Dimanche 31 décembre 2023
Fête de la Sainte Famille, année B
Gn 15,1-6 ; 21,1-3 ; Ps 104 (105) ; He 11,8.11-12.17-19 ; Lc 2,22-40
Homélie du frère Silvère Ametonou
Chers frères et sœurs,
Depuis le XVIIe siècle, on remarque dans plusieurs pays d’Occident, la constitution des associations de la Sainte Famille. En 1893, le pape Léon XIII leur donna un statut commun. Et à cet effet, il leur a octroyé la célébration d’une fête : la Sainte Famille, fixée au troisième dimanche après l’Épiphanie. En 1914, le pape Benoît XV l’a transférée au 19 janvier, puis au premier dimanche après l’Épiphanie, quand, en 1921, il l’étendit à l’ensemble de l’Église de rite latin. La date actuelle de sa célébration, c’est-à-dire le dimanche après Noël ou le 30 décembre s’il n’y a pas de dimanche disponible, remonte à 1969 sous l’autorité de Paul VI, conformément aux décrets du concile Vatican II.
Bien que la célébration de la Sainte Famille trouve son origine dans la pastorale et la spiritualité de la famille, elle s’inscrit dans le mystère de l’Incarnation. Le Fils de Dieu est porté et formé dans le sein d’une femme comme tous les autres enfants, et est né comme eux. Il a été éduqué dans la tradition socioculturelle et religieuse juive comme tous les garçons juifs. Il a grandi comme les jeunes de Nazareth, dans la culture qui sera le véhicule de sa prédication. Sa vie cachée est d’ailleurs dix fois plus longue que le temps de son ministère. La célébration de la Sainte Famille nous rappelle que Dieu s’est vraiment fait l’un de nous et a grandi dans une famille comme nous.
Les textes que cette année liturgique B nous propose en cette fête, mettent en exergue la Sainte Famille comme un modèle de foi. Au début de sa prédication, Jean Baptiste disait ceci aux juifs : « Je vous le dis, des pierres que voici, Dieu peut susciter des enfants à Abraham » (Mt 3,9). Cette affirmation de Jean montre bien que Dieu, dans sa toute puissance et sa grande souveraineté, pourrait aussi entreprendre l’œuvre de salut des hommes sans impliquer ces derniers. Cependant, il n’a pas voulu le faire ainsi. Pour sauver l’humanité gagnée par le mal et le péché, Dieu a d’abord constitué et élu le peuple d’Israël afin qu’il soit la lumière des nations, le ferment du salut du monde, le peuple modèle.
Et à l’origine du peuple élu, il faut souligner la foi d’Abraham. Alors que la promesse faite à Abraham qu’il sera le père d’une grande nation se révélait impossible, Dieu a réitéré sa promesse, et Abraham eut foi. Plusieurs fois dans sa relation avec Dieu, Abraham fit preuve de grande foi dans le Seigneur et pour cela, le Seigneur estima qu’il était juste. Le juste dans la culture biblique, c’est l’homme de foi. La foi se manifeste par l’adhésion à la parole de Dieu, par l’obéissance à la volonté du Seigneur. Abraham est juste, et donc un homme de foi, parce qu’il a obéi à la volonté de Dieu. C’est en quittant son pays sur l’ordre de Yahvé pour un pays inconnu, en acceptant de mettre sa confiance en Dieu qui lui promet une descendance nombreuse, ou encore en acceptant d’offrir Isaac, qu’il est juste aux yeux du Seigneur.
Comme à l’origine de la constitution du peuple élu il y eut la foi d’Abraham qui est le père des croyants, au début de l’entrée du Fils de Dieu dans notre histoire, il y eut aussi la foi de la jeune vierge de Nazareth. Même si l’annonce de l’ange semble apparaître comme une utopie, Marie a dit oui, adhérant ainsi par sa foi, au projet de salut de Dieu. Joseph, de son côté, n’est pas moins un homme de foi, même si on en parle peu ou pas assez. Il a associé sa foi à celle de Marie pour que Dieu entre dans le cours de l’histoire humaine. C’est parce qu’il est un homme de foi, un homme juste, qu’il a cru et a accepté d’obéir à la parole de l’Ange, en prenant chez lui Marie, alors que l’enfant qu’elle a conçu n’est pas pour lui. Il a accepté d’être le père adoptif du Fils de Dieu, afin de lui assurer une éducation humaine.
Jésus est donc né et a grandi dans une famille de foi. C’est d’ailleurs au nom de leur foi que Marie et Joseph sont allés au Temple pour le présenter et l’offrir au Seigneur suivant la prescription de la Loi donnée par Moïse. Siméon et Anne qui jubilent en ce jour avec Marie et Joseph, manifestent aussi une grande foi en reconnaissant en Jésus, le Sauveur promis pour la consolation et la délivrance d’Israël.
Marie et Joseph ont assuré à Jésus une éducation socioculturelle, mais surtout religieuse. C’est pourquoi la Sainte Famille est le modèle parfait de famille chrétienne, un modèle de foi. Aujourd’hui, tous les hommes clairvoyants et de vérité conviennent à dire avec unanimité que la famille de notre temps est en crise. Beaucoup de parents se cherchent. Ils ne savent plus quel est leur rôle. Beaucoup n’ont plus le temps pour leurs enfants, parce qu’occupés par le travail et les affaires. Les enfants ont tout, sauf la présence de leurs parents. Ils se débrouillent quelquefois entre eux pour leur éducation qui est souvent assurée par la rue et les médias. Au nom du droit de l’homme, on trouve que donner une éducation religieuse aux enfants est une violation de leur liberté. On estime qu’on doit les laisser grandir libres afin qu’ils choisissent eux-mêmes à l’âge adulte, le genre de vie qu’ils veulent mener.
Bien-aimés du Seigneur, en célébrant aujourd’hui la sainte Famille, nous sommes invités à faire le point sur les valeurs de la famille et surtout de la famille chrétienne. Comment faire pour que la famille chrétienne soit à l’image de la sainte Famille ? Cela engage la responsabilité de tous et de chacun. Pour les familles, vivre à l’image de la sainte Famille est déjà un témoignage, une œuvre d’évangélisation, puisque notre identité chrétienne est directement mise en lumière. Pour les pasteurs de l’Église, la responsabilité est encore plus grande puisque c’est à eux d’assurer en amont l’éducation chrétienne.
En ce jour où nous célébrons la Sainte Famille, nous confions au Seigneur au cours de cette Eucharistie, toutes les familles du monde, surtout celles qui vivent des crises graves. Nous confions en particulier au Seigneur, toutes les familles chrétiennes afin que leur vie soit un témoignage pour tous ceux qui sont loin du Seigneur, Amen.
Merci pour cette magnifique homélie qui redynamise notre foi en Dieu et en Sa Providence .
On ne peut que déplorer que l ‘ ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE français n ‘ enseigne plus cette Foi aux jeunes générations qui lui sont confiées .