7 août 2022 – 19è dimanche du T.O., année C
Sg 18, 6-9 ; Ps 32 (33) ; He 11, 1-2.8-12 ; Lc 12, 32-48
Homélie du frère Arnaud Blunat
Dans la chaleur écrasante de l’été, grand est le risque de nous assoupir, de nous endormir. Dans l’attente interminable de la venue du Seigneur, grande serait la tentation de tout abandonner. A quoi bon attendre encore ?
Dans l’évangile, nous avons entendu que le Seigneur est comme un époux qui tarde à venir et néanmoins impatient de voir son épouse répondre à son amour. Il nous demande de veiller activement pour lui ouvrir quand il viendra.
L’attente est certes longue, mais il nous a laissé un trésor, et il nous promet un trésor plus grand encore, un trésor inépuisable dans les cieux. Pour l’heure, il nous a donné le trésor de la foi. Et sans cesse, il vient réveiller cette foi, il vient la solliciter, la revitaliser.
« Là où est ton trésor, là est ton cœur ».
Qu’est-ce donc qui est le plus précieux dans notre vie ? A quoi tenons-nous le plus ?
Si nous disons nos possessions, nos biens matériels, malheureux sommes nous. Si nous disons nos proches, ceux que nous aimons, nous ne pourrons pas entrer dans la joie qu’il nous promet. Si nous disons : nous-mêmes, nous nous égarons encore. Car, même notre vie ne nous appartient pas. C’est entre les mains de Dieu que nous devons la remettre jour après jour.
« Là où est ton trésor, là est ton cœur ».
Notre seul vrai bien, c’est lui-même, sa Parole qui nous façonne, son amour qui nous éclaire, son Esprit qui nous conduit. A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ! C’est lui le chemin, la vérité et la vie !
Heureux ceux qui cherchent sa parole et la gardent de tout leur cœur.
Ce trésor de la foi, Dieu l’a donné à notre père Abraham. Au milieu des innombrables dieux des nations, Abraham a entendu au plus profond de lui cette parole qui lui disait : va vers le pays que je t’indiquerai.
Par la foi, Abraham s’est laissé conduire vers une terre nouvelle.
Par la foi, il a accueilli la promesse d’un fils, mais il ne s’est pas détourné de Dieu quand celui-ci l’a à nouveau mis à l’épreuve.
Par la foi, le peuple sous la conduite de Moïse a traversé la mer à pied sec et marché dans le désert. Il est ainsi passé de la mort à la vie. Et nous-mêmes nous ne cessons de faire mémoire de cette Pâque, de cet événement pascal. Il est au cœur de notre vie. Toute notre vie doit être comme un passage de la mort à la vie, pour nous préparer à cet ultime passage qui marquera notre entrée dans la plénitude de la vie.
« Là où est ton trésor, là est ton cœur ».
Un jour le Seigneur nous appellera. Nul ne sait le jour ni l’heure. Mais chacun doit se préparer. Alors pourquoi cette peur viscérale de la mort ? Pourquoi cette peur d’aborder ce qui sera le plus grand événement de notre vie ? Pourquoi ?
La venue du Seigneur désigne assurément le moment que Dieu choisira pour nous convier à son banquet de noces. La mort n’est donc ni une catastrophe ni une fatalité, mais l’accomplissement de notre vie sur la terre. Si elle nous plonge dans l’angoisse et dans l’effroi, c’est bien parce que nous ne regardons que nous-mêmes, nous ne sommes tournés que vers nous-mêmes, et non pas vers le Seigneur.
Notre vie, quand bien même elle serait tournée vers les autres, n’est en rien un absolu. Encore une fois, elle ne nous appartient pas, mais elle nous est donnée pour que nous nous disposions à accueillir la bonne nouvelle du Royaume.
Comme il est étonnant que lorsque la mort survient, alors que nous ne nous y attendons pas, nous commençons par en vouloir à Dieu, voire à nous révolter contre lui. C’est bien le signe que notre vie n’est pas orientée. Nous sommes à proprement parler désorientés.
S’il est normal de nous affliger de la perte d’une personne qui nous est chère, pourquoi donc nous détourner de celui qui en réalité a donné la vie et qui souvent nous a permis de vivre de si beaux moments ? Dans les célébrations d’obsèques que je fais souvent, il est si rare de relier – pour ne pas dire de relire la vie de celui qui nous quitte avec celui qui en est la source ?
C’est là le drame de l’homme, de vivre en étant coupé de sa source, coupé de la grâce qui lui est faite. Le drame de l’homme c’est de se détourner de Dieu au lieu de rendre grâce. C’est de ne pas aimer en retour de l’amour reçu.
Mais si Dieu nous reprend ceux que nous aimons, et si un jour il reprend ce qu’il a donné, ce n’est pas une injustice, ce ne sera ni cruauté ni sadisme, mais bien pour nous conduire vers un bien supérieur.
L’auteur de la lettre aux Hébreux l’avait parfaitement compris : nos pères dans la foi étaient comme des étrangers et des voyageurs, qui aspiraient à une vie meilleure, celle des cieux, et pour eux Dieu a préparé une ville.
«Là où est ton trésor, là est ton cœur ».
Si ton trésor est sur cette terre, alors tu n’as aucun avenir. Mais si ton trésor est dans les cieux, alors ce que tu auras perdu en ce monde te sera rendu au centuple dans le monde à venir. Dieu viendra à toi pour ter servir et ainsi te combler de ce que tu ne pouvais pas donner par toi-même. Son amour débordera en toi. Tu auras l’éternité pour le goûter et le partager avec tous les vivants dans la joie du Royaume.
Voilà pourquoi il n’est pas question de nous assoupir, de nous endormir. Il nous faut veiller dans la foi et tenir ferme cette promesse qui nous est faite. Que le Seigneur notre Dieu et Père soit notre unique trésor, celui qui nous trouvons la paix et le repos. Nous connaissons tous la merveilleuse prière de Saint Augustin : Notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi !
Merci pour cette » lumineuse » homélie qui nous est une aide précieuse pour nous mettre et remettre sur le » juste chemin » .