Prédication du frère Hervé Ponsot pour le vendredi de Paques (sur Ac 4,1-12 et Jn 21,1-14)
Mes frères, chers amis en ligne, parmi ceux qui apprennent que j’ai passé plusieurs années en Terre Sainte, et spécialement à Jérusalem, beaucoup me posent la question : « qu’est-ce qui t’a marqué ? ». Eh ! bien, j’ai aimé Jérusalem, mais j’ai préféré mes passages du côté de Tabgha, en Galilée, sur la rive nord du lac de Tibériade, là où l’on situe la pêche miraculeuse : les lieux ont peu changé, l’ambiance y est étonnamment paisible malgré les cars de touristes, et on a l’impression de pouvoir croiser Jésus au détour du chemin. Cela dit, Jérusalem reste un extraordinaire moment d’histoire.
Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous parle de cela ce matin. Il se trouve que la première de nos deux lectures, celle des Actes des Apôtres, se passe à Jérusalem, et la deuxième, tirée de l’évangile de Jean, au bord du lac, de Tibériade, en Galilée. Par les temps qui courent, dans ce contexte de pandémie, la campagne retrouve des couleurs, et nombreux sont ceux qui disent vouloir s’y installer ou réinstaller à l’avenir, passer symboliquement de Jérusalem en Galilée. Et nous chrétiens, allons-nous devoir choisir entre la paix de la Galilée et l’activité frénétique de Jérusalem ?
Il me semble qu’un tel choix ne nous appartient pas, et surtout qu’il ne se pose pas. En Galilée, vous l’avez entendu avec le récit de la pêche miraculeuse suivie d’un repas, c’est pour les disciples le temps du ressourcement ; à Jérusalem, avec le récit de comparution devant les autorités, c’est le temps du témoignage, le moment où il faut proclamer qu’« aucun autre nom que celui de Jésus n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver ».
Non, nous n’avons pas à choisir, et pas seulement au lendemain de Pâques : notre vie chrétienne est faite d’alternance, entre ressourcement et témoignage. Et si l’un d’eux nous fait défaut, alors l’autre s’en ressentira inévitablement. Depuis la résurrection de Jésus, nous sommes appelés à vivre entre la Galilée et Jérusalem, en allant de l’une à l’autre.