Humilité et vérité…. de Fr Benoît – Marie Simon.

Jésus et la Cananéenne – G. Garitan

Jésus et laCananéenne

Mt 15, 21-28

« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants
et de le jeter aux petits chiens. »

 

 Homélie dominicale de Fr Benoît-Marie Simon:

Version phonique:

Version écrite:

Humilité et vérité…

    Quel prêtre, aujourd’hui, oserait réponde de la sorte à quelqu’un qui s’approche pour demander, par exemple, la communion ?

    Vous me direz, avec raison, que nous ne sommes pas le Christ, et qu’on n’a pas forcément le droit de l’imiter sans discernement ! D’autant plus qu’il est difficile de prétendre comprendre parfaitement, dans quel esprit et pour quel motif, Jésus s’est comporté de la sorte avec cette Cananéenne ?

  Tout ceci est vrai ! Il n’empêche que, grâce à ces paroles, apparemment brutales, du cœur de cette femme est sorti, au grand jour, un acte d’humilité qui force l’admiration !

      Reste à savoir ce qu’il faut en conclure.

     On peut se demander, en premier lieu, s’il s’agit d’une exception ? On voudrait le croire ! Mais, la raison nous l’interdit. D’abord, parce que le Christ ne joue pas avec nous. Il ne fait pas non plus semblant. Et surtout, ses actes comme ses paroles, sont toujours le fruit d’une décision parfaitement consciente et libre. Ne l’oublions pas, en effet, ils manifestent tous quelque chose de l’attitude de Dieu à notre égard, puisque le Verbe révèle le Père, tout le temps, sans quoi Jésus n’aurait pas pu dire à Philippe : « Mais enfin, Philippe, tu ne sais pas que qui m’a vu a vu le Père !« . Dernier argument, Dieu ne fait pas acception de personne. Bref, impossible d’échapper à cette conclusion : ce que Dieu veut obtenir de la Cananéenne, il doit l’obtenir de chacun d’entre nous. En d’autres termes, ce que raconte notre évangile, n’est pas un cas isolé. Il souligne, au contraire, une vérité universelle et absolue : il faudra bien, qu’un jour où l’autre, nous soyons capables de réagir comme cette femme de l’évangile.

    D’où une deuxième question. Est-il vraiment nécessaire, pour arriver à cette humilité parfaite, de subir, comme elle, un certain nombre d’humiliations ? Là encore on voudrait le penser. Mais alors, si on est cohérent, il faudra conclure : ou bien que le Christ s’est comporté avec une brutalité inutile et injustifiée ; ou bien que cette Cananéenne est particulièrement orgueilleuse, de sorte que ce qui vaut pour elle, ne vaut pas pour la très grand majorité des hommes.

    Lequel d’entre nous, serait assez présomptueux pour l’affirmer ?

    Tout ceci pour dire qu’on ne deviendra pas humble, insensiblement, ni même au bout de petits efforts personnels. Rien n’y fait : il faut passer par des humiliations, de plus en plus rudes. Encore faut-il en recevoir, et, surtout, les accepter vraiment !

    Voilà pourquoi le curé d’Ars, par exemple, a pu dire que « nos vrais amis étaient les personnes qui nous humiliaient« . De même sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus écrit, dans l’histoire d’une âme, en s’adressant à sa prieure. « Du plus profond de mon cœur je vous remercie de ne m’avoir pas ménagée. Jésus savait bien qu’il fallait à sa petite fleur l’eau vivifiante de l’humiliation. Elle était trop faible pour prendre racine sans ce secours ».

    Inutile de préciser qu’il ne s’agit pas d’humilier les autres pour le plaisir, ou par ressentiment, et, encore moins, parce qu’on obéit à un instinct sadique.

    Mais, alors, direz-vous, comment faire ?

    C’est très simple ! Il suffit de dire la vérité, même lorsqu’elle fait mal et qu’elle heurte l’amour propre de ceux qui sont en face de nous. Tout simplement parce que, dans ce cas, se taire c’est mentir, et conforter l’autre dans son illusion et son péché. D’ailleurs, par la bouche du prophète Ézéchiel, le Seigneur nous avertit : « … si tu ne parles pas pour avertir le méchant d’abandonner sa conduite mauvaise, afin qu’il vive, c’est lui, le méchant, qui mourra de son péché, mais c’est à toi que je demanderai compte de son sang… » (3, 18)

    Certes, lorsqu’on doit dire une vérité difficile, il faudrait être mu uniquement par l’amour et la miséricorde, comme saint Dominique, à propos duquel les frères disaient que c’était une joie de se faire reprendre par lui.

    Reste que, rien ne dit que, même si nous avions saint Dominique en face de nous, nous accepterions ses reproches. Et puis, s’il faut attendre de rencontrer des saints pour accepter de se remettre en question, nous risquons fort de nous scléroser dans notre orgueil.

     D’où ce conseil, pour finir.

     Ne nous servons pas du fait qu’il y a toujours quelque chose à redire chez ceux qui nous font des reproches, pour ne pas entendre et accueillir la vérité qui se cache dans leurs paroles, même lorsqu’elles ne sont pas tout à fait justes.

    Ne l’oublions pas. Pour se sauver, il faut faire partie de l’Église, c’est-à-dire vivre la communion fraternelle, justement parce qu’on ne peut grandir dans l’humilité que si on se laisse reprendre par quelqu’un d’autre. Or, sur cette terre, les membres de l’Église, ne sont pas tous saints. Il n’empêche, dans les mains de Dieu, l’Église est l’instrument infaillible pour que nous apprenions du Christ à devenir, selon ses propres paroles, « doux et humble de cœur ».

Fr Benoît-Marie SIMON op.

Lien vers la liturgie florale : Confiance, persévérance…et courage.

INFO: Exceptionnellement la page « Homélie dominicale » du dimanche 27 août prochain ne sera pas actualisée.