Prédication du frère Jean-Marc Gayraud le 1er mai, fête de St Joseph artisan (sur Jn 6,52-59)
Le Christ a sanctifié la chair, entendons, cette condition humaine précaire, passagère, confinée dans son étroitesse et ses limites, blessée par le péché. C’est cette chair-là qui est devenue le réceptacle de la vie éternelle. Bien plus, c’est cette même chair qui est devenue nourriture de vie éternelle pour le monde. Le Verbe s’est fait chair, la chair s’est faite Verbe. C’est dans la chair que le Christ demeure en nous et nous en Lui. C’est par la chair que se communique à la chair cette vie nouvelle qu’est le Christ Lui-même.
Manquer à la chair, c’est manquer à la vie de Dieu. Nous frémissons à l’idée que nous pourrions sérieusement nous tromper là-dessus. Et en deux directions opposées bien connues : l’angélisme ou l’abêtissement, chaque direction ayant de surcroît sa version soft et hard.
Quelques balises sur le chemin de vérité de la chair nous sont d’autant plus nécessaires que la chair est capable de mentir et de se mentir à elle-même comme elle respire, comme elle se touche devrais-je dire. Je vous en propose trois :
- Aimer la chair. Aimer notre condition humaine concrète. Nous aimer les uns les autres dans la beauté et la pesanteur de cette chair, avec ses émotions, ses passions, sa multiplicité des caractères, ce qui plait comme ce qu’il faut supporter. Aimer la chair, oui, mais à une juste distance ou proximité. Afin qu’elle ne fasse point obstacle mais signe en direction du Verbe.
- Éprouver la chair. Ne pas être dupe du jeu ambigu et trouble qu’elle peut toujours jouer. Même si ce n’est pas très à la mode, ne pas hésiter à mortifier la chair pour vivifier le Verbe en elle. Confronter en particulier son comportement personnel à la sagesse d’un autre. La chair a un tel art de s’aveugler sur-elle-même que c’est presque une nécessité.
- Être humble dans la chair. La chair est faible et personne n’a jamais été sans faillir à son égard. Dieu seul est fort en sa faiblesse, souverain en sa fragilité, saint en sa pauvreté. Rien n’est plus préjudiciable à la chair que la présomption, la vanité, l’orgueil. Vivre de prière et de charité sont les chemins les plus assurés pour que la sublime vocation de la chair puisse s’accomplir : être la demeure de Dieu.
Bonjour Frère
Merci pour ce regard pénétrant,dense ,solide ,rigoureux mais qui m’a « savoureusement » , joyeusement et intensément interpellé
Très sincèrement et aussi simplement que je peux l’exprimer