21 avril 2024 – 4e dimanche de Pâques, année B
Ac 4,8-12 ; Ps 117 (118) ; 1 Jn 3,1-2 ; Jn 10,11-18
Homélie du frère Arnaud Blunat
Pendant tout le temps pascal, nous affirmons que Jésus est ressuscité, il est toujours vivant, car il est la vie, la vie de Dieu. En lui nous reconnaissons vraiment le Fils de Dieu, le Messie, qui vient sauver les hommes et leur ouvrir le chemin de la vie éternelle. Il est le bon pasteur, le bon berger pour ceux qui accueillent sa parole et entendent sa voix.
Mais il est une pierre d’achoppement pour ceux qui refusent de croire, une pierre qui fait les faire trébucher ou qui peut les écraser. Nous avons entendu dans le psaume 117 : « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ». Or, cette image de la pierre d’angle est quelque peu mystérieuse. Jésus l’a reprise pour se désigner lui-même dans une parabole, la parabole des vignerons homicides, rapportée par l’évangile de S. Matthieu. Ces vignerons ont tué les serviteurs que le maître avait envoyés pour récolter le fruit de la vigne, mais ils ont aussi tué le propre fils du maître. Et Jésus de poursuivre : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ? » Et il conclut en disant : « Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. Et tout homme qui tombera sur cette pierre s’y brisera ; celui sur qui elle tombera, elle le réduira en poussière ! » (Mt 21,42-43)
Jésus fait clairement le lien entre les vignerons homicides et les chefs du peuple et les anciens. Qu’est-ce donc que refusent les chefs du peuple et les anciens ? Ils refusent le témoignage de Jésus, ils refusent qu’on dise que Jésus est le Fils de Dieu, qu’il était mort et qu’il est désormais ressuscité. Tout au long de l’évangile de S. Jean, Jésus s’affronte aux notables juifs. Il a beau leur dire de croire au moins aux signes qu’il accomplit, dans leur logique, Jésus ne peut être qu’un imposteur.
Le climat de tension et d’affrontement permanent qui entoure Jésus se retrouve encore aujourd’hui dans le monde qui nous entoure et nous éclaire sur un double aspect de notre vie chrétienne :
D’un côté, nous n’ignorons plus que notre foi chrétienne n’est plus partagée par la majorité de nos contemporains. Vous êtes nombreux à sentir autour de vous cette méfiance, cette incompréhension, même si, par ailleurs, vous pouvez aussi percevoir une forme d’intérêt chez certains, qui se posent des questions et cherchent à connaître le message de l’évangile.
Donc, notre foi chrétienne se vit dans un contexte quelque peu tendu, dans un climat étrange où se côtoient l’indifférence et le ressentiment, l’agacement et le refus de toute expression religieuse.
D’un autre côté, nous savons que Jésus est toujours avec nous. Il est pour nous ce bon pasteur, ce vrai berger qui a donné sa vie pour nous. Il ne nous abandonne pas, mais il est là avec nous, dans les épreuves, partageant nos souffrances, attentif à nos besoins. Il veut nous conduire vers son Père et nous donner part à son Royaume. Saint Jean nous dit qu’un jour, quand tout sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est ! (cf. 1 Jn 3,2)
Pour autant, nous savons aussi que l’Église qui est son corps, tout en étant une et sainte, parce qu’elle est animée par son Esprit, son souffle qui la fait vivre, est aussi composée d’hommes pécheurs. L’Église est confiée à des hommes qui peuvent suivre le bon pasteur mais qui peuvent aussi se comporter comme ces bergers mercenaires, ces mauvais bergers qui ne s’occupent pas des brebis mais ne servent que leur propre intérêt.
Cette description de ces bergers mercenaires est terrible car elle nous renvoie à une réalité que nous connaissons maintenant trop bien. La tentation de prendre la place du bon berger existe toujours chez ceux qui ont reçu une mission dans l’Église. L’abus de pouvoir spirituel peut prendre des formes diverses. A la base, quand l’orgueil prend le dessus, quand il manque l’humilité, on peut vraiment dire que le Christ n’est plus présent, il est rejeté, mis dehors.
Bref, nous voici une fois encore remis devant notre première responsabilité : reconnaître que par nous-même nous ne pouvons rien faire, et qu’il nous faut sans cesse nous convertir, c’est à dire nous tourner vers le Christ pour nous appuyer sur lui seul.
« Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes, sur les puissants », dit encore le psaume 117.
L’apôtre Pierre affirmait : « En nul autre que Jésus, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Ac 4,12)
Que le nom de Dieu ne soit jamais cause de chute ou de division.
Que le nom de Jésus nous rapproche toujours plus les uns des autres, dans l’unité et la charité.