Prédication du frère Jorel François (sur Lc 24,35-48)
Dans la lecture du jour, Pierre soutient que les juifs de son temps ont tué Jésus par ignorance (a-gnoian cf. Ac 3, 17). Ignorance probablement excusable mais ignorance quand même.
Dans l’évangile, Luc présente Jésus ouvrant l’esprit des Apôtres et leurs compagnons disciples à l’intelligence des écritures (diénoixen auton ton noun tou synienai tas graphas), il s’agit de leur faire passer non seulement de l’ignorance à la connaissance mais encore de la non-compréhension à la compréhension.
Les apôtres ont longtemps été avec Jésus; ils ont marché, mangé avec lui, et pourtant, ils ne le connaissaient pas : ils ignoraient sa vraie identité, sa vraie nature, ils étaient comme des gens sans intelligence, ils avaient l’esprit bouché.
Nous sommes au matin de Pâques, ils expérimentent sa présence vivifiante au milieu d’eux. Et pourtant ils l’ont pris pour un fantôme ! Or Jésus ressuscité n’est pas un fantôme (pneuma) puisqu’il est ressuscité avec son corps.
Mystère de ce corps en chair et os (sarka kai ostea) ressuscité qui traverse pourtant les portes closes. Mystère de la résurrection de la chair professée dans le credo…
Dans l’Église, Jésus continue de nous ouvrir l’intelligence à la compréhension de l’Écriture. En ces temps de Pâques, en ces temps de réclusion, il nous invite peut-être à rouvrir la bible, à la lire, la travailler pour mieux la connaître, mieux l’intégrer, la comprendre et en vivre. Il nous enjoint au dépassement de la connaissance littérale pour accéder à une autre connaissance, plus intime, plus profonde, et ainsi le voir apparaître, accéder au sens, au mystère de Dieu révélé dans le Christ.