Le Christ porteur de vérité
C’est seulement par l’amour et l’humilité que je peux vivre dans la Sainte Vérité. Par cette Vérité, laquelle j’espère respecter dès maintenant, aidez-moi à accepter chaque illumination de conscience que Vous choisissez de m’envoyer. Amen.
Jn 6, 1-15
À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient :
» C’est vraiment lui le Prophète annoncé,
celui qui vient dans le monde. «
Homélie dominicale de Fr Benoît-Marie Simon:
Version phonique:
Version écrite:
La seule vérité… celle du Christ.
Dans l’évangile de dimanche dernier, Jésus se préoccupait de la foule qui se pressait autour de lui. Mais, alors, il réagissait au vide intérieur qu’il percevait chez eux. Voilà pourquoi il s’est mis à les enseigner longuement.
Cette fois, il se soucie de ce qu’ils doivent manger.
Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, la foule le suit partout. Et, ce n’est pas uniquement parce qu’il répond à leurs nécessités matérielles, ni même à leur désir d’être en bonne santé ou de trouver un sens à leur vie. En effet, dans tous ces miracles, ils voient, d’abord et avant tout, des signes. Et, nous dit l’évangile, ils concluent : « c’est vraiment lui le prophète qui doit venir dans le monde« .
D’où la question qui brûle les lèvres : pourquoi donc cette même foule a, finalement, participé à sa mise à mort ?
C’est d’autant plus troublant que Pilate a tout fait pour relâcher le Christ. Ils n’avaient donc pas à braver l’autorité en place ! Au contraire. Or, ils ont préféré libérer Barrabas, un bandit notoire, plutôt que défendre le Messie !
Vous répondrez : il faut croire qu’à un moment donné ils ont été déçus, ou dépassés. Peut-être ! Mais, dans ce cas, il leur suffisait de rester chez eux, au lieu de continuer à le suivre. Ils n’avaient pas besoin de vouloir qu’il soit crucifié ! D’autant plus que Jésus n’a jamais obligé personne à l’écouter. Il n’a pas imposé, dans son pays, un régime autoritaire, qui aurait obligé par la force ses concitoyens à observer la loi divine. Plus tard, d’autres s’y essaieront, par exemple Savonarole à Florence. Pas Lui !
Il s’est contenté de prêcher, d’enseigner, de guérir… ceux qui venaient le trouver librement !
Décidément il y a une énigme : pourquoi vouloir éliminer quelqu’un, simplement parce qu’il dit des choses que nous n’avons pas envie d’entendre, alors qu’il est si facile de l’éviter ?
A moins, et c’est la seule solution, qu’il soit difficile d’oublier et, surtout, d’ignorer ce qu’il dit, parce qu’on sait que c’est vrai.
Vous le savez bien, la vérité s’impose d’elle-même, sans violence ni contrainte, mais sans qu’on puisse l’empêcher de s’insinuer, de nous reprocher de ne pas l’accueillir, de nous rappeler qu’en réalité il n’y a pas d’alternative crédible, de sorte qu’on est sans excuse à ne pas vouloir l’accueillir.
Écoutez ce qu’écrivait le concile Vatican II sur la liberté religieuse :
« Tous les hommes, d’autre part, sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église ; et, quand ils l’ont connue, de l’embrasser et de lui être fidèles » (Vatican II, D.H., 1)..
Dans ces conditions, lorsqu’on refuse d’accueillir la parole de quelqu’un, tout en sachant que ce qu’il dit est vrai, on est obligé de le supprimer.
D’où ces deux avertissements.
Premièrement. On ne pourra pas éternellement tricher et faire semblant de ne pas savoir. Il faudra bien, un jour ou l’autre, prendre parti. Soyons plus précis. Ne pas choisir la vérité envers et contre tout, toujours et sans condition… c’est la rejeter. Prenez Pilate, par exemple. Lorsque le Christ lui a révélé être venu rendre témoignage à la vérité, il s’est écrié : qu’est-ce que la vérité ! Eh bien, il l’a laissé mettre à mort. De même, Hérode écoutait volontiers Jean Baptiste, mais en restant perplexe, donc sans sortir de ses doutes. Eh bien, il a accepté de le faire décapiter…
Deuxièmement. Quoi qu’on puisse prétendre, c’est toujours librement qu’on s’ouvre ou qu’on se ferme à la vérité. Comme on peut le lire dans ces lignes du dialogue de sainte Catherine de Sienne :
« Arrivée à l’âge de discrétion, l’âme peut par le libre arbitre se décider pour le bien ou pour le mal, suivant qu’il plaît à sa volonté. Et si grande est la liberté de l’homme, si grande la force qu’il a reçue par la vertu de ce glorieux sang, que ni démon ni créature ne le peuvent contraindre au plus petit péché, à moins qu’il ne le veuille. Il a été arraché à la servitude, et la liberté lui a été rendue, pour gouverner sa sensualité propre et obtenir la fin pour laquelle il a été créé« . (c. 14)
Une chose est sûre, en tout cas, si on n’adhère pas au Christ comme on adhère à la Vérité, on ne le suivra pas jusque bout… Voilà pourquoi, nous dit l’évangile, le Christ qui sait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme, s’enfuit, parce qu’il ne peut faire confiance à cette foule qui, pourtant, veut en faire son Roi. Enfin… aujourd’hui !
Fr Benoît-Marie Simon op.
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