Dimanche 8 janvier 2023
Solennité de l’Épiphanie
Is 60, 1-6 ; Ps 71 (72) ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12
Homélie du frère Damien Duprat
Quel était donc cet astre que les mages ont vu et dont ils ont interprété avec exactitude la signification ? Comète de Halley, conjonction de Jupiter et de Saturne, les hypothèses sont diverses. Ils ont observé dans le ciel quelque chose que tout le monde pouvait voir ; sans doute d’autres savants, quelque part sur terre, ont-ils eux aussi remarqué ce phénomène particulier dans le ciel.
Dans la religion perse de Zoroastre, qui était probablement celle des mages de la crèche, on attendait un envoyé de Dieu qui sauverait le monde du mal. Peut-être ces savants se référaient-ils à Balaam ; cet antique prophète païen avait jadis contemplé, du haut de la montagne, le peuple d’Israël faisant étape à l’est du Jourdain avant de se lancer à la conquête de la Terre promise ; Balaam avait alors prononcé des paroles de bénédiction, dont la Bible garde la mémoire : « Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël » (Nb 24,17). De tous les sages qui ont su décrypter le sens de cette mystérieuse étoile, seuls quelques-uns ont fait le déplacement jusqu’à Jérusalem pour venir adorer ce roi sauveur qui venait de naître. Quelle n’a pas dû être leur surprise de constater que leurs interlocuteurs, jusqu’aux docteurs d’Israël, ne savaient pas la nouvelle ! En revanche, ces derniers ont su leur dire ce qu’eux-mêmes ne savaient pas : le lieu précis où devait naître ce grand personnage.
Faut-il donc scruter les étoiles pour rencontrer Dieu ? La fête d’aujourd’hui nous dit plutôt le contraire. Si l’événement unique de la naissance du Sauveur a modifié le cours des astres, c’était pour que soit manifestée au monde la lumière véritable qui éclaire tout homme : le Christ lui-même. Désormais, c’est en lui que nous pouvons connaître Dieu, qui il est, ce qu’il fait. Oh, le mystère de Dieu dépassera toujours les capacités de compréhension de nos esprits créés. Et pourtant, depuis sa manifestation (c’est le sens du mot Épiphanie en grec), Dieu n’est plus un inconnu. La foi que nous transmet l’Église donne accès à une connaissance de Dieu inégalable ; cette foi que nous avons reçue et que nous professons nous met un peu dans la situation de ceux qui ont découvert l’Amérique et qui ont de ce fait la responsabilité d’en informer les autres. Cette foi est une vertu surnaturelle, c’est-à-dire qu’elle est un don de Dieu ; tout à la fois elle est un acte libre et raisonnable de notre part. Elle nous ouvre un espace de connaissance auquel l’intelligence seulement humaine n’a pas accès, de même que les mages avec tout leur savoir ont tout de même eu besoin des Écritures Saintes pour accéder au Sauveur.
Gardons-nous donc de chercher dans la science des astres ce qui nous est donné d’une façon incomparable dans l’Écriture Sainte, dans la vie de l’Église et dans ses enseignements. Dieu s’adresse à nous par sa parole vivante qui est proclamée dans nos assemblées ; il se rend proche dans son corps mystique dont nous avons l’honneur d’être les membres. C’est là qu’il offre à tous le chemin de vie que tout homme désire trouver.
Si nous nous demandons ce qui a permis aux mages de vaincre tous les obstacles qui se sont présentés à eux au cours de leur voyage , nous devons répondre que c ‘ est sans doute
– leur foi profonde
– leur espérance inébranlable
– mais que c ‘ est surtout leur charité .
Leur amour de Jésus les a engagés à tout quitter pour le voir et pour lui manifester l ‘ hommage de leur adoration .
Cotte charité est suggérée par St Matthieu lorsqu ‘ il écrit qu ‘ après avoir quitté Jérusalem , ile virent à nouveau l ‘ étoile , si bien qu ‘ ILS SE REJOUIRENT D ‘ UNE TRES GRANDE JOIE ;
La profondeur de leur joie nous fait connaître l ‘ ardeur de leur charité et nous fait connaître l ‘ intensité de leur désir de Dieu , de leur soif de Notre – Seigneur ..
C ‘ est cette soif de Dieu , ce désir de Dieu qui a été à l ‘ origine de l ‘ entreprise des mages , et ils n ‘ ont pas été trompés dans leur espérance .
Les mages reconnaissent en Jésus – Christ leur sauveur et leur Dieu ; c ‘ est pourquoi ils expriment leur soumission totale par un acte de révérence , d ‘ adoration .
Merci pour ce commentaire qui me semble très juste !
Fr Damien