume que le pape François commente au début de son exhortation Amoris laetitia, et qui décrit le bonheur familial promis à celui qui craint le Seigneur, celui qui met sa confiance et sa fidélité en lui.

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