L’Esprit souffle où il veut

Prédication du frère Jean-Marc Gayraud ce 20 avril (sur Jn 3,1-8)
N. B. Veuillez excuser le flou de la vidéo, et profiter surtout de l’audio.


Nicodème et la vie selon l'Esprit

L’Esprit, c’est comme le vent : nous sommes sans prise aucune sur lui. On ne sait ni d’où il vient ni où il va. Il est libre comme l’air et il vous prend toujours par surprise. Divine surprise de l’Esprit sur notre vie, si celle-ci veut bien lui laisser prise. Car il faut pour cela se dégager de l’emprise de soi sur soi. Je ne connais pas d’autre voie qu’une vie persévérante de prière et de charité pour s’y disposer.

Naitre de l’eau et de l’Esprit. Cyrille de Jérusalem disait aux néophytes : « l’eau salutaire fut votre tombe et votre mère ». Il faut mourir pour vivre. De mortelle qu’elle était, la mort est devenue matrice de vie. En mourant à toute forme d’emprise sur soi, l’Esprit peut donner la vie. Et d’ailleurs, n’est-ce pas un peu cela la mort, en quelque manière : le fait de ne plus avoir aucune emprise sur sa vie, ne plus pouvoir la maitriser en rien ? Et ne serait-ce pas en définitive pour laisser libre cours à l’agir de l’Esprit qui donne la vie ?

Entre Pâques et Pentecôte, vivons un peu mieux notre baptême. Qu’en tous ces points morts de ma vie vienne l’Esprit y engendrer la vie. Comme pour tout engendrement, ça n’est jamais sans souffrance, mais pour quelle naissance, quelle jubilation !

On pourrait croire qu’avec l’âge ceci devient toujours plus difficile, tant il est stupéfiant de constater comment on peut s’agripper à cette vie mortelle au fur et à mesure que se rapproche l’échéance ultime. L’entretien de Jésus à Nicodème nous indique le contraire. L’âge peut y aider qui connait d’expérience sur ce sujet l’étendu du chantier jointe à la stérilité de nos entreprises humaines. La chair éprouvée est on ne peut mieux disposée à la naissance de l’Esprit en elle.

Si tu ne sais pas d’où vient l’Esprit, tu ne sais pas davantage où il va, où il te mène. La voile de notre bateau, en prise avec l’Esprit, tient aussi lieu de gouvernail. L’Esprit nous conduit selon la volonté du Père, non selon la nôtre : autre forme, et non des moindres, de déprise sur sa vie. Mais c’est bien pour que puisse s’entrevoir déjà, depuis le frêle esquif de cette vie, le rivage bienheureux. Là-bas se devine le jardin de la vie, la vraie, la vie éternelle !