La résurrection de Lazare – Rembrandt – 1630
Jn 11, 3-17. 20-27. 33-45
« Ne te l’ai-je pas dit ?
Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »
Homélie de Fr Rémy Bergeret :
Version phonique:
Version écrite:
La Résurrection et la Vie.
Si la Sainte Famille était déjà étonnante pour la mentalité juive -un père adoptif, une mère célibataire, un enfant unique-, celle de Lazare ne l’est pas moins. Trois célibataires avec trois personnalités, trois destins assez étonnants aussi.
Marie est celle qui écoute, Marthe celle qui sert, Lazare celui que Jésus ressuscite ou plutôt ramène à la vie et il n’est pas le seul dans l’Evangile. Le fils de la veuve de Naim, la fille de Jaïre… La nouveauté, dans ce miracle, tient aux circonstances : le 4ème jour, il sent déjà. Autrement dit, la corruption du corps a déjà commencé son œuvre (c’est comme cela qu’on comprenait la mort à l’époque/ les critère médicaux ont évolué). Mais Jésus en a vu d’autres. » Lazare, sors ! » De ton tombeau, de ta solitude, de tes enfermements possibles. Car il ne suffit pas de faire partie des amis de Jésus pour se sortir des épreuves -de la mort- par un coup de baguette magique !
C’est pourquoi j’aime situer Lazare en relation avec ses deux sœurs. Elles ont un rôle, une mission propres dans l’entourage de Jésus. Ainsi Marthe, que l’on cantonne souvent dans le service de la maison, les occupations ménagères -en clair, la bonne à tout faire-. Eh bien, ce jour-là, elle se voit gratifier d’un dialogue avec Jésus qui l’invite à confesser sa foi en Lui. » La Résurrection et la Vie « . Et cet épisode est à placer dans la ligne d’autres signes de l’évangile de Jean : les Noces de Cana, la multiplication des pains (ch 6), la guérison de l’aveugle-né. Oui, ce jour-là, Marthe est au niveau de Pierre à Césarée : » Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant « . Quant à Marie, elle a déjà fait ses preuves : elle est à l’écoute des paroles du Maître, à ses pieds et ce jour-là, elle essaie de discerner le sens de la mort de son frère, alors que Jésus était absent. Elle demeure résolument contemplative : elle a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée.
Dans les grands évangiles/catéchèses de l’Année A, tirés de Saint. Jean, Lazare est le dernier, avant le grand drame de la Semaine sainte. Cette guérison est en effet la goutte qui fait déborder le vase. Depuis les Noces de Cana, des juifs se convertissent à Jésus, de plus en plus nombreux, tout au long de son parcours et de manière continue. Mais là, le cap est dépassé, l’insoutenable est atteint pour les autorités du Temple : le Nazaréen en fait trop, il faut l’éliminer ; les puissances du mal sont jalouses des forces du bien, alors même que la vie l’emporte sur la mort.
En même temps, cet épisode n’est pas une banale répétition générale de la Mort/Résurrection de Jésus à venir. Car Jésus ressuscite avant le 4ème jour fatidique, le Juste n’a pas connu la corruption du tombeau. Par ailleurs, Jésus ne revient pas à la vie terrestre, Il est Ressuscité pour une vie totalement nouvelle, la vie éternelle. Cela dit, il y a comme un avant-goût d’anticipation, une espérance proclamée au cœur d’une amitié humaine forte. Et c’est sans doute pour cela que cet ultime signe devait se produire dans cette famille-là, aux portes de la Ville sainte.
Retenons donc simplement, qu’à la suite de Marthe, nous sommes invités à confesser Jésus-Christ comme « la Résurrection et la Vie », Celui qui est à l’œuvre pour nous relever de toutes nos petites morts (nos maladies, nos échecs, nos faiblesses, nos péchés…). Oui, Il opère des libérations, des guérisons, des résurrections de toutes sortes dans nos vies, dès maintenant : le croyons-nous vraiment ?
Fr Rémy Bergeret op.
Lien vers la liturgie florale du jour : Et il revint à la vie…