La nuit où tout commence, de Fr Arnaud Blunat.

Nuit de Noêl

Lc 2, 1-14

 » Aujourd’hui vous est né un sauveur « 

Prédication de Fr Arnaud Blunat :
Noël, la nuit où tout commence.
         A quelques jours, à quelques heures de Noël, les armes se sont tues, les combats se sont arrêtés, à Alep en Syrie.
Mais ailleurs, d’autres armes se font encore entendre : cris, coups de poings, insultes, menaces… tout ce qui défigure et déshonore notre humanité.
Qu’est-ce que Noël pour tant d’enfants ainsi maltraités, violentés, martyrisés ?
Ailleurs encore, peut-être pas si loin, des hommes et des femmes passent un Noël en demie teinte, dans la tristesse et la solitude, pendant que d’autres mangent, boivent, rient, s’amusent. Il n’y a rien de mal à cela. Seulement ils ne savent pas vraiment pourquoi.
         Il y a maintenant près de 2000 ans, un jeune couple a risqué l’impossible pour protéger la petite vie qu’il était sur le point d’accueillir. L’enfant n’était pas le bienvenu. Les portes se sont refermées les unes après les autres. Pas de place. Plus de place. Ce qui est étrange dans un pays où l’hospitalité devait être un principe. Et ce qui rend la scène de la Nativité incroyablement actuelle et réaliste, 2000 ans plus tard !
         A croire que Dieu avait tout prévu, même l’impensable ! Qui s’en est indigné ? Nul n’a réagi. Le jeune couple a trouvé refuge vraisemblablement sous une étable, quelque part dans le village, à Bethléem. Bethléem : la « maison du pain ». 30 ans plus tard, Jésus dira : « je suis le pain vivant descendu du ciel ». A Emmaüs, deux disciples ne le reconnaitront qu’au moment où il bénira et rompra le pain.
         A Bethléem, ce sont les pauvres qui sont convoqués. Les bergers avec leurs troupeaux, ceux qu’on ignore et pourtant sans qui la vie ordinaire n’est pas possible. On mange bien la chair des agneaux et on s’habille grâce à leur laine. Jésus est l’un d’eux. Le fils de David est assurément le digne descendant du petit berger devenu roi, choisi contre toute attente, pris de derrière le troupeau. Jésus sera le bon Berger de son peuple. Il choisira de s’adresser en premier aux pauvres de ce monde. Sa dernière parole sera pour un pauvre, un mendiant, qui du haut de la croix implorera son pardon, et demandera une seule chose : d’être accueilli en paradis.
         Mais revenons à Bethléem ; il y règne une agitation inhabituelle, la confusion, l’indifférence, l’anonymat… Le village n’en revient pas de ce bouleversement provoqué par la décision de l’Empereur romain. Ceux qui viennent d’ailleurs, bien que descendants de la tribu de Juda, on ne sait plus où les mettre. On ne les connait plus, on ne les reconnait plus. On s’agite mais pour rien. Mais ailleurs, là-haut dans le ciel, c’est une toute autre agitation qui s’empare de tous les habitants. Des anges, une foule d’anges, une armée d’anges, tous sont mobilisés pour chanter la Gloire de Dieu. On les imagine, là, sans exception, tous présents pour accueillir celui qui vient de chez eux, du ciel, pour habiter sur la terre, au milieu des hommes.
         Seuls bergers, les pauvres, les vrais pauvres, ont tout compris. Un signe leur est donné, que les autres ne pourront pas comprendre et qui, de tout temps, et sous toutes les latitudes, provoquera les mêmes réactions, laissant les uns perplexes, les autres goguenards, d’autres tout simplement insensibles, d’autres encore agacés, ou furieux. Un enfant ! Un nouveau-né ! Un fils d’homme ! Emmailloté et couché dans une mangeoire !
         Çà, c’est un signe, un signe qui parle de lui-même, parce qu’il est totalement inattendu, incongru, inacceptable. Qui, en effet, pourrait accepter de voir un enfant couché dans une mangeoire, à part les bergers qui n’ont pas d’autre moyen pour mettre au monde leurs enfants ?
         Dieu a ainsi voulu nous prendre de cours, à contrepied. Dieu est là, dans cet enfant, emmailloté et couché dans une mangeoire ! Il n’y a pas d’autre signe que ce fils unique. Mais les titres messianiques que le prophète Isaïe a reçus de Dieu : Conseiller – merveilleux, Dieu fort, Père à jamais, prince de la paix, se réalisent et se révèlent désormais dans la chair d’un homme, et c’est au plus profond d’un petit corps d’homme que Dieu se donne à voir.
         Noël n’est pas la fête des enfants couverts de cadeaux, cadeaux qui ne réjouissent qu’un temps. Noël, c’est la fête des enfants qui accueillent le Dieu vivant, Dieu qui se fait chair dans notre chair, afin de nous en réjouir pour l’éternité.
         Alors pour tous ces enfants qu’on sait accueillir alors qu’on ne les attendait pas, pour tous ces hommes et ces femmes à qui on redonne une raison de vivre, de croire et d’espérer, Noël est le plus beau signe, le plus beau  cadeau qui leur est accordé.
         Heureux serez-vous si vous savez vous émerveiller de la joie des anges, si vous savez reconnaitre en vous l’enfant qui vient naitre, et si vous savez partager cette joie par un sourire, une parole, un geste, un regard.
         Soyons « ce peuple ardent à faire le bien », comme le dit Saint Paul, bien décidé à « renoncer à l’impiété et aux tristes convoitises de ce monde, » sur qui Dieu fait briller sa gloire.
         Sachons reconnaitre nos vraies pauvretés, engoncés que nous sommes dans nos réflexes de propriétaires satisfaits, habitués à penser à soi en priorité. Sachons reconnaitre aussi nos vraies richesses que Dieu nous propose de partager.
         Et désormais, que toutes les fois où nous mangeons, où nous buvons, où nous nous réjouissons, ce soit toujours à cause et au nom de cet enfant, car sans lui notre vie n’est pas « sauvée », notre vie ne vaut rien, elle est appelée à disparaitre.
         Ainsi que Jésus soit votre Sauveur et votre Seigneur, aujourd’hui et pour toujours !
         Que Noël soit le jour où tout commence, où tout recommence.
         Enfin que la joie illumine vos visages et transfigure vos cœurs.
Joyeuse fête de la Nativité à tous et à chacun !
Messe de la nuit de Noël 2016
Fr Arnaud Blunat op.

Lien vers prédication de Fr Hervé Ponsot: Gaspard, joie et paix de Noël

Lien vers liturgie florale : Enfin Noël