10 octobre 2021
28è dimanche du Temps Ordinaire, année B
Sg 7,7-11 ; Ps 89 (90) ; He 4,12-13 ; Mc 10,17-30
Homélie du frère Hervé Ponsot
Frères et sœurs, quelle sagesse a présidé à l’origine du monde et de l’homme ? La philosophie a cherché à répondre à cette question. A peu près en même temps qu’elle, la tradition judéo-chrétienne est entrée dans le débat et a voulu proposer une réponse qui aille au-delà de la philosophie. Le fait que notre Bible commence par cette question n’est certainement pas un hasard.
Qu’a-t-elle proposé ? Pour les auteurs bibliques, ceux du livre de la Sagesse ou du livre des Proverbes, la Sagesse n’est pas tant une pensée déterminant une règle de vie qu’un esprit vivant, présent aux origines du monde. Dans l’extrait que nous avons entendu, l’auteur nous dit d’ailleurs : « L’esprit de la sagesse est venu en moi », et, un peu plus loin, « je l’ai aimée ». Et plus loin, dans la bouche de Salomon s’adressant à Dieu : « Donne-moi la Sagesse assise auprès de toi ». Plus tard, l’apôtre Paul s’inscrira dans cette ligne en présentant le Christ comme la sagesse de Dieu. Et dans le même esprit, la lettre aux Hébreux verra en cette sagesse la Parole de Dieu, « vivante, jugeant des intentions des pensées et du cœur ».
Frères et sœurs, en sommes-nous suffisamment conscients ? Avec le Christ, avec sa Parole, nous disposons donc de la véritable Sagesse. Elle est la source d’innombrables richesses, que saint Paul se plaît à énumérer dans la lettre aux Galates : paix, joie, bonté, confiance dans les autres etc. Il s’agit là d’un trésor inaltérable, je dirais volontiers de la seule vraie richesse qui vaille qu’on se « dépense » pour l’acquérir. Notre intérêt est de la faire grandir.
C’est ici que la richesse qui naît de la Sagesse de Dieu présente un caractère singulier, qui fait paradoxalement droit à ce que demande Jésus dans l’évangile de ce jour. La richesse du jeune homme riche, faite de « grands biens » nous dit l’évangéliste, est précaire : la garder, et mieux encore l’augmenter, pèse sur celui qui la possède. Cette richesse-là est à l’origine de soucis constants, sinon de tourments. A l’inverse, la richesse que produit la Sagesse divine nous allège, nous élève. Mais surtout, elle grandit en se donnant ! Disons même qu’elle ne grandit qu’en se donnant.
Un vieux proverbe français dit qu’un clou chasse l’autre. Aussi le jeune homme riche est-il invité à se dépouiller d’une fausse richesse pour connaître la vraie, celle que ni les mites ni les voleurs ne diminuent ou ne dérobent. Hélas ! Ses grands biens le retiennent de faire le pas nécessaire, autrement dit de se confier à la parole de Jésus plus qu’à ses biens propres. Malgré son attachement à la parole de Dieu, il est un homme « de peu de foi ». Ne l’accablons pas et reconnaissons-le : il est très proche non seulement des disciples qui s’interrogent, mais aussi de chacun de nous ! Leur cause et la nôtre sont-elles désespérées ? Non pas, car tout est possible à Dieu ! A condition de se tourner vers lui et de lui demander la vraie richesse, celle qui provient de sa Sagesse. Avec Salomon, redisons donc : « Donne-nous la Sagesse assise auprès de toi », et apprends-nous à ne chercher que les richesses qui en proviennent.